Aide en Philo

Pourquoi parler du travail comme d'un droit ?

Extrait du document

« Problématique: L'idée d'un « droit au travail », quelle qu'en soit la légitimité et le bien-fondé, contient un certain paradoxe.

Le travail est en effet d'abord pensé comme obligation, contrainte (Alain : « l'essence du travail est d'être forcé »), et l'on serait aussi bien fondé à en demander sinon l'abolition (qui se heurte à une impossibilité reconnue), du moins la réduction.

L'actualité montre d'ailleurs que les deux thèmes sont à l'ordre du jour : revendication du droit au travail et de la réduction du temps de travail.

Paul Lafargue avait même écrit un Droit â la paresse. Il faut penser ce paradoxe et surtout se demander au nom de quoi l'homme est fondé à revendiquer le travail comme un droit.

D'où cette question : en quoi le travail est-il essentiel à l'épanouissement, à l'existence individuelle et sociale de l'homme ? Y a-t-il un droit au travail ? Pourquoi le travail intervient-il dans le domaine du droit ? N'est-il pas indépendant du droit ? La question du droit au travail se pose à partir du moment où on définit des choses élémentaires comme les droits de l'homme. Historiquement le droit au travail n'est d'ailleurs venu qu'après, et Tocqueville en tant que député a participé dans les années 1850 à un débat autour de l'admission d'un tel droit (voir Les droits de l'homme, un recueil de textes édité par F.

Worms).

Si un homme ne travaille pas, peut-il revendiquer un droit au travail ? Il y a là une opposition entre le plan du droit, s'il y a bien un droit au travail, et le plan des faits, à savoir une réalité économique où il n'est pas évident qu'il y ait du travail pour tous : cette opposition-là n'a pas lieu pour les droits de l'homme (on ne peut pas dire à quelqu'un qui veut s'exprimer : "il n'y a pas de place pour ton expression").

D'où ce droit peut-il venir ? Il y a la question de la subsistance : si chacun a droit à, comme le dit la constitution américaine, "la poursuite du bonheur", alors chacun a le droit d'un minimum pour subsister : d'où le tiendra-t-il ? De son travail — donc il a nécessairement droit à un travail.

Mais en même temps, si on assure à chacun une subsistance par l'État Providence, par exemple dans l'idée nouvelle (en France) de "revenu d'existence" ou d'"impôt négatif", alors ce droit est assuré sans parler de droit au travail. [Tout homme doit pouvoir, par son activité, non seulement assurer sa subsistance et celle de sa famille, mais encore s'élever à la conscience de soi grâce à l'action libératrice du travail.] L'humanité s'affirme par le travail Le travail fait passer l'homme de l'animalité à l'humanité.

C'est dans le travail seul que se révèle l'intelligence humaine.

Je peux certes considérer que le travail m'est imposé, mais il me procure tout de même une maîtrise des choses.

Par le travail l'homme façonne la nature à son image, il lui donne son empreinte, la marque de sa supériorité sur elle. Le travail se présente de prime abord comme un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

Dans le « Capital », Marx montre comment, dans cet acte, l'homme joue à l'égard de la nature le rôle d'une puissance naturelle.

Pour s'assimiler les matières « en leur donnant une forme utile à la vie », l'homme use des forces dont son corps est doué : bras et jambes, tête et mains.

Par là il s'agit comme tous les êtres vivants.

Cette activité purement naturelle ne peut être définie comme un travail. En fait, le travail humain se différencie d'abord de la simple transformation naturelle ou encore de la prise de possession de moyens de subsistance tout trouvés (la cueillette des fruits par exemple) par l'utilisation de l'outil.

La main n'est « pas un outil, mais plusieurs » (Aristote, IVe siècle av.

J.C, Traité des Parties des animaux).

La main, a écrit Kant (XVIIIe s.) signale chez l'homme le « congé définitif» que l'intelligence donne à l'instinct. La main, organe doué d'expressivité.

Pensez aussi au caractère éminemment individuel de la main : empreintes digitales, graphologie, lignes de la main, expressivité de la main du musicien, etc. A la différence de l'animal, l'homme crée les moyens de son travail : les outils.

L'outil est une sorte de ruse de la raison, qui se détourne provisoirement du but à atteindre, pour construire un moyen d'action efficace : fabriquer un marteau, c'est différer. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles