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Pourquoi échangeons-nous ?

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« Introduction & problématique: L'échange, c'est la vie : le vivant se définit en partie par son rapport d'échange avec son environnement; c'est même l'ensemble des rapports d'échange qui définissent le « milieu » naturel d'une espèce donnée. Chez l'homme le cycle des échanges a pris une dimension spécialement étendue et a quitté le terrain purement biologique pour prendre sa dimension culturelle, si bien que la question « Pourquoi échangeons-nous? » devient pertinente : s'agit-il dans le fond d'une simple fonction naturelle, ou y réalisons-nous une dimension proprement sociale? Dans une civilisation où les échanges prennent une ampleur inouïe, la question prend un relief particulier car elle devient un enjeu social et politique essentiel. I.

Une nécessité économique. Le fait des échanges semble s'expliquer avant tout par nos conditions d'existence : de même que le phénomène social remplit une fonction de collaboration en vue d'une survie mieux garantie, de même les échanges semblent être un corollaire de cette collaboration sociale. • Aménager la répartition naturelle des biens. Les échanges sont tout d'abord nécessaires pour organiser une répartition des biens disponibles : dès que les hommes commencent à humaniser l'espace, une circulation des biens devient indispensable car tout ne se trouve pas dans le même lieu. • Spécialisation et division du travail. De même, comme l'analysait déjà Aristote, le processus de spécialisation des tâches et de division du travail rend indispensable la mise en place d'échanges réglés et l'invention de monnaies d'échange.

Dès ce stade, les échanges prennent un caractère conventionnel qui en complique la fonction. Aristote: « La monnaie, jouant le rôle de mesure, rend les choses commensurables entre elles et les amène ainsi à égalité; car il ne saurait y avoir communauté sans échange, ni échange sans égalité.

» L'invention de la monnaie est moment essentiel dans l'histoire des échanges. Platon dit que les hommes ont très vite senti le besoin de se répartir les tâches et que de là est naît la mise en ordre de la société, et une juste division du travail.

Cette division du travail au sein d'une société, voire entre des sociétés voisines, a amené les hommes à échanger leurs produits de leur travail.

Echanger un produit (qu'on a en trop) contre un produit (qui manque) est le principe du troc.

Beaucoup de sociétés primitives ne connaissent que le troc.

Cependant, avec le développement du commerce, les hommes ont créé un étalon de mesure commun permettant de faciliter et d'augmenter les échanges.

La monnaie permet en effet de comparer la valeur de choses de nature très différentes.

La valeur d'échange d'un objet n'est pas relative à l'évaluation des protagonistes de l'échange, elle est fixée d'avance par un prix en argent.

La monnaie favorise ainsi la justice dans l'échange en introduisant une unité de mesure commune, et en permettant ainsi une plus grande objectivité dans le calcul de la valeur d'échange des produits. Seulement, comme l'a vu Aristote, l'argent, de moyen d'échanger de façon apparemment équitable, est devenu rapidement la fin, le but de l'échange. L'art d'acquérir des richesses (la chrématistique, selon la terminologie d'Aristote) vise originellement à satisfaire les besoins des uns et des autres, et constitue un prolongement de la nature; mais très vite, l'art d'acquérir des richesses s'est écarté de sa fin naturelle, il est devenu l'art d'acquérir l'argent.

L'argent censé mesurer la valeur respective des objets échangés, est devenu par lui-même une valeur, et même une valeur fascinante (d'où l'utilisation, au début, de métaux précieux, comme l'or ou l'argent, pour frapper la monnaie).

“L'argent ne fait pas de petits“, dit Aristote.

Cependant la chrématistique s'est éloignée de son utilité première pour devenir un moyen d'acquérir plus d'argent, en faisant de l'argent un produit d'échange lui-même, en vendant de l'argent, par exemple en “prêtant“ de l'argent moyennant des intérêts (tel est le prêt usurier, condamné par l'Eglise au Moyen Age). • Logique économique et justice. Dès que l'on considère un réseau économique un tant soit peu élaboré, les motivations de l'échange se compliquent et se recouvrent mutuellement : à la nécessité de répartition de biens rares répond l'ambition d'accumulation à des fins de puissance.

On voit ici qu'il ne suffit plus de dire que les hommes échangent entre eux : les échanges sont marqués par des positions de domination ou d'infériorité, par des visées stratégiques ou des revendications de justice.

La pratique des échanges devient alors un domaine dont le lien avec les besoins réels n'est plus direct. II.

Une pratique sociale. Dérivés d'une fonction économique mais informés par la culture, les échanges ont alors, plus ou moins explicitement,. »

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