Pourquoi le progrès scientifique n'a-t-il pas favorisé la disparition des religions ?
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«
Termes du sujet:
SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace.
Corps
de connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience.
PROGRESSER /PROGRÈS:
* Progresser: évoluer du moins bien vers le mieux, (s') améliorer.
* Progrès: 1) Passage graduel du moins bien vers le mieux, évolution dans le sens d'une amélioration.
2) Le Progrès:
marche en avant de la civilisation, par le biais du développement des sciences et techniques.
L'idée selon laquelle le progrès scientifique rend caduque les religions, que le savoir pourrait se substituer
entièrement à la foi, est un doux rêve positiviste.
D'abord parce que, il n'y a pas de savoir sans croyance.
Mais
aussi et surtout, parce que les sciences excluent de leur domaine, par souci méthodologique, des questions
fondamentales: celles qui se rapportent au sens ou au non-sens de notre univers et de notre propre existence.
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Pourquoi y a-t-il de l'ordre plutôt que du désordre ? Pourquoi la vie
naît-elle de la mort ? Sur ces questions et sur bien d'autres, les sciences restent muettes.
Ajoutons qu'il y a la misère matérielle et que, lorsque nos besoins sont satisfaits, il y a la détresse psychique, en
particulier la certitude de la mort.
Qu'un monde informé par la rationalité scientifique et technique, où domine le
productivisme, la recherche de la
rentabilité et du profit à tout prix, ne peut satisfaire le besoin de sens de l'être humain.
Le progrès dans quel but ?
Quelle humanité voulons-nous ? Quel type de société serait vraiment souhaitable ? S'agit-il simplement de
progresser pour survivre ? Il y a et il y aura toujours une place pour la croyance religieuse.
Et celle-ci est toujours
donatrice de sens et donc fondement d'intelligibilité, mais sa limite est sa pente vers l'obscurantisme et le fanatisme.
Si la science pour condamner les croyances irrationnelles, elle ne peut que tolérer des croyances qu'elle ne saurait
ni justifier ni réfuter.
Quant aux religions, peuvent-elles se dispenser du savoir scientifique et refuser d'évoluer, si
elles veulent rester vivaces ? On peut songer à Teilhard de Chardin qui, prenant conscience du danger qui résulte de
la coupure entre la science et la foi, a tenté dans son oeuvre de concilier la théorie de l'évolution avec l'idée de la
création du monde et de l'homme par Dieu.
Il a été ainsi amené à rejeter le mythe de la création en six jours et à
adopter l'idée d'une "cosmogenèse", cad d'une création continue, qui ne cesse de se produire.
Apparu, de son
vivant, comme un fondateur d'hérésie, il est aujourd'hui réhabilité par le Vatican.
Il y a certainement une contradiction entre sciences expérimentales et foi religieuse.
Par leurs objets, leurs
démarches, leurs buts ultimes, ces deux approches du monde suivent des axes contraires.
Cette contradiction peut
se lire dans l'histoire réelle des conflits entre les Églises et le monde scientifique; la fameuse « affaire Galilée » n'en
est qu'un épisode spectaculaire.
Mais peut-on parler d'une véritable guerre d' « influences » entre religion et sciences ? Peut-on supposer que la
première recule en cédant du terrain lorsque les secondes progressent ? Là encore, l'histoire des idées semble
corroborer cette idée.
Mais les choses sont peut-être moins simples; on remarque par exemple que les espoirs de
disparition de la religion fondés par un certain positivisme sur le progrès des connaissances ont été déçus.
L'existence de savants qui sont également croyants, l'apaisement récent du conflit entre hommes de science et
religieux nous incitent à penser que l'antagonisme n'est pas aussi absolu qu'il y paraît.
Il faut donc examiner sur quel terrain a lieu l'affrontement, quels sont ses enjeux, ses contenus et, peut-être, ses
limites.
La foi religieuse vise à un accès « sentimental » à Dieu ; Pascal définit la foi : « Dieu sensible au coeur, non à la
raison.
» Refusant toute démonstration, preuve ou vérification, la foi se satisfait de sa certitude subjective (il existe
bien des preuves de l'existence de Dieu, mais elles sont l'oeuvre de la raison, non de la foi, qui est assez forte pour
s'en passer).
Il faut ajouter que la foi religieuse s'appuie sur des textes sacrés ; cette référence à des textes
s'autorise d'une origine divine de ces textes.
Bien que des textes comme le chapitre de la Genèse dans l'Ancien
Testament n'aient en aucune façon le statut de textes scientifiques, ils partagent néanmoins avec les sciences
certains objets (ici : l'apparition du monde et de l'homme).
Il est assez clair que tous les éléments sont réunis pour un conflit de la foi religieuse avec les sciences
expérimentales, qui visent à une connaissance rationnelle de la réalité, démarche qui ne tolère aucun appel à
quelque principe d'autorité que ce soit.
A ces éléments on doit ajouter le fait primordial suivant : de tous temps les
Églises (au premier rang desquelles la catholique) ont constitué des pouvoirs au sein de la société ; face à ces
pouvoirs d'une puissance extraordinaire, les sciences n'ont que très tardivement réussi à imposer leurs structures de
« contre-pouvoirs ».
Les noms de Copernic, Giordano Bruno, Galilée, Darwin, Freud, jalonnent la longue histoire du conflit entre sciences
et religion.
Mais peut-on affirmer que cette « guerre idéologique » a consacré un recul de la foi religieuse face aux
avancées des sciences expérimentales ? Ce n'est là qu'une question de fait, mais qui a son importance.
La réponse
doit être nuancée.
Globalement, il est clair que la religion a cédé du terrain, au fur et à mesure que les sciences
investissaient de nouveaux champs de la réalité, de nouveaux objets.
La religion s'est absentée définitivement de la
compréhension de la nature.
Mais la foi religieuse ne s'est nullement dissipée à la lumière des sciences, comme
l'espéraient certains penseurs du siècle des Lumières, ou des « scientistes » du XIX e siècle ; elle s'est plutôt
déplacée.
Cette question historique pourrait donner lieu à une étude très approfondie, qu'on ne peut mener ici.
Mais elle ne
permet pas du tout d'éluder la question de droit : peut-on légitimement demander à la foi religieuse de s'effacer
devant le progrès des sciences expérimentales ? Est-on en droit de prétendre que les découvertes, en particulier les.
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