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Baudelaire est souvent considéré comme le poète à partir duquel la poésie s'est engagée sur de nouvelles voies. Essayez de définit sur le plan technique l'apport de Baudelaire à la poésie moderne ?

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INTRODUCTION Dans la poésie française, l'oeuvre de Baudelaire semble constituer une sorte de charnière. Avant la publication des Fleurs du Mal, la poésie était le domaine de la pensée claire exprimée sous une forme transparente. De Ronsard à Lamartine, le genre répond à des définitions rigoureuses, se prête à la classification ; le rythme va du même pas dans un sonnet de Du Bellay et dans un poème de Leconte de Lisle. Mais Baudelaire ne marque-t-il pas une rupture avec un passé auquel il participe encore? Par bien des aspects, il utilise le même procédé que ses devanciers, mais il est le premier en date de ceux qui touchent la sensibilité moderne, grâce à des découvertes dont s'inspireront ses successeurs. I. UNE POÉSIE TRADITIONNELLE Les ennemis eux-mêmes de la poésie moderne consentent à goûter l'oeuvre de Baudelaire. Ceci ne saurait tromper : leur admiration classe le poète, quant à la forme, dans la ligne traditionnelle des techniciens du vers. Le choix du vocabulaire, le mouvement des phrases, la versification ne comportent guère d'innovations.

« INTRODUCTION Dans la poésie française, l'oeuvre de Baudelaire semble constituer une sorte de charnière.

Avant la publication des Fleurs du Mal, la poésie était le domaine de la pensée claire exprimée sous une forme transparente.

De Ronsard à Lamartine, le genre répond à des définitions rigoureuses, se prête à la classification ; le rythme va du même pas dans un sonnet de Du Bellay et dans un poème de Leconte de Lisle.

Mais Baudelaire ne marque-t-il pas une rupture avec un passé auquel il participe encore? Par bien des aspects, il utilise le même procédé que ses devanciers, mais il est le premier en date de ceux qui touchent la sensibilité moderne, grâce à des découvertes dont s'inspireront ses successeurs. I.

UNE POÉSIE TRADITIONNELLE Les ennemis eux-mêmes de la poésie moderne consentent à goûter l'oeuvre de Baudelaire.

Ceci ne saurait tromper : leur admiration classe le poète, quant à la forme, dans la ligne traditionnelle des techniciens du vers.

Le choix du vocabulaire, le mouvement des phrases, la versification ne comportent guère d'innovations. Le vocabulaire Les surréalistes s'indignaient que durant tant de siècles la poésie n'eût été qu'une prose rythmée : de fait, Baudelaire ne semble pas avoir évité ce défaut, et de nombreux vers nous paraissent aujourd'hui particulièrement plats, tels ceux-ci extraits de La Pipe : « Je suis la pipe d'un auteur ; On voit, à contempler ma mine... Que mon maître est un grand fumeur.

» Les mots, lorsqu'ils sont choisis plus sévèrement, appartiennent souvent à une langue noble, conventionnelle, où les adjectifs accompagnent les noms aussi fatalement que dans les plus mauvais poèmes de Leconte de Lisle.

C'est ainsi que dans la pièce dédiée « à une dame créole » les clichés se multiplient sous la plume de Baudelaire : « pays parfumé », « arbres tout empourprés », « charmes ignorés », « verte Loire », « ombreuses retraites ».

Dans l'un des meilleurs sonnets, Recueillement, nous trouvons les alliances de mots les plus connues de la poésie moralisatrice : « le jouet du plaisir », « la fête servile ».

Les périphrases dont les Romantiques n'avaient pas su se dépouiller totalement se rencontrent ici, même dans des textes aussi fréquemment cités que l'Albatros : « les gouffres amers », « ces rois de l'Azur », « le prince des nuées », « le voyageur ailé ».

Delille ou J.-B.

Rousseau n'auraient pas trouvé mieux. Le mouvement des phrases Du moins ce vocabulaire banal pourrait-il acquérir dans le bouleversement des structures traditionnelles de la phrase une force nouvelle.

Souvent, il n'en est rien, et l'exemple de l'Albatros nous rend sensible, jusque dans son thème, la soumission de Baudelaire aux poncifs romantiques.

L'image banale du poète isolé, incompris de ses semblables, est évoquée en un style pompeux où abondent les procédés de la rhétorique : le tableau est soigneusement brossé en trois strophes, le symbole est consciencieusement expliqué et développé dans la quatrième.

Le poème Spleen lui-même, qui contient quelques-unes des images les plus neuves des Fleurs du Mal, est composé dans sa première partie selon la technique oratoire chère à Victor Hugo : chaque strophe commence par un « quand » suivi de l'énoncé des circonstances ; le procédé est évident, surtout lorsque s'y ajoute l'usage de l'allégorie, si brillamment utilisée dans l'Horloge. « Douleurs, Plaisir, Maintenant, Autrefois, Temps » pour chaque mot la personnification paraît plus conventionnelle encore que dans le Roman de la Rose. La versification La technique même du vers ne marque guère d'innovations hardies chez Baudelaire, et ne préfigure en aucune façon l'affranchissement de la poésie moderne.

Il utilise le sonnet, et n'en assouplit qu'à peine les règles traditionnelles.

Il supprime les césures, comme dans ce vers du Beau Navire : « Tes nobles jambes sous les volants qu'elles chassent.

» Mais ces libertés sont rares, et nous ne trouvons rien là que les poètes romantiques n'aient pratiqué : l'alexandrin, intérieurement libéré, reste un bloc intangible dans Les Fleurs du Mal.

Au terme de cette étude, nous pourrions nous étonner que Baudelaire ait encore un tel prestige aux yeux des lecteurs modernes, malgré un si lourd héritage de traditions caduques. II.

BAUDELAIRE NOVATEUR Ses successeurs, il est vrai, ne s'y sont pas trompés : ils ont trouvé en lui un souffle nouveau, s'exprimant à la fois dans l'exposé de conceptions esthétiques originales et dans des réalisations qui constituent d'incontestables réussites. Le sonnet des Correspondances marque le début d'une ère poétique nouvelle.

Sans doute les écrivains avaient-ils avant Baudelaire utilisé d'instinct les découvertes dont il s'est fait le théoricien.

Mais dans Les Fleurs du Mal, la recherche devient plus consciente et se réfère à une véritable explication philosophique du Monde.

La synesthésie est valorisée et devient un mode de connaissance plus exhaustive de la nature : sous la diversité de l'existence se dissimule une profonde et secrète unité, celle de l'être.

Elle nous est suggérée par de « confuses paroles », « longs échos qui de loin se confondent », et le poète a pour mission de traduire ces « correspondances » entre les. »

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