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Quel rôle l'expérimentation joue-t-elle dans les sciences ?

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« Alors que l'expérience sensible nous est donnée immédiatement, l'expérimentation, elle, est construite.

Elle suppose au préalable un travail théorique de l'entendement : elle n'a en science qu'une fonction de confirmation ou d'infirmation d'hypothèses théoriques qui ne sont pas, quant à elles, tirées directement de l'expérience (Bachelard). On pourrait alors soutenir, avec Karl Popper, que les sciences expérimentales ne reçoivent qu'un enseignement négatif de l'expérience : l'expérimentation est incapable de prouver qu'une théorie est vraie, elle pourra seulement montrer qu'elle n'est pas fausse, c'est-à-dire qu'on ne lui a pas encore trouvé d'exception.

En d'autres termes, l'expérience a en science un rôle réfutateur de la théorie, qui n'est jamais entièrement vérifiable : c'est la thèse de la « falsifiabilité » des théories scientifiques. Introduction : • Bien définir les termes du sujet : - La « science » : toute connaissance rationnelle obtenue soit par démonstration, soit par observation et vérification expérimentale.

Elle comprend toutes les sciences positives (mathématiques, physique, biologie) - « Point de départ » : il s'agit ici du fondement, de la base, de l'origine au sens chronologique.

C'est non seulement ce sur quoi se construit la science, mais aussi ce par quoi elle commence. - « Expérience » : il s'agit ici du réel en tant que tel, comme impression sensible, et non pas de l'expérience en son sens scientifique, puisque cela supposerait que l'on possède déjà une théorie scientifique (que l'on cherche à prouver) avant même l'élaboration d'une science. • C onstruction de la problématique. La science et l'expérience sont deux choses de nature complètement différente.

Autant l'une est abstraite et générale, autant l'autre est singulière et particulière.

Il semble étrange de ce fait, de faire découler l'une de l'autre, ou de la placer à son fondement. • Est-ce que cela signifie que la science n'est qu'une généralisation et une abstraction de l'expérience ? A utrement dit, il s'agit de voir comment il est possible, et dans quelle mesure l'expérience peut fonder la science. Plan : I/ L'expérience est la seule véritable source de la science : Il est possible de considérer avec les empiristes, notamment Hume, que toute connaissance humaine dérive, directement ou indirectement de l'expérience sensible, qu'elle soit interne (les sentiments et sensations) ou externe (la vision du monde réel). • Dans l'Enquête dur l'entendement humain, Hume met au premier plan cette expérience sensible.

Selon lui, les théories scientifiques naissent de l'observation de la nature, et du sentiment de connexion coutumière entre deux événements.

à La nature est un ensemble de phénomènes qui se produisent les uns après les autres, sans liens réels entre eux.

Cependant, lorsque nous les observons, nous éprouvons le sentiment qu'il existe entre certains événements des connexions particulières. • C 'est donc l'habitude que nous avons de voir deux phénomènes particuliers ensemble qui fait que nous les assemblons par le lien de causalité.

Ceci sans compter que nous généralisons, et que nous supposons que le futur sera conforme au passé.

L'habitude permet ainsi de passer de la conjonction à la connexion nécessaire, et donc à l'établissement de lois scientifiques. • L'expérience est la base de toute science, elle en dérive, puisque c'est seulement à partir de l'observation du monde extérieur et des sentiments (celui de connexion coutumière) que l'on parvient à la régularité propre à la science.

Les lois viennent de l'observation de la régularité dans l'expérience, de l'accoutumance. Une autre solution consiste à affirmer que toutes les connaissances de l'homme, y compris les principes de la raison dérivent de l'expérience. C'est ainsi que pour Locke, il n'existe ni connaissance ni principe inné.

Dans « Essai sur l'entendement humain », critiquant l'innéisme de Descartes, Locke avance la thèse de la « table rase » : l'esprit de l'être humain, avant toute expérience et éducation (celui du nouveau-né par exemple), est comme une tablette de cire, vierge de toute écriture.

Nos idées simples viennent de la sensation et de la réflexion.

Les idées complexes et en particulier les catégories de substance, de mode et de relation sont le produit de la combinaison des idées simples.

Pour Hume aussi les principes de la raison ne sont pas innés mais acquis par l'expérience. Comme philosophie générale, l'empirisme affirme avec Locke que nos idées ne sont pas, comme le pensait Descartes, innées, mais qu'elles proviennent de l'expérience.

On peut décomposer la philosophie empiriste de la connaissance en trois moments. 1. L'origine des idées.

L'esprit, dit Locke, est d'abord une page blanche, une « table rase » (tabula rasa).

« Comment vient-il à recevoir des idées ? Par quels moyens en acquiert-il cette prodigieuse quantité que l'imagination de l'homme, toujours agissante et sans borne, lui présente avec une variété presque infinie ? D'où puise-t-il tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? A cela je réponds d'un mot : de l'expérience.

C 'est le fondement de toutes nos connaissances, c'est de là qu'elles tirent leur première origine .

» (« Essais sur l'entendement humain »).

L'expérience est donc d'abord pour l'empirisme une réponse à la question de l'origine des idées.

A insi, un certain nombre d'idées naissent dans l'âme des « observations que nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles » (idem).

C'est le cas d'idées comme « dur », « mou », « blanc », « jaune »… Locke les appelle des « idées de sensations » : nous nous les représentons que parce que nous avons eu l'expérience sensible du mou, du blanc, du jaune….

Pour un empiriste, un aveugle de naissance ne saurait avoir aucune idée des couleurs.

Les autres idées viennent non de l'expérience externe, mais de l'expérience interne ; cad des observations que nous faisons sur « les opérations intérieures de notre âme ».

Telles sont les idées de « joie », de « peine », de « plaisir », de « douleur »… Ce sont des idées de réflexions.

Dans les deux cas, les idées sont, comme dit Hume, des « copies » des impressions sensibles. 2. La composition des idées.

En faisant naître les idées de l'expérience sensible, comment pourrions-nous rendre compte de l'infinité des idées que l'esprit peut concevoir, alors que est toujours limitée ? Je peux me représenter une montagne d'or, ou un centaure : comment est-ce possible ? La réponse est : grâce à la possibilité de combiner ou d'associer les idées, que Locke comme Hume attribut à l'imagination.

L'empirisme distingue entre les « idées simples », cad inanalysables en éléments et immédiatement dérivées d'expériences sensibles élémentaires (telles les idées de « rouge », « chaud »…) et les « idées composées », qui, elles, sot des résultats d'une combinaisons d'idées simples. 3. La signification des mots.

L'expérience comme contrôle.

L'expérience n'est pas seulement une origine ; elle est aussi ce à quoi il faut retourner pour éprouver la valeur de nos pensées ou plus exactement de notre langage.

Les mots dépendent des données sensibles particulières, aussi généraux et abstraits soient-ils.

De quoi suffit-il donc pour savoir si un mot possède un contenu réel de signification ou si ce n'est qu'un mot creux ? Il suffit que le mot représente effectivement une idée.

Pour établir la signification d'un mot, il suffit de rechercher de quelle(s) impression(s) sensible(s) dérive l'idée dont il est supposé être le signe. L'expérience est bien alors, non seulement un point de départ, mais aussi un point d'arrivée, de retour.

Ainsi l'empirisme ne fait-il pas seulement de l'expérience l'origine de notre connaissance, mais aussi ce qui la justifie.

En ce sens, il ne répond pas seulement à la question de fait que demeure la question de l'origine ; mais il pose dans toute son ampleur la question de droit.. »

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