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Puis-je être sûr ?

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« Comment être sûr de quoi que ce soit, et qu'est-ce qui pourrait garantir cette certitude ? Quelles garanties avons-nous de ne pas nous tromper ? Est-il possible que le doute persiste, et est-ce nécessairement la marque d'une incertitude ? La vérité peut-elle être de manière à s'offrir comme une certitude, intemporelle, inattaquable ? La certitude ne pourrait-elle pas être, non une preuve de connaissance, mais d'illusion ? Et dans ce cas, faut-il être sûr ? Descartes prône le doute, la remise en cause des préjugés, des renseignements importés de l'extérieur, etc., mais toute la démarche cartésienne vise justement à définir une méthode de raisonnement qui garantira la véracité de ses conclusions.

Aussi le doute cartésien n'est-il pas radical, mais méthodique : on doute de tout jusqu'à se dépouiller de tout foyer d'erreur potentiel, puis on suit la "méthode" telle qu'elle est définie dans les toutes premières pages du Discours de la méthode (progresser lentement, diviser les difficultés, aller toujours du plus simple au plus complexe, etc.).

Tout raisonnement ainsi mené sera pour Descartes protégé du risque d'erreur, car son but est justement de proposer un protocole infaillible pour être sûr de ne pas se tromper, ce qui est pour lui parfaitement réalisable à condition de bien vouloir suivre ces règles simples.

Mais en quoi cette conception pourrait-elle être illusoire ? La méthode, si elle représente une tentative de sécurisation du processus de pensée, n'est-elle pas pour autant infaillible ? Descartes lui-même a rencontré des difficultés ; il a en particulier été amené à justifier le phénomène de l'intuition, ce qui représentait un problème important : Descartes reconnaissant que l'on a besoin de l'intuition pour amorcer un raisonnement, ne peut circonscrire celle-ci en un produit d'un raisonnement rationnel et régi par la méthode.

Pour justifier cette incohérence, Descartes a ainsi eu recours au concept de Dieu (Quatrième Méditation intitulée "De dieu, qu'il existe") comme garantie de la véracité de nos intuitions. ANALYSER LE SUJET • Que signifie « être sûr » ? - Être sûr de quelque chose c'est l'affirmer de façon catégorique : la certitude est une modalité, une qualité de nos jugements; autrement dit la certitude se rapporte toujours à une affirmation, une proposition.

Par exemple, je peux dire que je suis sûr que le soleil se lèvera demain, ou que je suis sûr d'avoir vu un éléphant rose traverser la rue. Dans le second cas je me trompe probablement, mais la proposition « j'ai vu un éléphant rose » s'impose à moi et correspond à mon souvenir.

- La certitude concerne donc notre rapport subjectif à nos états de conscience et n'implique pas nécessairement que nos jugements soient vrais.

Elle peut constituer une prise de position par rapport au passé ou au futur : je suis sûr d'avoir posé mon crayon sur cette table; je suis sûr que ce voyage sera passionnant • De quoi pouvons-nous être sûrs? Il est donc humainement possible d'être sûr des choses les plus invraisemblables ou les plus incertaines.

La question ne signifie donc pas « de quoi sommes-nous capables d'être sûrs » car la réponse serait simplement : de tout.

La formulation exacte de la question serait par conséquent : de quoi pouvons-nous légitimement être sûrs? Ou encore : de quoi pouvons-nous être vraiment sûrs? Ici; un peu de culture philosophique est nécessaire pour bien saisir l'enjeu du sujet Cette question est en effet celle que pose Socrate dans presque tous les dialogues de Platon; c'est également la question initiale du Discours de la méthode et des Méditations métaphysiques de Descartes, pour ne citer que ces ouvrages. • Les degrés de la certitude Il faudra donc tenir compte de cette tradition philosophique pour construire le plan : pouvons-nous atteindre une certitude absolue, et à propos de quoi? Y a-t-il des domaines où nous devons nous contenter d'une certitude relative ou provisoire, et s'agit-il alors toujours d'une certitude? Ce sera l'occasion d'analyser la différence entre certitude, savoir, conviction, croyance, etc. • BIBLIOGRAPHIE R.

DESCARTES, Méditations métaphysiques, Garnier-Flammarion. • I.

De l'intuition à l'évidence : Descartes.. »

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