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Puis-je considérer que le moi est haïssable ?

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« La haine comme passion, désir ou encore volonté de nuire, est une structure de la conscience.

Si la haine est une passion alors elle rend inopérante la conscience réfléchie. Le moi c'est la conscience, c'est donc ce qui s'apparaît à soi-même et au monde. Comment la conscience pourrait-elle alors vouloir se haïr ? De plus, si l'on considère que haïr, c'est toujours haïr un objet autre que soi, le sujet qui se haïrait serait alors l'objet qu'il ne voudrait plus être.

On parlerait alors davantage d'une certaine inclination du moi.

Mais le moi comme épreuve de soi ou présence à soi peut-il vraiment être haï ? Le moi source de l'amour-propre et de la vanité : Partir de l'affirmation de Pascal pensée « le moi est haïssable ».

Pascal écrit, pour justifier son affirmation, « il est injuste en soi, qu'il se fait le centre de tout, il est incommode aux autres, en ce qu'il veut les asservir ». Ainsi, si le moi est haïssable c'est parce qu'il est la cause de l'amour propre et de la vanité.

C'est parce que l'homme est naturellement corrompu et animé par l'amour-propre.

Ainsi, le moi est ce qui devient objet d'amour et nous détourne des autres. Pascal reprend ici un thème cher aux moralistes chrétiens.

À l'origine de l'injustice se trouve le « moi », épicentre d'un amour-propre qui voudrait que tout le flatte.

C'est précisément en cela que l'on doit le haïr.

En se faisant « centre de tout », c'est-à-dire point de référence ultime du jugement, il pervertit toutes les valeurs.

Le « moi » est donc coupable de s'entretenir dans une illusion volontaire.

Il trouve en cela un point d'appui dans l'imagination, qui masque notre inconsistance pour alimenter le jeu de l'amour-propre.

Échapper à l'injustice du « moi », égocentrique par définition, ce sera au contraire se penser comme créature de Dieu et membre de Jésus-Christ. On peut également penser aux analyses de Descartes sur le concept de générosité dans les Passions de l'âme. Mais aussi aux analyses de Freud sur le narcissisme. Narcissisme 1 Le terme de narcissisme fut introduit en psychopathologie pour la première fois en 1898 par le médecin anglais Henry Havelock Ellis, pour caractériser un comportement pervers en relation avec le mythe de Narcisse (qui préféra étreindre son propre reflet plutôt que de répondre à l'appel de la nymphe Écho).

Avec Freud, il est devenu l'un des concepts les plus importants pour la compréhension des maladies mentales. 2 Freud utilise d'abord le terme (1910) pour désigner un certain choix effectué par les homosexuels (qui se prennent eux-mêmes comme objet sexuel et recherchent ceux qui leur ressemblent).

En analysant certaines formes de psychoses, il devait découvrir que le narcissisme, décrit d'abord comme perversion, correspond en réalité à une étape de la sexualité Infantile que l'on peut observer avant que l'enfant puisse choisir un objet d'amour dans le monde extérieur.

Freud reprend et élargit cette théorie dans son essai « Totem et Tabou ». 3 On distingue habituellement le narcissisme primaire et le narcissisme secondaire.

Le narcissisme primaire désigne le narcissisme de l'enfant, qui se prend lui-même comme objet d'amour sans aucune référence au monde extérieur.

Un tel état correspond chez l'enfant à la croyance à la toute-puissance de ses pensées, sentiment que l'on retrouve chez les primitifs. 4 ll s'agit d'un amour qui demeure fixé sur le moi, prisonnier de sa propre fascination.

C'est aussi à partir de ce narcissisme primaire qu'il faudrait comprendre, d'après Freud, le sentiment religieux ou « sentiment océanique » (« Malaise dans la civilisation »).

Ce sentiment océanique doit être vaincu par le « principe de réalité », il peut subsister ou réapparaître au cours de certaines maladies sous forme de narcissisme secondaire. 5 Le narcissisme secondaire désigne un état morbide qui se rencontre dans les plus graves de toutes les maladies mentales : les psychoses.

Il ne s'agit plus d'une étape de la libido mais d'une régression pathologique.

Le monde entier peut être privé de tout lien affectif avec le sujet qui va reporter son amour sur le moi.

Le narcissisme secondaire se retrouve fréquemment dans des maladies telles que la schizophrénie et la paranoïa.

Le monde étant désinvesti par la libido, le malade s'enferme dans un monde imaginaire, où revit le « sentiment océanique de l'enfant : le délire. 6 Le fantasme le plus caractéristique de cette régression narcissique est celui de la « destruction du monde ».

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