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Pourquoi les hommes éprouvent-ils le besoin de commémorer leur passé ?

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« Attention à ne pas confondre « commémorer son passé » et « se souvenir de son passé » : « commémorer », c'est « rappeler par une cérémonie le souvenir d'une personne ou d'un événement » (Petit Robert).

Les cérémonies dont s'accompagnent les commémorations marquent la dimension sociale de ces dernières : « commémorer », c'est se souvenir avec les autres (les membres d'un groupe, d'une nation).

On orientera donc sa réflexion sur les fonctions sociales de la commémoration, sur les rapports, dans une communauté, entre sa propre représentation de son passé et sa cohésion, son système de valeurs, de croyances, etc. Les "cérémonies du souvenir" sont l'hommage du présent au passé, à la mémoire de ceux qui ne sont pas morts pour rien.

Par la mémoire, passé continue à donner sens au présent.

Mais on ne commémore pas des événements dont les traces sont encore douloureuses.

La commémoration est décision de la raison. Traitement: Attention à ne pas confondre « commémorer son passé » et « se souvenir de son passé » : « commémorer », c'est « rappeler par une cérémonie le souvenir d'une personne ou d'un événement » (Petit Robert).

Les cérémonies dont s'accompagnent les commémorations marquent la dimension sociale de ces dernières : « commémorer », c'est se souvenir avec les autres (les membres d'un groupe, d'une nation).

On orientera donc sa réflexion sur les fonctions sociales de la commémoration, sur les rapports, dans une communauté, entre sa propre représentation de son passé et sa cohésion, son système de valeurs, de croyances, etc. Toute commémoration a pour but de revivre un instant historique et décisif dans l'histoire d'un pays.

La commémoration à parfois des airs de fête, d'autres signalent des moments plus sombres de l'histoire d'un pays, elle rend hommages aux morts et aux combattants.

A première vue ces commémorations se justifie par le besoin que l'homme éprouve de se souvenir à ce qui le relie à son passé, dans sa volonté de rendre hommage à ce qu'il juge être ses racines.

Mais ces commémorations peuvent être aussi instrumentalisées à des fins politiques, et la commémoration peut devenir une cérémonie forcée, une marque d'obéissance à un pouvoir.

Y a t- il un réel besoin de commémorer le passé ou n'est-ce qu'un instrument politique ? 1) Les différentes sortes de rapport au passé. En reprenant les catégories d'Aloïs Riegl dans Le culte moderne des monuments, il existe trois valeurs et raisons que l'on peut accordé à la commémoration du passé : la valeur de remémoration qui est intentionnelle, la valeur historique qui témoigne d'une époque passée, et enfin la valeur d'ancienneté qui se traduit par une certaine patine et usure qui parle à l'homme d'une manière universelle.

La valeur d'ancienneté a un rapport avec l'existence de chacun et offre la possibilité de fonder un rapport affectif au monde.

Ce rapport existentiel se perd avec le cinéma et la photographie.

Les dimensions du souvenir et de la durée se trouvent perdues par cette technique.

L'homme doit donc retrouver cette dimension du passé et sa valeur cultuelle.

Walter Benjamin souhaitera regagner ce rapport poétique au passé et redonner à la matière son aspect magique.

Aussi, le passé ne peut se retrouver que dans l'objet vieilli, qui a subi les épreuves du temps.

Les objets du passé sont l'occasion de la redécouverte d'un passé mémoriel.

Ce passé à dimension existentielle doit se perpétuer d'une manière quasi-corporelle dans l'homme.

C'est toute une époque que l'on peut rejoindre à travers l'objet.

Par exemple, la fameuse madeleine de Proust porte en elle toute l'enfance de l'écrivain, c'est un souvenir involontaire qui vient présentifier le passé pour contrecarrer le temps du vieillissement. 2) Un besoin de commémorer le passé pour forger la nation. Les rites ou pratiques marquent, en liaison avec les mythes, l'unité et l'identité de la formation ethnico-nationale, sa supériorité ou son refus de la supériorité des autres.

Ils définissent, proclament et inculquent un système de valeurs qui structure moralement le groupe, appelle au dévouement en sa faveur.

Ainsi en est-il des fêtes religieuses et des sacrifices communs au dieu ethnarque, des commémorations d'événements réels ou imaginaires qui auraient marqué la fondation et la vie du groupe, des prières et jeûnes publics, des pèlerinages nationaux.

Il ne s'agit pas seulement de rites publics, mais aussi de rites privés qui marquent l'appartenance de l'individu au groupe.

La circoncision israélite en est le type le plus achevé, mais il faut tenir compte aussi des divers rites de passage où la collectivité intervient (ainsi les funérailles nationales).

Aussi, la commémoration du passé, de certains faits par rapport à d'autres constitue le fond des valeurs nationales.

La commémoration de l'armistice, de la libération, de la prise de la Bastille, sont l'occasion de rassembler les individus autour de la commémoration de faits jugés fondateurs de la nation.

Il y a aussi un risque d'instrumentalisation, d'utilisation politique de faits passé pour justifier une certaine politique.

Chaque nouveau régime impose de nouvelles commémorations.

Les fêtes de l'Ancien Régime ne sont pas celle de la République. 3) La tradition comme perpétuation permanent du passé. L'acte de transmettre et l'acte d'inventer constituent deux opérations spécifiquement humaines, car aucune espèce animale n'est capable d'adapter la continuité de ses acquis expérimentaux anciens à la discontinuité de ses découvertes, de ses inventions et de leurs expériences nouvelles.

C'est pourquoi la tradition ne se borne point à la conservation des éléments d'une culture, c'est-à-dire à leur maintien dans le même état.

Une invention qui ne serait pas transmise devrait être sans cesse réinventée.

Inversement, en l'absence de toute invention, les traditions de l'âge paléolithique seraient encore les nôtres et nos cultures n'auraient jamais pu apparaître ni s'édifier.

À sa capacité passive de conservation toute tradition ajoute ainsi sa capacité active d'intégration d'existants nouveaux par leur adaptation à des existants antérieurs.

L'invention et la découverte, d'ailleurs, ne se rapportent pas nécessairement à un équipement matériel ni à des réalités visibles.

La découverte de la valeur morale et spirituelle de la liberté, par exemple, a exercé sur nos cultures une influence aussi profonde que l'invention du feu sur les premières communautés humaines.

Historiquement, l'idée de l'immortalité individuelle et ses conséquences ont produit des transformations culturelles et sociales plus importantes que l'invention de la roue.

Le préhistorien contemporain V.

G.

Childe a montré que la notion d'« équipement spirituel » joue un rôle déterminant dans l'évolution de l'humanité.

« Les sociétés, dit-il, ont à réagir autant à leur milieu spirituel qu'à leur milieu matériel, et c'est pourquoi elles se sont donné un équipement spirituel sans se borner à un matériel d'armes et d'outils.

» Aussi, le passé, la tradition, la commémoration ne cessent d'évoluer.

La commémoration du passé ne doit pas être stérile.

Cette commémoration doit être fructueuse pour l'action et ne doit pas se résumer à une admiration d'antiquaire comme le souligne dans ses Secondes considérations inactuelles.

L'homme doit trouver dans son passé, l'inspiration pour bien agir dans le présent. Conclusion. Il faut comprendre que la commémoration est besoin naturel.

Mais il ne doit pas prendre toute la place au risque de faire sombre l'homme dans la nostalgie, la mélancolie.

Revenir sur son propre passé et sur le passé de sa Nation ou communauté est sain et peut être positif pour donner un nouvel élan à l'action. Mais cette commémoration du passé a toujours la possibilité d'être instrumentalisée, utilisée par des régimes politiques peu scrupuleux.

Cette commémoration ne peut être que de façades, purement politique et intéressée.

Ce qui ne doit faire passer pour réactionnaire et nationaliste toute commémoration du passé.. »

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