Pourquoi peut-on parler sans fin d'une oeuvre d'art ?
Extrait du document
«
Parler sans fin d'une œuvre d'art veut dire ne pas trouver de terrain d'entente définitif sur une œuvre d'art.
Il s'agit
en somme d'un désaccord dû aux multiples points de vue qu'il peut exister sur une œuvre d'art.
N'est-on pas surpris
de rencontrer encore de nouvelles interprétations de la Joconde plusieurs siècles après son achèvement ? Cela est
valable pour toutes les toiles qui font encore débat chez les spécialistes de l'art.
Le problème est que dans l'art
vient se greffer les jugements de goût portés sur les œuvres.
L'unanimité, l'universalité est difficile voire impossible à
obtenir en matière d'art, aussi les désaccords de goût ne trouveront jamais d'issues car aucun terrain d'entente ne
peut être trouvé.
1) L'infini de la relativité du goût artistique.
On connaît les célèbres analyses de Kant.
Le beau, dit-il, est sans concept ; impossible de définir ce qu'est le
beau en soi, et donc de donner des règles qui en garantissent la production ;
le jugement de goût est toujours singulier, il ne dit pas que les roses sont
belles, mais que cette rose est belle.
Et il ne justifie pas, il exprime
simplement le plaisir que nous prenons à percevoir la chose belle.
Ce plaisir
est à la fois le ressort et le critère du jugement.
Critère subjectif, donc ; et,
en effet, le plaisir à son tour exprime l'état du sujet, l'harmonie de ses
facultés dans leur libre jeu.
En disant que l'objet est beau, je ne sais et je ne
dis rien de lui, je parle de moi, et j'affirme que ma perception est heureuse.
Est-ce à dire que le beau soit totalement relatif ? Un certain historicisme le
suggère, et c'est lui sans doute qui, avant et après Kant, a dû ébranler les
certitudes dogmatiques.
Le subjectivisme finit ainsi par annuler le jugement de
goût.
Or, Kant s'est bien gardé d'aller jusque-là ; pour lui, le jugement de
goût, même s'il ne peut se justifier par quelque concept, revendique
l'universalité ; en prononçant ce jugement, j'affirme que tous doivent le
prononcer comme moi.
Dans la Critique de la faculté de juger , il écrit : «
Mais ce que j'arrache ainsi à la relativité de l'histoire, ce n'est pas une idée
du beau, ou un art poétique, c'est une idée de l'homme ; ce que je promeus
à l'universel, c'est le sentiment que j'éprouve devant le beau, dont je postule
que tous doivent l'éprouver : j'affirme que tous les hommes sont semblables,
qu'il y a en eux une nature transcendantale universelle, je suppose que
« chez tous les hommes les conditions subjectives de la faculté de juger sont
les mêmes [...] car sinon les hommes ne pourraient pas se communiquer leurs
représentations et leurs connaissances ».
Qu'est-ce à dire ? Que sans concept, on peut discuter à l'infini sur une
œuvre d'art car il n' y aura pas d'accord sur des données stables possibles.
Chacun pourra aller selon ses raisons au
sujet des œuvres d'art suivant les sentiments qu'il sentira face à une œuvre.
2) L'infinité de l'interprétation des œuvres artistiques.
L'œuvre d'art est muette, l'interprétation a donc pour but d'expliciter le sens d'une œuvre d'art.
Rien n'est
insignifiant dans une œuvre d'art, tout a une signification.
Toute bonne interprétation est exhaustive mais aucune
n'est définitive.
La signification artistique est donc inappropriable, car une œuvre d'art a une infinité de sens.
Pour
une même œuvre d'art, il peut y a une interprétation philosophique, une interprétation religieuse au sujet, et une
interprétation esthétique qui se réfère à l'histoire de l'art.
Aussi interpréter, veut dire expliciter la signification, faire
ressortir le sens.
Expliquer revient à donner les causes.
Un artiste ne sait jamais ce qu'il va peindre, la couleur par
elle-même va produire une signification inattendue.
Le langage artistique n'est donc pas contrôlé par une intention
et une œuvre d'art en sait toujours plus que l'artiste lui-même.
Pour Wölfflin, dans les principes fondamentaux de
l'histoire de l'art .Le langage artistique est autonome, tout est essentiel.
Pour lui « Le bon Dieu vit dans les détails »
Il opère une psychologie des formes.
Ainsi l'esprit des peuples se révèle dans les formes.
Il adopte un couple de 5
catégories pour interpréter les œuvres d'art.1) style linéaire : limite simple et clair qui sépare les objets.
Regard
statique à l'exemple de Dürer.
Style pictural : regard vagabond, Rembrandt.
2) plan / profondeur : attirer le regard
vers le fond du tableau.
3) Forme fermée : présence de la totalité, forme ouverte : totalité excessive.
4)
Unité/pluralité 5) clarté/ obscurité (goût du baroque, même la lumière peut cacher) Ces catégories recoupent
essentiellement la distinction entre le classique et la baroque.
En cela ces catégories sont d'inspiration kantienne.
Elles permettent de faire ressortir ce que nous dit l'art de l'esprit.
Il s'agit de formes de sensibilité plastique
universelle et nécessaire comme chez Kant.
De même Cassirer, élargit à la culture les catégories kantiennes, avec
l'idée de formes symboliques.
Il s'agit de principes intelligibles qui opèrent une synthèse sensible qui sont toujours à
l'œuvre dans le sensible.
Panofsky contrairement à ce dernier ne sépare pas la forme du fond.
Panofsky reproche à
la modernité de ne s'attarder que sur la forme.
L'œuvre d'art exprime un contenu.
La forme n'est pas un récipient
vide.
L'œuvre d'art est du sens qui s'adresse au sens.
On ne dit pas la même chose avec le style linéaire ou pictural.
La forme exprime un contenu particulier.
L'époque décide plus que l'artiste lui-même.
Panofsky veut rendre manifeste
l'œuvre de l'esprit, pour lui il n' y a pas de sensible pur dans l'œuvre d'art.
Pourquoi cette infinité de
l'interprétation ? Car ce n'est pas une science exacte, il n' y a pas de vérité à laquelle il faut aboutir, aussi une
bonne interprétation en vaut une autre.
Cela ne veut pas dire qu'on doit faire des interprétations infinies, il faut
donner un terme, mais que dans l'absolu, on peut toujours continuer une interprétation.
3) Un exemple de science interprétative : l'iconologie de Panofsky..
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