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Quel est le type de société que la technique moderne peut favoriser ?

Extrait du document

« La technique est à double tranchant à la fois libératrice de l'homme et aliénante, celle-ci peut préparer des sociétés à la fois libérées sous certains aspects et esclave de l'autre.

La technique crée une dépendance, l'homme d'aujourd'hui ne conçoit plus de vivre sans technique.

Comme toute dépendance, elle peut être un facteur de malheur et de conflits.

Des pays dont l'économie repose sur le pétrole sont prêts à tout pour s'en approprier.

De même un monde dominé par la technique peut être un mondé pollué où la part de la nature et de l'environnement est considérablement réduite.

Il est donc difficile de donner un visage unique à ces sociétés dominées par la technique car il appartient encore à nous de changer la donne. 1) Une société plus heureuse ? De toute manière, il est certain que l'écriture est l'une des techniques qui ont le plus contribué à donner une importance accrue à certains facteurs culturels et à favoriser l'intensification des fonctions intellectuelles.

L'histoire de l'alphabet elle-même montre que l'homme a progressé dans l'élaboration de moyens de communication, le plus simple possible.

De même Condorcet pense que c'est à l'imprimerie qu'il faut attribuer les progrès de notre société, pour avoir « répandu une lumière indépendante et pure », le recul décisif des superstitions et des préjugés désormais soumis à l'examen critique de la raison qui génère toutes les sciences, – mathématiques, astronomiques et naturelles aussi bien qu'économiques, juridiques et morales.

Sur l'héritage que laissent Bacon, Galilée et Descartes, s'ouvre l'avant-dernière période dédiée à la recherche de la nature de la vérité et des droits naturels de l'individu, et qui est marquée par l'influence des Lumières dont la Révolution française couronna en politique les idées de liberté de penser, de tolérance, de justice et de perfectibilité indéfinie.

Le progrès de l'humanité n'est garanti que par l'inépuisable travail des scientifiques, la connaissance mathématique et des sciences de la nature ne connaîtront pas d'achèvement.

Le progrès n'est de l'ordre de l'accumulation, c'est véritablement l'esprit humain qui progresse.

Du progrès technique découlera le progrès moral.

Au centre du progrès humain se trouve une technique : l'imprimerie dont presque tout a découlé.

Par là, le développement technique a apporté du progrès à l'homme.

Le progrès technique a engendré un progrès moral, ici par exemple avec la diffusion des connaissances.

Mais le virage qu'ont pris les techniques modernes de communication a parfois compliqué la vie outre mesure.

Désormais, la vie n'est-elle pas moins simple qu'auparavant, ne faut-il pas être quasiment un technicien pour se servir des appareils ménagers, hi-fi, des micro-ordinateurs ? L'homme a bien réussi à survivre sans tous ces appareillages, désormais il ne peut vivre sans. 2) Une société aliénée ? Les techniques modernes ont facilité la vie des hommes sur certains aspects.

Le travail est devenu moins pénible, l'homme dépend moins immédiatement d'un travail obligatoire pour sa survie.

Mais d'autres types d'aliénation sont apparus, plus insidieuses.

L'aliénation n'est plus réductible aux structures économiques ; plus profondément, elle porte sur le langage, sur la communication interhumaine. L'homme est asservi à ses outils de communication : Internet, téléphonie mobile.

Il doit reformater son discours pour l'adapter à l'objet de communication, et il ne peut plus procéder autrement.

Par la technique de communication, l'homme est provoqué à découvrir et créer plus radicalement son existence sociale.

De plus, la valeur de l'espace et du temps ont changé quand la commande à distance annule l'éloignement et quand l'origine et l'ultime sont l'un dans l'autre.

Cela ne va pas évidemment sans que l'homme soit modifié.

La technique informationnelle qui implique communications, échanges et langage, manifeste encore plus clairement que tout autre technique combien ce phénomène est lié à l'existence sociale et à la pensée.

Mais la pensée n'est « humaine » que si elle est créatrice et non pas asservie ou répétitive, que si elle est poétique L'homme ne vit pas seulement de pain, une société technocratique peut devenir étouffante.

La technique moderne peut paralyser la créativité de l'homme, égaliser toute communication, détruire toute volonté de s'émanciper des techniques confortables qui nous sont données.

Les techniques peuvent déboucher sur des sociétés aseptisées et amorphes, inhumaines comme elles sont souvent présentées dans la science-fiction. 3) L'avenir de nos sociétés dominées par la technique dépend de nous. Selon Hans Jonas dans le Principe de responsabilité, la technique a transformé en profondeur l'essence de l'agir humain.

La technique a considérablement augmentée la portée de l'agir humain.

La portée causale déborde tout ce que l'on a connu autrefois.

La promesse technique s'est transformée en menace, ce que l'homme pourra faire à l'avenir n'a pas d'équivalence par le passé.

Elle a fait apparaître de nouveaux devoirs.

L'éthique antique est inopérante à l'heure de la technique.

Aujourd'hui, les conséquences de certains actes ne seront visibles que dans quelques centaines d'années.

L'exemple de la pollution, de la surexploitation des ressources forestières, des pêches abusives, de la disparition des déchets nucléaires) .Aussi tous nos pronostics à long terme sont incertains.

Le principe responsabilité voudra donc que l'on favorise les hypothèses pessimistes au profit des hypothèses optimistes.

Le mal est toujours certain.

Le principe responsabilité dit « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatible avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre.

» Il s'agit d'un droit à l'existence d'une vie pas encore actuelle.

Ce principe est programmatique, il vise quelque chose qui ne s'est pas encore produit.

L'homme s'est vu remettre une essence, il en est responsable.

Il faut donc une prescience, une anticipation.

Il faut une métaphysique que n'a pas encore la science.

Le principe responsabilité pressent l'impossible, il veut le limiter.

Il doit aller au devant des abus.

Tous les possibles demeurent une fois que l'action s'est produite.

Il faut que les conséquences des actions soient voulues.

Il faut pour cela que des principes soient voulus pour que les conséquences soient voulues.

Il faut donner à l'agir humain une dimension de volonté et qu'elle soit au principe de ses réalisations.

Car la réalité humaine correspond à quelque chose de non- voulu.

L'agir a pris des dimensions cosmologique.

La menace des civilisations technologiques repose sur l'idée que la technologie domine aussi l'homme comme elle domine la nature.

C'est l'étant dans sa totalité qui est menacé.

Les sociétés modernes où la technique est omniprésente doivent pour continuer d'exister se protéger contre sa propre disparition en préservant ce qu'il y a de plus fondamentale sans quoi rien d'autre ne puisse exister.

Notre avenir dépend de notre attention, cette responsabilité qui doit être prise est ce sans quoi rien ne peut exister, c'est le socle de toute avenir de la civilisation. Conclusion. Il est évident que nos sociétés ressembleront à ce que nous en faisons.

Il ne convient pas de dire que ces sociétés seront forcément heureuse ou forcément aliénées, atones et amorphes.

Il ne faut pas simplement constaté des signes prémonitoires du paradis ou de la catastrophe et ne rien faire, mais comprendre que c'est à nous de construire l'avenir et de faire en sorte qu'un avenir soit tout simplement possible sur Terre.. »

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