Pourquoi obéir aux lois?
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Introduction
-Tout individu naît dans un cadre donné de légalité, qu'il s'agisse de lois morales, politiques ou naturelles, auxquelles
il doit obéir.
-Cet état particulier de l'homme qui fait de lui un être soumis à la légalité, n'est précisément pas choisi par lui ; c'est
la raison pour laquelle il peut être amené se poser la question de la légitimité d'une telle obéissance à cela même
qu'il n'a pas choisi.
Car si l'on ne peut pas ne pas obéir aux lois de la nature, il n'en va pas de même pour les lois
morales et civiles.
-Quelle est donc la finalité de la loi pour l'individu ? Quel est le sens de sa soumission à la loi ? Quelle(s) raison(s)
décisive(s) doivent-elles être arguées pour que l'individu choisisse librement d'obéir à des lois qu'il n'a pas
originairement choisies ?
I.
L'obéissance aux lois garantit à la cité sa stabilité, et donc sa pleine vitalité (Platon).
-Livre IX des Lois : les lois sont nécessaires, car elles instaurent une hiérarchie entre ce qui est favorable à l'intérêt
commun, et ce qui est favorable aux intérêts personnels.
Ces derniers constituent un élément de désunion sociale
(c'est la le danger interne de toute démocratie), tandis que la loi, qui vise l'intérêt commun, en constitue l'élément
unificateur.
-Dans le Criton, Socrate refuse de fuir, et préfère mourir, plutôt que de désobéir à la loi athénienne ; car si tout
homme faisait comme lui, les lois n'auraient plus aucune autorité, et la société se disloquerait d'elle-même.
II.
L'obéissance aux lois constitue l'accomplissement de la destination rationnelle de l'homme, tant sous
sa forme individuelle que collective (Kant).
- Perspective individuelle : l'homme n'est libre qu'en obéissant à sa propre loi morale : c'est la théorie de
l'autonomie, par laquelle l'individu donne à la maxime de son action la forme pure que lui prête la raison pure dans
son usage pratique.
Le sujet peut ainsi s'affranchir du déterminisme universel de la nature (saisi par l'entendement),
et imprimer sur cette dernière la marque de la moralité.
Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de se
déterminer soi-même de par une législation rationnelle.
L'homme est lié à son
devoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.
Aucun intérêt ne vient le
forcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vient
le contraindre.
Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre mais
hétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procède pas de
lui-même.
Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.
Être libre
et moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.
Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.
Le principe suprême du
devoir est inconditionné et absolu.
La volonté n'y est pas intéressée, et elle
n'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'il
y a désobéissance.
Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondée
sur un principe d'autonomie : "L'autonomie de la volonté est cette propriété
qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute propriété
des objets du vouloir).
Le principe de l'autonomie est donc : de choisir de
telle sorte que les maximes de notre choix soient comprises en même temps
comme lois universelles dans ce même acte de vouloir."
- Perspective collective : l'homme ne saurait jamais obéir toujours à cette loi
morale ; il faut donc l'établissement de lois politiques, qui soient l'expression
de cette loi morale, dans son application à des cas concrets.
Ainsi, on ne peut contester une loi, quand sa légitimité
tient à la liaison intime entre le droit et la morale.
III.
L'homme trouve dans l'obéissance aux lois la possibilité de retrouver sa liberté, au sein même de l'état
social (Rousseau).
- L'homme de la nature est libre et égal aux autres hommes dispersés dans la nature.
A l'occasion du pacte social,
les individus s'aliènent entre eux leur liberté propre, ce qui les constitue comme égaux entre eux, cette égalité
constituant le fondement du droit.
- Les lois de la cité doivent être l'expression directe de la Volonté générale, qui détermine les lois qui devront réguler
l'activité du vivre-ensemble ; c'est dans cette auto-régulation que réside la liberté retrouvée, chez l'homme social.
En ce sens, l'égalité du contrat social fonde la possibilité d'une liberté individuelle retrouvée, au sein d'une égale
aliénation de la liberté naturelle de tous envers tous.
Obéir aux lois, c'est ainsi retrouver un état analogue à l'état
de nature, mais au sein même de la condition sociale..
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