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Pouvons-nous dire n'importe quoi n'importe comment ?

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« Définition des termes du sujet Pouvoir faire quelque chose, c'est ou bien en avoir la capacité, ou bien en avoir le droit : les deux sens sont possibles ici. « Dire n'importe quoi » peut avoir plusieurs sens : c'est ou bien dire des mots sans ordre, sans se soucier de leur sens, voire des mots qui n'existent pas, ou bien tenir un discours semblable au discours vrai, mais complètement faux dans son contenu, son fonctionnement ou sa pertinence.

Faire quelque chose « n'importe comment », c'est ou bien la faire sans aucune logique, ou bien la faire d'une manière non conforme à certaines conventions établies. Est donc ici en question, d'une manière générale, l'exigence de rigueur et de respect des conventions que peut contenir l'idée de l'usage du langage : dans quelle mesure le langage est-il un code dont il faut respecter les règles ? Quelles libertés peut-on prendre par rapport à lui ? Quelles sont les conséquences de cette éventuelle prise de liberté quant au statut du langage lui-même ? Proposition de plan I.

Le langage comme code collectif exigeant une certaine rigueur Le langage peut être défini en premier lieu comme un code permettant aux hommes de communiquer entre eux : ce code exige une certaine fixité, une certaine rigueur dans son emploi, de manière à ce que les hommes sachent qu'ils parlent de la même manière des mêmes choses.

L'usage purement informatif et communicatif du langage semble donc exclure le n'importe quoi et le n'importe comment. A cela s'ajoute certains phénomènes sociaux affectant le langage lui-même, comme par exemple l'exigence de l'emploi de certains registres de langues dans certains milieux ou certaines circonstances : le refus du n'importe quoi peut donc concerner le langage dans sa constitution même, mais aussi dans son usage social. Bergson, La pensée et le mouvant « D'où viennent les idées qui s'échangent ? Quelle est la portée des mots ? Il ne faut pas croire que la vie sociale soit une habitude acquise et transmise.

L'homme est organisé pour la cité comme la fourmi pour la fourmilière, avec cette différence pourtant que la fourmi possède les moyens tout faits d'atteindre le but, tandis que nous apportons ce qu'il faut pour les réinventer et par conséquent pour en varier la forme.

Chaque mot de notre langue a donc beau être conventionnel, le langage n'est pas une convention, et il est aussi naturel à l'homme de parler que de marcher. Or, quelle est la fonction primitive du langage ? C'est d'établir une communication en vue d'une coopération.

Le langage transmet des ordres ou des avertissements.

Il prescrit ou il décrit.

Dans le premier cas, c'est l'appel à l'action immédiate ; dans le second, c'est le signalement de la chose ou de quelqu'une de ses propriétés, en vue de l'action future.

Mais, dans un cas comme dans l'autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale.

Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain.

Les propriétés qu'il signale sont les appels de la chose à une activité humaine.

Le mot sera donc le même, comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot.

Telles sont les origines du mot et de l'idée.

» Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain « Comme on ne saurait jouir des avantages et des commodités de la société sans une communication de pensées, il était nécessaire que l'homme inventât quelques signes extérieurs et sensibles par lesquels ces idées invisibles, dont ses pensées sont composées, puissent être manifestées aux autres.

Rien n'était plus propre pour cet effet, soit à l'égard de la fécondité ou de la promptitude, que ces sons articulés qu'il se trouve capable de former avec tant de facilité et de variété.

Nous voyons par là comment les mots, qui étaient si bien adaptés à cette fin par la nature, viennent à être employés par les hommes pour être signes de leurs idées et non par aucune liaison naturelle qu'il y ait entre certains sons articulés et certaines idées (car, en ce cas-là, il n'y aurait qu'une langue parmi les hommes), mais par une institution arbitraire en vertu de laquelle un tel mot a été fait volontairement le signe de telle idée. Ainsi, l'usage des mots consiste à être des marques sensibles des idées et les idées qu'on désigne par les mots sont ce qu'ils signifient proprement et immédiatement. Comme les hommes se servent de ces signes, ou pour enregistrer, si j'ose ainsi dire, leurs propres pensées afin de soulager leur mémoire, ou pour produire leurs idées et les exposer aux yeux des autres hommes, les mots ne signifient autre chose dans leur première partie et immédiate signification que les idées qui sont dans l'esprit de celui qui s'en sert, quelque imparfaitement ou négligemment que ces idées soient déduites des choses qu'on suppose qu'elles représentent.

Lorsqu'un homme parle à un autre, c'est afin de pouvoir être entendu ; le but du langage est que ces sons ou marques puissent faire connaître les idées de celui qui parle à ceux qui l'écoutent.

» II.

Les conséquences d'un mauvais emploi du langage On peut alors prendre le problème par son autre versant, et examiner ce qu'il en est d'un langage utilisé « n'importe. »

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