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Privilégier la conscience est-ce surestimer l'homme ?

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L'homme se caractérise par la conscience qu'il a de lui-même. La conscience est donc une faculté proprement humaine, qui s'origine dans le sentiment de sa propre existence et de son être dans le monde. Le privilège accordé à la conscience distingue donc avant tout l'homme   de l'animal. Cette différenciation opère-t-elle par conséquent une distinction de valeur, en accordant une supériorité à l'homme sur le monde vivant ? Privilégier la conscience, c'est donner raison à la conscience, lui accorder un statut crucial, un rôle précieux, et pour cela la faire valoir. La conscience ainsi privilégiée serait considérée comme critère de vérité, gage de moralité et de bien. Mais la conscience n'est pas indépendante du sujet dans lequel elle réside. Toute conscience est conscience d'un sujet conscient. Privilégier la conscience semble alors donner raison à l'homme, lui accorder les pleins pouvoirs sous la garantie de la conscience. On peut alors se demander si privilégier la conscience n'est pas surestimer l'homme.

« Introduction : L'homme se caractérise par la conscience qu'il a de lui-même.

La conscience est donc une faculté proprement humaine, qui s'origine dans le sentiment de sa propre existence et de son être dans le monde.

Le privilège accordé à la conscience distingue donc avant tout l'homme de l'animal.

Cette différenciation opère-t-elle par conséquent une distinction de valeur, en accordant une supériorité à l'homme sur le monde vivant ? Privilégier la conscience, c'est donner raison à la conscience, lui accorder un statut crucial, un rôle précieux, et pour cela la faire valoir.

La conscience ainsi privilégiée serait considérée comme critère de vérité, gage de moralité et de bien.

Mais la conscience n'est pas indépendante du sujet dans lequel elle réside.

Toute conscience est conscience d'un sujet conscient.

Privilégier la conscience semble alors donner raison à l'homme, lui accorder les pleins pouvoirs sous la garantie de la conscience.

On peut alors se demander si privilégier la conscience n'est pas surestimer l'homme. 1ère partie : Privilégier la conscience, en tant que faculté humaine, c'est reconnaître la faiblesse de l'homme. - Privilégier la conscience n'est pas surestimer l'homme, mais reconnaître que l'homme a la faculté d'accéder au vrai et à la réflexion par la conscience.

La conscience est donc proprement humaine, mais la conscience n'est pas l'homme.

Le privilège accordé à la conscience ne donne pas plus de valeur à l'individu que celle que peut lui fournir sa conscience. - Le privilège accordé à la conscience est à l'inverse d'une surestimation de l'homme, puisqu'il démontre que l'on se fie davantage à la conscience qu'à l'homme lui-même, qui, du fait de sa nature corporelle est animé par de multiples passions, est enclin au mal s'il n'use pas de sa conscience.

La conscience est donc garante de la bonne conduite de l'âme.

Il faudrait privilégier la conscience pour y subordonner la nature vile, bestiale, de l'homme. - Seule la conscience est capable de faire accéder l'homme à la vérité et au savoir.

Pour Descartes (qui ne parle pas encore de conscience, mais de « pensée »), la conscience se saisie d'abord elle-même.

En effet, alors que l'on peut douter de tout, on ne peut en aucun cas douter que l'on pense (même si ce que l'on pense est faux).

Nous avons donc une première certitude indubitable : la conscience d'être en train de penser.

On a alors conscience de notre propre activité de conscience.

En affirmant « je pense donc je suis » (en latin : cogito ergo sum), la pensée se saisie comme pensée, la conscience se saisie comme conscience, c'est-à-dire comme substance indépendante du corps, qui n'a pas besoin du corps pour exister. La conscience est donc avant tout conscience d'elle-même, transparente à elle-même sans qu'aucun intermédiaire ne lui soit nécessaire.

Ainsi, privilégier la conscience pour Descartes est une prise de position initiale qui exclu toute autre considération sur l'homme.

La seule certitude sur l'homme est sa conscience.

Il ne surestime pas l'homme mais au contraire le réduit à une pure conscience. Ce qui est présent dans la conscience semble alors directement accessible et faire sens, car la transparence de la conscience à elle-même nous ouvre à la certitude de ses objets.

La certitude est alors l'adhésion de la conscience à une vérité reconnue par elle avec évidence comme telle. 2ème partie : Privilégier la conscience en tant que propre à l'homme, c'est surestimer l'homme. Si on assimile l'homme à sa conscience, alors il en découle logiquement que le privilège accordé à la conscience est un privilège accordé à l'humain.

Tous les hommes sont doués de conscience, et seulement les hommes (prise comme conscience réflexive).

Il en résulte que si l'on privilégie la conscience, on privilégie celui qui la porte, donc l'homme. Néanmoins, ce n'est pas parce que l'homme est conscient qu'il fait toujours bon usage de sa conscience.

La conscience est une faculté diacritique, qui permet à l'homme de réfléchir sur lui-même et sur ce qui l'entoure.

Parce qu'il à conscience du monde dans lequel il vit, il peut l'interroger, chercher à le comprendre, et ainsi être au plus près de la vérité, et se conduire de la manière la plus droite possible.

Pourtant, il n'y a aucune nécessité à ce que l'homme fasse de sa conscience un usage vertueux.

La conscience ne pousse pas à l'action : il ne suffit pas d'être conscient pour bien agir, il faut une volonté de l'homme.

Dans ce cas, privilégier la conscience c'est surestimer les autres facultés humaines, telle que la volonté et la raison, en supposant qu'elles seront sollicités naturellement. Privilégier la conscience, c'est donc surestimer l'homme, car c'est penser que la conscience seule suffit pour agir et penser, en supposant qu'à elle se subordonne la volonté et la raison humaine.

Accorder cette soumission de l'homme à sa conscience est une surévaluation morale de l'homme, qui est souvent réticent à écouter sa conscience, et s'y soustrait pour écouter ses désirs. - Privilégier la conscience, dans le domaine moral, c'est rendre l'homme responsable de ces actes.

Or la conscience ne fait pas de nous des êtres omniscients et parfaits.

Leibniz explique en effet que nous pouvons avoir une certaine conscience latente de nos perceptions.

Il signifie par là que nous percevons des choses sans les apercevoir, c'està-dire sans en avoir pleinement conscience, mais qu'il suffit que quelqu'un nous fasse remarquer cette perception pour que l'on y prête attention.

Ainsi, nous avons parfois « conscience sans en avoir conscience », et privilégier la conscience revient à surestimer l'homme en le supposant toujours totalement attentif à sa conscience.

Or ce n'est pas parce que l'on a conscience d'une chose que l'on en a vraiment une connaissance.

L'homme n'est pas si fort que sa conscience seule puisse lui donner tous les pouvoirs.

On a parfois conscience que l'on ne devrait pas faire ce que l'on fait et néanmoins, nous le faisons quand même. 3ème partie : Privilégier la conscience, c'est privilégier une juste estimation de l'homme. - C'est la conscience qui permet à l'homme de s'estimer à sa juste valeur.

Privilégier la conscience, ce n'est donc pas surestimer l'homme, mais chercher à être au plus près de ce qu'est l'homme.. »

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