Aide en Philo

Que faire de notre temps ?

Extrait du document

« Le temps : C'est la grandeur physique continue permettant de situer la succession des événements dans un référentiel donné. C'est donc un flux scandé selon trois dimensions, le passé, le présent, le futur.

On distingue généralement le temps physique et le temps subjectif.

Le temps physique, c'est le temps quantifiable, étudié par la science, c'est le temps des montres, comme mécanisme nécessaire.

Le temps subjectif, c'est la durée vécue, c'est la conscience de la durée, qui n'est pas toujours homogène, ni continue. Lorsque l'on demande à quelqu'un ce qu'il fait de son temps, cela revient à lui demander à quoi il occupe son temps. Ici le temps c'est celui de l'action, c'est le cadre de l'action.

Cette question ne demande pas seulement à rendre compte d'un emploi du temps, d'un agenda, mais aussi interroge également sur ce qui fait le tissu de l'existence de celui que l'on interroge, au moment où on l'interroge.

Cette question interroge aussi et surtout sur le sens de l'action.

Ici le temps devient ce qui fait sens par l'action.

Nous voyons déjà que le temps physique et le temps subjectif font échos à deux dimensions : la dimension abstraite, conceptuelle du temps et la dimension existentielle. Ce sujet nous donc de répondre à la question de savoir si l'on peut faire quelque chose de son temps, comme l'on fait quelque chose d'une matière : peut-on considérer que l'on agit sur son temps ? Et même, peut on parler de notre temps, comme si c'était notre propriété ? En somme, peut-on être maître du temps ? I. Le temps, c'est ce qui nous échappe : c'est le temps qui nous maîtrise La première propriété du temps, celle qui nous vient spontanément à l'esprit, c'est l'irréversibilité.

Le temps emporte tout sans retour, il m'empêche de fixer quoi que ce soit.

C'est le philosophe du changement, Héraclite, qui mit en évidence le changement perpétuel de toutes choses.

Il compare le temps à un fleuve, en écrivant qu' « on ne peut entrer deux fois dans le même fleuve »… On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

HÉRACLITE Héraclite défend une conception du monde selon laquelle le monde est en éternel devenir, en éternel changement et; pour nous le faire comprendre, prend l'image du fleuve toujours changeant. Rien n'est stable, tout s'écoule et je n'y peu rien.

Les eaux du fleuve sont emportés et moi avec.

Je suis destiné à vieillir, mon corps à faiblir et à mourir.

Je n'y peux rien.

Il est d'ailleurs commun de parler de la fuite du temps, de la course contre la montre.

Les gens très occupés font cette expérience de trouver le temps trop court et de souhaiter pouvoir ralentir, ou arrêter le temps, pour pouvoir accomplir toutes leurs taches.

C'est donc bien le temps qui a prise sur nous et nous dépasse.

Nous avons également évoqué une autre propriété du temps : ses trois dimensions : le passé, le présent, le futur.

Mais, un seul de ces trois moments du temps m'est réellement donné, un seul paraît être réellement vécu, sans doute possible : c'est le présent.

Il est vrai que nous ressentons l'angoisse du futur et la nostalgie du passé.

Mais les faits passés ou à venir ne sont pas présents, seuls le sont les sentiments qu'ils nous inspirent.

La réalité du passé et du futur, c'est qu'ils tirent tout leur sens du présent dans lequel on les pense, ainsi qu'avait su le formuler Saint Augustin.

Le problème est que même le présent est insaisissable.

Car si j'essaye de penser le présent, je me rends compte qu'il est encore composé de deux dimensions : ce qui vient d'être présent et ce qui va tout juste être présent.

Puisque le temps est un écoulement perpétuel, le présent lui-même est fugace, il ne se laisse jamais figer hors de la représentation.

Le présent lui-même n'est qu'un être mathématique, à peine réel.

C'est ce qui fait dire à Aristote que le temps est peut-être même un non-être.

Dès lors, comment maîtriser un non-être ? "Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus." Nous savons que le temps existe par l'expérience du passage.

C'est parce que tout ce qui est, passe, qu'il y a du passé.

C'est parce que tout arrive, que nous savons qu'il y a du futur.

Et c'est parce que les choses sont, qu'il y a un moment présent.

Le temps est ainsi composé de trois moments : passé, présent, futur.

Et pourtant, ni le passé ni le futur ne "sont" : le passé n'est plus et l'avenir n'est pas encore.

Il n'y aurait donc de réel dans le temps que le seul moment présent.

Mais si le présent restait toujours du présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, ce ne serait plus du temps, mais de l'éternité.

Le présent lui-même a une existence paradoxale.

Pour être du temps, il doit rejoindre le passé, et il n'est donc qu'à la condition de cesser d'être : "Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus." Il nous est pourtant possible d'anticiper parfois ce qui adviendra à l'avenir.

Cette anticipation prouve que le futur n'est pas un pur non-être.

De même, si l'on est toujours capable de se souvenir de ce qui a été, c'est que le passé ne sombre pas dans le néant, et qu'il continue en quelque manière d'exister.

Tant qu'il nous reste présent à l'esprit, le passé existe encore.

S'il est impossible de localiser le passé et le futur - on sait simplement qu'ils ne sont pas là, puisqu'ils ne sont pas présents - on peut dire néanmoins qu'ils participent d'une certaine manière au présent.

Quand on raconte le passé, la mémoire ne produit pas les choses mêmes, mais les mots attachés à leurs images, celles-ci s'imprimant dans notre sensibilité au moment où a lieu l'événement.

Ce sont les images que l'on conserve qui sont représentées, et non les choses passées.

Le futur existe lui aussi en quelque manière par la préméditation de nos actes, que nous pouvons réaliser si nous le voulons.

Nous ne voyons pas l'avenir parce qu'il n'est pas encore, mais nous en détenons au moment présent ses signes avant-coureurs.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles