Qu'est-ce qu'aimer ?
Extrait du document
«
Introduction :
Aimer, c'est éprouver de l'affection, de l'attachement pour quelqu'un.
C'est aussi prendre plaisir à quelque chose,
avoir du goût pour un aliment ou une activité.
Qu'il s'agisse de goût, d'amitié ou d'amour, l'action d'aimer relève du
sentiment et des passions.
Par conséquent, il semble que la raison soit bien en peine de contrôler et de définir le fait
« d'aimer ».
« L'amour n'a jamais connu de lois », chante Carmen dans le célèbre opéra de Bizet.
Si les causes de
l'amour sont toujours particulières, peut-être existe-t-il cependant des constantes, ou un processus général qui
conduit l'acte d'aimer.
1ère partie : aimer, c'est chercher à combler un manque.
-Aimer semble être inhérent à l'homme.
L'homme est nécessairement porté à aimer et/ou ne pas aimer les choses et
les êtres qui l'entourent.
L'homme ne se suffit pas à lui-même.
La psychanalyse de Freud établit que dès lors qu'il est sorti du ventre de sa mère, l'homme subit un manque qu'il
cherchera toute sa vie en vain à combler.
Il cherche alors à combler ce manque en portant son affection sur autrui.
Platon recourt à un mythe raconté par Aristophane dans le Banquet pour expliquer cette
sensation de manque qui conduit l'homme à rechercher éperdument sa « moitié » : à
l'origine, il y avait sur la terre des créatures sphériques qui avaient deux sexes et
roulaient dans une plénitude parfaite.
Puis les dieux scindèrent chaque sphère en deux
pour en faire des hommes et des femmes.
Depuis lors chaque individu cherche
désespérément sa moitié pour s'y associer à nouveau.
Aimer, c'est donc désirer avoir
plus que ce que l'on a, et être plus que ce que l'on est.
-Aimer, c'est rechercher quelque chose.
Pour Aristote, il y a trois motifs qui nous portent
à aimer : aimer pour le fait d'aimer lui-même (c'est la manière d'aimer par excellence, et
la plus vertueuse), aimer pour rechercher le(s) plaisir(s), et aimer par intérêt (pour tirer
profit de la personne aimée).
La plupart du temps, il semble donc que l'amour soit motivé,
c'est-à-dire qu'il se justifie par une cause.
Dans cette acception, aimer est un moyen
dirigé vers une fin, et rarement une fin en soi.
2ème partie : aimer est plus qu'un besoin, c'est un désir.
-Alors que le besoin me maintient dans un cycle de consommation, le désir m'introduit à la dialectique de la
reconnaissance.
Pour Hegel, désirer l'autre, c'est désirer être reconnu par l'autre, c'est se ressaisir soi-même dans
son rapport à une autre conscience de soi.
Etre aimer, c'est alors se sentir exister pour quelqu'un, c'est avoir
conscience de soi à travers l'amour que nous porte l'autre.
Lorsqu'on aime, on désire l'autre pour qu'il nous
reconnaisse, et ce n'est qu'alors qu'on est sûr d'exister, car on a besoin de la médiation par l'autre.
(« Je suis
l'otage d'autrui », affirme Paul Ricœur »).
-Aimer, c'est donc demander, c'est un « désir de désir », un désir d'exister et d'être reconnu.
Nous sommes
dépendants d'une altérité dans l'acte d'aimer
3ème : aimer, c'est donner.
-Aimer, c'est vouloir le bien d'autrui, c'est être prêt à tout pour la personne aimée (jusqu'à donner sa vie), d'une
manière désintéressée.
Aimer serait alors un élan de charité, un acte gratuit sans causes.
Aimer vraiment pour Aristote c'est ne vouloir que le bien d'autrui, sans y chercher aucun intérêt pour soi-même.
Il
faut d'abord s'aimer soi-même pour ensuite aimer autrui comme soi-même.
« Aimer, c'est presque agir et produire ; être aimé ce n'est que souffrir et
rester passif » (Aristote, Ethique à Nicomaque, livre IX, chap.
VII).
Aimer
relève donc de l'action et peut être lié à un certain savoir.
En effet, pour
Platon, l'amour se porte d'abord sur la beauté du corps, puis sur la beauté de
l'âme, de sorte que l'on est porté du sensible vers l'intelligible.
Aimer donnerait
donc accès à une certaine connaissance.
On constate effectivement que le sentiment amoureux élargit notre champ de
perception : on voit plus de chose chez la personne aimée que ce que
peuvent en voir les autres.
Il y a une puissance de dévoilement dans l'acte
d'aimer qui fait que celui qui aime voit plus que celui qui n'aime pas.
Le regard
amoureux est une perception différente.
Aimer, ce serait alors aller au-delà de
la perception immédiate, avoir une intuition de l'essence individuelle de la
personne.
Il y aurait une « clairvoyance de l'amour »…
Conclusion :
« Il dit qu'il l'aime.
Elle dit qu'elle l'aime.
Mais l'amour, nul ne l'a vu », s'amuse à
raconter St-Exupéry.
L'amour se ressent, mais est bien difficile à définir.
Et
pourtant, aimer est un mouvement qui anime toute personne.
En effet, les
hommes ressentent tous un manque qu'ils cherchent à combler par l'amour, en
portant leur affection sur autrui, car l'homme ne peut vivre seul.
De plus,
l'homme est un être de désir, qui cherche à être aimé pour se sentir exister et reconnu.
Aimer est donc une
nécessité, un besoin, et un désir inhérent à l'homme.
Enfin, aimer, c'est se donner tout entier, et espérer atteindre
le bien et devenir meilleur..
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