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Que peux-t-on savoir du moi ?

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« Au sens courant, le moi désigne ce que je suis, ce à quoi j'ai accès par une conscience réflexive.

Il semble alors que le moi doive être un objet de connaissance privilégié, auquel nous aurions un accès direct et complet. Interroger ce que l'on peut savoir du moi amène à se demander à la fois ce qu'est le moi et comment nous pouvons obtenir une telle connaissance.

Or, si le moi est ce que nous sommes, il doit être ce qui assure notre permanence, notre identité et notre unité dans le temps, et doit donc être la substance, le substrat de nos différents états successifs et multiples.

En ce sens, le moi ne se confond pas avec les états psychologiques qui nous constituent à un moment donné.

Quel type de connaissance de nous-mêmes la conscience peut-elle alors nous apporter ? S'agit-il d'une connaissance du moi comme substance ou du moi psychologique ? La connaissance du moi est-elle vraiment une connaissance simple et privilégiée qui nous est fournie par le caractère réflexif de la conscience ? Nous nous demanderons dans un premier temps ce que la conscience peut nous apprendre sur le moi, avant de nous demander dans quelle mesure nous pouvons opérer un travail pour connaître un moi qui ne se donnerait pas d'emblée par la conscience, mais dont une part nous résisterait, avant de nous demander si la connaissance du moi n'est pas une illusion qui repose sur notre besoin de stabilité et d'identité. 1° Le moi est la connaissance la plus simple qui se donne par la conscience La démarche cartésienne, dans les Méditations métaphysiques, consiste à poser un doute méthodique qui permet de remettre en cause toutes nos connaissances pour dégager leur fondement et reconstruire des connaissances valides. Or, il y a une chose que je ne peux révoquer en doute, c'est le fait précisément que je doute : je ne peux douter de ce mouvement de la pensée qui est réflexif, et m'apprend qu'il existe un moi qui pense, donc qui est (cogito ergo sum).

Le moi est donc la connaissance première et immédiate, fournie directement par la conscience que je pense.

Le moi est ainsi connu comme substance pensante, qui s'oppose à la substance étendue qu'est la matière et dont fait partie le corps : lorsque je doute, je ne peux douter qu'il y a un moi qui doute, mais je peux douter de l'existence de mon corps, qui pourrais être le résultat d'une hallucination ou d'un rêve.

Ce que l'on peut en toute certitude savoir du moi, c'est donc que mon âme existe comme substance stable et permanente qui est le sujet de mes pensées. 2° On peut connaître du moi ce que nous faisons accéder à la conscience Le moi tel que le révèle la conscience cartésienne nous donne à connaître qu'il y a un sujet qui pense.

Mais, d'une part, cette connaissance ne m'apprend pas ce qui caractérise singulièrement mon moi : elle n'est pas connaissance de mon moi psychologique, mais de l'essence de toute âme humaine, qui s'oppose aux différents états du moi au cours du temps.

D'autre part, cette connaissance suppose que tout ce que je peux connaître du moi m'est directement fourni par la conscience.

Freud, à partir de l'hypothèse de l'inconscient, s'oppose à ces deux affirmations : chaque sujet est en prise avec la tentative de connaître son moi propre, qui est le résultat de son histoire psychologique singulière.

Mais le moi n'est qu'une instance de ma vie psychologique, qui est aussi constituée par l'inconscient, qui comprend la ça et le surmoi.

Il faut alors admettre qu'une partie de ce que je suis échappe au moi conscient par nature, que ce que je peux connaître du moi n'est pas donné directement et que je ne pourrais jamais connaître tout ce qui est refoulé dans l'inconscient.

Cependant, le travail sur soi opéré notamment dans la psychanalyse consiste à décrypter les signes de cet inconscient qui apparaissent dans les rêves ou les lapsus, pour ramener autant que possible les représentations refoulées à la conscience, afin que le moi soit « maître chez lui ». Ce que je peux savoir du moi est donc nécessairement partiel, de par la nature de l'inconscient, mais je peux tenter d'en savoir le plus possible sur mon inconscient propre, qui me différencie des autres sujets, et sur la manière dont cet inconscient détermine mes actions, mes fantasmes et mes affects. 3° Connaître le moi est une illusion due à notre besoin de stabilité et d'identité. »

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