Pourquoi cherche-t-on a etre reconnu par les autres ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
La question « pourquoi ? » demande que l'on s'interroge sur les causes d'un phénomène, sur son origine.
L'objet ici
en question est le fait de « chercher à être reconnu par les autres ».
Le verbe « chercher à » montre que c'est un
effort que nous accomplissons qui est mis en question, donc, plus généralement, un comportement que nous
adoptons : le sujet semble donc porter sur une attitude propre à l'humanité, désignée par le pronom « on ».
Ce vers quoi tend vers cet effort est le fait d'être reconnu par les autres.
Être reconnu n'est pas être connu : la
reconnaissance comporte une dimension de prise en compte totale de ce que nous sommes ; la notion de
connaissance ne possède pas cette dimension.
Ceux qui doivent accomplir cette reconnaissance, ce sont les « autres » : autrui, c'est mon semblable humain – on
considère qu'un groupe de personnes est un groupe d' « autres », contrairement à un troupeau de buffles par
exemple -, mais c'est aussi celui qui est différent de moi.
La question de l'altérité contient ces deux notions de
similitude et de différence.
On aborde alors les éléments suivants : « Le sujet part ici d'un constat : nous cherchons à être reconnus par les
autres.
Que signifie cette notion de reconnaissance ? Pour aborder cela et clarifier le sens du sujet, partez par
exemple de la notion d'ignorance et saisissez en quoi le fait d'être ignoré par les autres peut être insupportable.
Demandez vous alors de quelle manière nous voulons être reconnus.
Essayez de voir en quoi cela met en cause
notre image auprès des autres et en quoi cette image peut être essentielle pour nous.
Il faut alors s'interroger à
savoir pourquoi le rapport aux autres nous met dans cette attitude de représentation nécessaire.
Ce sujet vous
demande alors de vous interroger sur la place et le rôle de l'autre dans notre rapport à nous-mêmes.
Vous pouvez
par exemple voir comment le rapport à l'autre peut déterminer l'estime de soi.
Comment le rejet de l'autre peut
conduire au mépris de soi...
Cela ne tend-il pas à saisir ce en quoi l'autre peut être déterminant pour nous et ce en
quoi il nous constitue ? »
L'aide de votre professeur met en avant les concepts d'image de nous auprès d'autrui, et pose la question de la
représentation que nous nous créons de nous-mêmes et que nous affichons auprès des autres : il faudra proposer
une explication de l'existence de ces phénomènes de représentation, ce qui sera révélateur de la relation que nous
entretenons avec autrui du point de vue de la construction de notre propre être.
C'est en effet dans ce travail sur
notre relation à autrui tournée vers la constitution de nous-mêmes que l'on pourra certainement trouver les causes
de notre recherche de reconnaissance auprès des autres.
Eléments pour le développement
* Reconnaissance par l'autre et conscience de soi
Hegel, Précis de l'encyclopédie des sciences philosophiques
« 430.
Une conscience de soi pour une autre conscience de soi est tout d'abord immédiate comme autre chose pour
une autre chose.
Je me vois en lui moi-même immédiatement comme Moi, mais j'y vois aussi un autre objet étant là
(daseiendes) immédiatement, en tant que Moi absolument indépendant en face de moi.
La mise de côté de
l'individualité de la conscience de soi a été la première ; par là elle n'a été déterminée que comme particulière.
Cette
contradiction lui inspire le désir de se montrer comme soi libre et d'être présente pour l'autre comme tel, c'est le
processus de la reconnaissance du moi.
431.
C'est une lutte ; car je ne puis me savoir moi-même dans l'autre en tant que l'autre est pour moi une autre
existence immédiate ; mon but est donc de mettre de côté son immédiateté.
Je ne puis non plus être reconnu
comme immédiat, sauf, en tant que je mets de côté en moi l'immédiateté et permets ainsi à ma liberté d'être-là.
Or,
cette immédiateté est aussi la corporéité de la conscience de soi, en laquelle elle possède comme en son signe et
en son instrument son propre sentiment personnel et son être pour d'autres et son rapport qui, avec eux, la
médiatise.
432.
La lutte de la reconnaissance (Anerkennen) est à la vie et à la mort ; chacune des deux consciences de soi
met en péril la vie de l'autre et accepte pour soi cette condition, mais se met seulement en péril ; en effet, chacune
a aussi en vue la conservation de sa vie comme étant l'être-là de sa liberté.
La mort de l'une qui résout la
contradiction d'un côté par la négation abstraite, grossière par conséquent de l'immédiateté, est ainsi, du côté
essentiel, l'être là de la reconnaissance qui y est en même temps mise de côté, une nouvelle contradiction,
supérieure à la première.
433.
La vie étant aussi essentielle que la liberté, la lutte se termine tout d'abord, comme négation exclusive, par
cette inégalité que l'un des combattants préfère la vie et se conserve comme conscience de soi individuelle, mais
renonce à être reconnu libre, tandis que l'autre maintient son rapport à lui-même et est reconnu par le premier qui
lui est soumis ; c'est le rapport de la domination et de la servitude.
Remarque.
La lutte pour la reconnaissance et la
soumission à un maître est le phénomène d'où est sorti la vie sociale des hommes, en tant que commencement des
États.
La violence qui est au fond de ce phénomène n'est point pour cela fondement du droit quoique ce soit le
moment nécessaire et légitime dans le passage de l'état où la conscience de soi est plongée dans le désir et
l'individualité, à l'état de la générale conscience de soi.
C'est là le commencement extérieur ou phénoménal des
États, mais non leur principe substantiel.
».
»
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