Quelle est la valeur d'un exemple?
Extrait du document
«
Introduction
L'exemple n'est jamais qu'un cas particulier, l'exemplaire singulier d'une classe plus globale.
Étant donné cette
qualité, quelle peut-être sa valeur ? Ce qui ne vaut que pour un seul ne vaut rien, serait-on tenté de dire.
Pourtant,
dans notre expérience quotidienne, nous nous appuyons sur des exemples pour régler notre conduite.
Nous utilisons
le parcours des autres ou leurs diverses démarches comme si elles pouvaient nous aider à prendre nos propres
décisions.
Depuis l'écolier qui fait son exercice en essayant de reproduire l'exemple qu'on lui a fournit avec la
consigne, jusqu'à l'adulte qui en remplissant sa déclaration d'impôt consulte les divers exemples de saisis, nous nous
servons tous d'exemples pour appliquer au mieux une règle, mais aussi pour expliciter notre pensée et pour
accréditer une thèse dans le cadre d'un discours argumentatif.
Pourtant, quelle que soit la place que l'on accorde
aux exemples, cela ne garantit en rien leur valeur.
L'exemple reste un cas particulier, qui est choisis à titre
d'exemple soit par sa nature exceptionnelle, soit par sa nature conventionnelle.
Quelle valeur peut-il avoir ? Peut-il
nous aider à penser les règles générales ? Peut-il nous permettre de les élaborer ou de les réfuter, malgré son
caractère particulier ? Que vaut un exemple au regard d'une règle générale ?
I.
L'exemple a un usage argumentatif
A.
Kant, dans La Critique de la raison pure distingue la clarté
discursive, ou logique, qui résulte des concepts qui sont employés,
et la clarté intuitive, qui résulte des intuitions, c'est-à-dire « des
exemples et autres éclaircissement in concreto ».
Les exemples
participent donc à l'exigence de clarté d'un discours.
Pourtant,
dans le même texte, Kant explique que, bien que le lecteur soit en
droit d'attendre ces deux types de clarté, la clarté intuitive des
exemples est moins essentielle que la clarté discursive des
concepts.
Le texte peut se passer d'exemples, mais non de
concepts.
C'est pourquoi il explique qu'il a dû limiter les exemples
en raison de la longueur de son travail écrit.
L'exemple a donc une
valeur illustrative qui facilite la compréhension, pour autant, sa
valeur est moindre que celle des concepts ou arguments qu'il vient
illustrer.
Il n'a pas de sens sans eux, mais ils ont un sens sans lui.
On peut déjà supposer qu'en aidant à la compréhension, un
exemple aidera aussi à convaincre le lecteur ou l'auditeur.
B.
D'où la nécessité de choisir des exemples qui soient très simples
et paradigmatiques, soit au contraire exceptionnels.
Les exemples
très simples et paradigmatiques servent à expliciter son propos,
tandis que les exemples qui ont un caractère exceptionnel servent
également d'argument.
Par exemple, le philosophe Michel Foucault a fait des analyses du pouvoir politique
dans lesquelles il démontrait qu'au XIX et XXème siècle, le pouvoir était devenu un biopouvoir, qui avait pour
but de contrôler, surveiller et maintenir la vie de la population, puisque celle-ci est une force de travaille qu'il
faut conserver.
Or, le cas du régime nazi semble être un contre-exemple de sa thèse, puisque le nazisme a
fini par tuer sa propre population en envoyant les juifs et les opposants politique dans des camps.
Mais
Foucault choisit justement d'analyser cet exemple qui semble être un cas tout à fait exceptionnel et un
contre exemple de sa thèse, afin de montrer que dans le régime nazi, c'est le racisme qui conduit à
l'épuration des juifs : c'est justement pour que la race prétendue pure vive qu'il faut que la race prétendue
impure périsse.
Un contre-exemple se transforme donc en argument puissant lorsqu'on arrive, à partir de ce
cas limite, à confirmer la thèse au lieu de l'invalider.
C.
Mais on voit qu'alors, l'exemple n'est plus simplement quelque chose en marge de l'argumentation, en
marge de la pensée conceptuelle, qui viendrait se surajouter à elle pour l'illustrer et la rendre plus
compréhensible.
Il y a une véritable fusion de la pensée conceptuelle et de l'exemple.
C'est donc à partir
d'exemple, de cas concrets, exceptionnels, que l'on parvient à réfléchir et à mener une analyse abstraite.
La
valeur de l'exemple n'est donc pas simplement illustrative, puisque celui-ci est le véritable matériau à partir
duquel on pense et élabore une réflexion.
Transition : l'exemple peut-il servir de matériau à la réflexion ? Peut-on vraiment dégager une pensée générale et
abstraite à partir d'exemples particuliers ?
II.
Mais l'exemple a-t-il une quelconque valeur dans la poursuite d'une vérité universelle et
nécessaire ?.
»
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