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Quel est le rôle du corps dans les passions ?

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« Définition des termes du sujet: CORPS: Composante matérielle d'un être animé, en particulier chez l'homme. Extériorité opposée à l'intériorité de la conscience; le corps est ce qui tombe sous ma perception; parmi les corps, il y en a un avec lequel mon esprit a un rapport particulier, c'est mon corps, il y en a d'autres qui sont organisés de telle façon que j'en puisse déduire l'existence en eux d'un âme; l'homme est une substance composée d'un corps et d'une âme. Introduction Qu'est-ce qui en nous souffre, subit, devient dépendant, reste libre ? La question des passions pose le problème de leur rapport au corps.

Comment caractériser cette inscription problématique ? Jusqu'où va-t-elle ? Quel est le rôle du corps dans les passions ? A supposer que le corps ait un rôle.

En effet, non seulement, l'origine ou la cause physique des passions ne va pas de soi, mais le terme même de rôle est à interroger.

Faut-il lire dans le rôle la perspective d'une fonction, d'un intermédiaire, d'un moyen, d'une finalité ? A supposer maintenant que le rôle soit actif, comment caractériser cette action du corps dans des passions qui, de prime abord, soumettent et contraignent le corps ? A supposer radicalement que nous soyons corps, comment alors conjuguer l'être corps et l'être passionné ? Si le corps semble avoir un rôle fondamental dans la genèse des passions, il paraît nécessaire d'interroger le risque qu'il y a de réduire le fondement des passions au corps.

Comment analyser alors le rôle du corps dans une passion qui se constituerait dans un double dépassement d'une perspective physiologique et d'une perspective intentionnelle ? 1.

Le corps a un rôle fondamental dans la genèse des passions A.

Pour une certaine tradition, les passions prennent naissance dans un état du corps La force des passions viendrait-elle du rapport qu'elles entretiennent avec le corps ? Montaigne considérait que nos passions étaient « invétérées », parce que « plantées en nos entrailles ».

Cette conception n'est pas sans rappeler celle des médecins de l'Antiquité, qui ont cherché la cause des passions dans le frénès, le centre frénique, un plexus de rameaux nerveux s'étendant dans tout le système intestinal.

La passion considérée comme frénésie et comme perturbation témoigne alors du rôle du corps sur l'âme.

Dans le Phédon, Platon montre que les passions individuelles, source d'injustice, viennent d'un désordre de l'âme, désordre qui consiste en une supériorité illégitime, contrenature, du corps sur l'âme.

Comment alors s'explicite le rapport entre le corps et les passions pour Platon ? L'âme a trois fonctions : la fonction désirante (epithumia), qui renvoie à l'ensemble des désirs éveillés par les appétits corporels ; une deuxième fonction, la raison ; et entre la raison et les appétits, le thumos, qui est en quelque sorte le siège d'une ardeur pouvant se traduire en colère ou en courage.

Le thumos s'enracine dans le corps, comme en témoignent les manifestations corporelles et physiques de la colère et du courage.

Si l'ordre naturel de l'âme consiste en ce que la raison domine les deux autres éléments, si le thumos naturellement orienté vers le bien se laisse diriger, il en est autrement pour les appétits corporels, en ce que le corps tend de lui-même à l'excès et à la démesure.

Le rôle même du corps dans la genèse des passions va alors de pair avec la caractérisation de ses passions : non seulement, le corps engendre les passions mais il leur donne leur caractéristique spécifique. L'évolution du thumos renvoie d'ailleurs à un rôle complexe du corps.

Le corps a un rôle actif dans la genèse de la colère, mais il peut aussi fortifier le thumos, quand on cherche à cultiver le courage.

Même si le rapport du thumos au corps n'est pas complètement éclairci dans le texte de Platon, c'est au nom d'une distinction corps / âme, notamment présente dans le Phédon, et au nom d'une âme contemplant par la pensée pure les idées du Beau, du Vrai et du Juste, que le corps seul peut être responsable des injustices de l'âme.

Si nous rencontrons la question du corps dès lors que nous nous demandons pourquoi nous sommes parfois passionnés et injustes, il pourrait alors être pertinent d'interroger le rôle du corps et ses modalités d'implication dans la naissance des passions. B.

Les réactions du corps occasionnent l'affect passionnel Quelle conscience avons-nous d'une passion naissante, et quelle est la place du corps dans ce processus ? Pour William James, les modifications organiques liées aux émotions suivent immédiatement la perception, et c'est la conscience que nous avons de ces modifications qui constitue l'émotion comme fait psychique.

Dans la genèse de la passion, on pourrait penser au rôle constitutif de la conscience.

A un ordre jugement — affect — comportement, William James substitue l'ordre réactions organiques — affects, ainsi qu'il le montre dans un extrait de son Précis de psychologie : « [...] d'après le sens commun nous perdons notre fortune, nous sommes affligés et nous pleurons ; nous rencontrons un ours, nous avons peur et nous fuyons ; on nous insulte, nous nous fâchons et nous frappons. Je prétends que l'ordre est inexact, que le fait de conscience représentatif n'est pas immédiatement suivi du fait de conscience affectif, que les manifestations corporelles s'interposent entre eux, que donc nous sommes affligés parce que nous pleurons, fâchés parce que nous frappons, effrayés parce que nous tremblons.

» Le cerveau, qui analyse les modifications corporelles, les renvoie à une émotion, le cas échéant à une passion spécifique.

Comment ne pas penser à cette tirade de Phèdre : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; / Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; / Je sentis tout mon corps et transir et brûler » ? Une émotion humaine sans rapport avec le corps humain est pour William James un pur non-être.

Plus je scrute mes états intérieurs, explique-t-il, plus je me convaincs que les modifications organiques, dont on veut faire les simples conséquences et l'expression de nos affections et passions fortes, en sont au contraire le tissu profond et l'essence réelle.

L'enjeu des travaux de William James dans la genèse des passions et plus précisément en ce qui concerne le rôle du corps est fondamental : il s'agit de repenser le statut même de la passion.

Il ne s'agit plus de l'analyser sous l'angle d'une science de l'âme, mais de considérer l'émotion propre à la passion comme un objet scientifique.

On peut. »

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