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Pourquoi observer sans théorie instruit-il si peu ?

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« L'homme de la rue répondrait immédiatement que regarder sans réfléchir n'apporte aucune connaissance.

Mais l'observation n'est-elle qu'un simple regard ? Qu'est-ce que l'observation et qu'est-ce que l'on observe ? Observer, c'est être spectateur d'un phénomène que l'on dissèque par le regard.

L'on comprend que l'observation n'est pas le produit d'un simple spectateur passif, mais est déjà une certaine compréhension du monde.

Mais alors qu'apporte exactement la théorie à l'observation ? En effet, l'observation est déjà une recherche, un questionnement tourné vers la connaissance.

La théorie permet de produire un énoncé logique de ce que l'on voit, elle répond à la question pourquoi.

Mais alors, qu'est-ce qui, dans la formation de la connaissance scientifique, nous apprend quelque chose ? Est-ce l'observation en elle-même, ou bien est-ce la théorie que l'on fait après l'observation car cette dernière possède trop de carence ? I. L'observation instruit peu car elle étourdit. Bachelard explique que l'expérience est étourdissante.

En effet, ivre des connaissances que nous découvrons dans l'observation de l'expérience, c'est notre imagination qui travail et non notre raison.

Ainsi l'observation nous pousse à fabuler.

Mais si l'observation de l'expérience est suivit de l'énonciation d'une théorie scientifique, alors la raison reprend ses droits et l'expérience n'est pas perdue.

L'observation pour nous instruire doit donc toujours être critique.

Il faut résister aux effets de l'observation afin de rester, dans notre recherche, aussi objectif que possible. Toute observation doit donc passer par le filtre de la critique afin de nous instruire.

La théorie est ce filtre, elle donc nécessaire à l'observation pour que celle-ci enseigne quelque chose sur le phénomène qu'elle présente.

Mais si la théorie joue un si grand rôle, l'on peut se demander si l'observation est vraiment nécessaire. Bachelard considérait l'expérience immédiate comme le premier obstacle à la connaissance scientifique.

Les informations fournies par les sens, le vécu sont source d'erreurs.

Ainsi, par exemple, de ce que cette pierre tombe plus vite que ce morceau de liège, j'en viendrai à établir une distinction entre «lord» et «léger» et à conclure que la vitesse de la chute des corps est liée à leur masse.

Or les scientifiques ont établi que, dans le vide, tous les corps tombent à la même vitesse.

La formule scientifique par Galilée de la loi de la chute des corps e= ½ gt2 contredit les données communes de la perception. L'épistémologie de Bachelard réactualise l'idée essentielle du platonisme : la science se constitue par ce geste intellectuel qui récuse l'expérience.

Pour Bachelard (comme pour Platon) le savoir scientifique commence par une rupture avec l'expérience ; par se méfier des synthèses spontanées de la perception.

Car l'expérience première est un obstacle et non une donnée. C'est même le premier obstacle que la science doit surmonter pour se construire.

C'est que la science est ennuyeuse : le réel auquel elle a affaire est filtré, classé, ordonné selon des relations intelligibles, quantifié, prêt à la mesure.

Au contraire, l'expérience première, spontanée, parle à l'imaginaire.

L' « observation première se présente comme un libre d'images : elle est pittoresque, concrète, vivante, facile.

Il n'y a qu'à la décrire et s'émerveiller ».

Devant elle, nous sommes au spectacle.

Entre l'expérience spontanée du feu par exemple et la connaissance des lois de la combustion, quel écart ! D'un côté un univers qualitatif et affectif : le feu qui crépite dans l'âtre, le bien-être, les couleurs, la fascination, le feu qui « chante » et qui « danse » ; de l'autre un processus physico-chimique dépouillé de toute poésie, une simple modification quantitative des éléments. La première leçon de l'épistémologie de Bachelard est donc bien platonicienne : l'anti-empirisme.

L'expérience est d'abord du domaine du préscientifique.

L'esprit scientifique doit se constituer contre elle, contre la nature et ses enseignements immédiats.

L'empirisme est la pente la plus naturelle et la plus paresseuse de l'esprit ; son axe et celui de la science sont inverses l'un de l'autre.

Cela suppose bien, chez Platon, une conversion intellectuelle, un détournement des habitudes spontanées de l'âme, une pédagogie de la rupture : « L'esprit scientifique ne se forme qu'en se réformant ».

La connaissance objective mérite une psychanalyse au cours de laquelle l'esprit scientifique pourra se constituer en inhibant et en refoulant les pulsions expansives de l'observation spontanée. Pour parvenir à l'esprit scientifique, il est donc indispensable d'éliminer de la connaissance les projections psychologiques spontanées et inconscientes, d'opérer ; comme le dit Bachelard une « psychanalyse de la connaissance ». Cette psychanalyse est bien difficile, peut-être jamais achevée.

Elle est en tout cas l'œuvre des siècles et nous ne devons jamais oublier que la science est une aventure récente.

Il y a des ho sur terre depuis plusieurs centaines de milliers d'années et la physique scientifique date de XVII ième, la chimie du XVIII ième, la biologie du siècle dernier. En effet, la connaissance spontanée du réel est antiscientifique.

C'est une connaissance « non psychanalysée » où nous projetons nos rêves et nos passions.

C'est ainsi que la « physique » d'Aristote est encore toute mêlée de psychologie.

La cosmologie céleste fait appel à la psychologie de l'âme bienheureuse, la physique terrestre d'Aristote s'éclaire par la psychologie de l'âme inquiète.

Aristote distingue deux sortes de corps, les. »

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