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Pourquoi la raison recourt-elle à l'hypothèse ?

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« Définition des termes du sujet: POURQUOI: pour quelle raison, quel motif: raison intellectuelle de parler ou d'agir OU pour quel mobile, force irrationnelle qui pousse à parler ou à agir. HYPOTHÈSE: Proposition posée pour opérer un ensemble de déductions. RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos). * Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). * Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences. * Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. * Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. * Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience) * Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène). * Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). Introduction Pour le sens commun, la raison est la faculté humaine permettant de produire des énoncés échappant à toute discussion et soustraits à l'incertitude des opinions.

Ce qui est démontré par un raisonnement clair et cohérent est établi une fois pour toutes.

Le comble de la certitude rationnelle semble atteint en mathématiques, où toutes les propositions démontrées, les théorèmes semblent au-dessus de toute contestation.

C'est pourquoi il est troublant pour le sens commun de découvrir que tout raisonnement repose sur des hypothèses, y compris en mathématiques où les théorèmes ne sont possibles que sur la base d'axiomes et de postulats, donc d'hypothèses.

Pourquoi la raison doit-elle recourir à l'hypothèse ? Est-ce un aveu d'impuissance, la marque d'une imperfection de la raison ? Est-ce la preuve qu'elle est incapable de tout démontrer, ou plus grave encore, cela ne relativise-t-il pas le résultat de toute démonstration, puisque celle-ci ne peut reposer que sur des hypothèses ? I) Le recours à l'hypothèse : un échec pour la raison ? A) La raison cherche à démontrer, à établir fermement la vérité d'une proposition. I) La raison comme recherche de l'anhypothétique, de l'immuable, de l'Idée éternelle (Platon) Le problème de l'Idée se présente d'abord chez Platon sous une forme politique.

Si l'on se contente de l'opinion pour gouverner une Cité, on n'obtiendra jamais que des apparences de justice, d'honnêteté ou de vérité.

L'apparence n'est qu'un semblant, qui n'est ni fiable, ni solide, comme une parole que l'on lance sans plus y penser ensuite.

Pour tenir un discours qui transcende les apparences, qui dépasse le changement et le mouvement des opinions, il faut s'en séparer et faire l'effort d'aller jusqu'aux Idées.

Le plan des Idées est un plan supérieur où se réalise une connaissance absolue et où se tient la vérité.

On ne peut l'atteindre au moyen de nos sens : pour chaque opinion soutenue, il n'est pas difficile en effet de démontrer le contraire, en changeant par exemple de perspective, ce qui n'est finalement qu'un simple changement d'apparence.

Au mieux, l'opinion peut être "droite", c'est-à-dire conforme à la vérité, mais, de manière générale, la connaissance sensible est un obstacle à la connaissance vraie.

Il faut sortir de l'opinion pour accéder à la connaissance philosophique, comme un plongeur s'arrache de l'eau pour regagner la terre ferme.

Il ne s'agit pas de supprimer le sensible, mais de le dépasser.

L'éducation de l'âme (la psychagogie) est donc essentielle pour opérer sa conversion (metanoïa) vers le domaine des Idées.

L'objet de la philosophie, ce sont les Idées ou formes essentielles des choses et de tout ce qui existe dans le monde sensible.

L'idea est la forme visible par l'oeil de l'esprit.

Elle est ce qu'il y a de plus réel dans le réel, à la fois forme et structure de ce qui constitue les objets existants.

Toute Idée génère la réalité sensible par participation : une action est juste quand elle participe de l'Idée de Justice, un corps est beau quand il participe de l'Idée de Beauté, mais les objets fabriqués par les artisans participent eux-aussi de l'Idée de Lit, de Maison, de Tunique, etc.

Chaque être existant, qu'il soit naturel ou fabriqué, tire donc sa réalité vraie de la participation à l'Idée dont il procède.

L'Idée est à la fois transcendante et immanente, origine et finalité : elle est l'essence des choses. Dans le livre VII de la République, Platon expose les rapports entre l'être et la connaissance à l'aide de l'allégorie de la caverne, représentation "illustrée" d'un exposé mathématique présenté au livre VI.

Au monde sensible, composé de choses perçues et de leurs formes dégradées, ombres ou mirages, correspond la connaissance sensible, qui relève du domaine de l'opinion.

Celle-ci se répartit en deux domaines : la croyance ou la perception pour les choses sensibles, l'illusion ou la conjecture pour les formes inférieures.

Au monde intelligible, finalisé par l'Idée du Bien, qui éclaire toutes les autres Idées ou formes, correspond une connaissance intellectuelle par Idées.

Les objets mathématiques appartiennent au monde intelligible et sont l'objet d'une connaissance discursive.

La totalité du domaine intelligible est finalisée par l'Idée suprême de l'Un-Bien qui fonde la cohérence et l'harmonie du tout.

Plus on s'éloigne de cette Idée, plus la connaissance s'obscurcit.

De cette corrélation stricte entre l'ordre de l'être et l'ordre du connaître s'ensuit toute une série de rapports : les Idées sont aux objets mathématiques ce que les choses sensibles sont à leurs apparences fugitives et imparfaites.

La connaissance par Idées est à la connaissance par concepts ce que la perception sensible est à l'illusion, ou ce que la croyance est à la supposition.

Enfin, plus nous approchons le domaine des Idées, plus nous approchons l'être et la vérité, connaissance, être et vérité se fondant. »

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