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Pourqoi la misere est-elle plus particilierement innacceptable quand elle touche les enfants ?

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« ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU SUJET. Le sujet interroge une vision morale qui est portée sur la misère, et plus particulièrement sur la misère des enfants.

Est donc interrogé à la fois ce qui subjectivement nous pousse à avoir une réaction morale forte face à la misère des enfants et objectivement ce qui rend la misère des enfants « inacceptable ». Se pose alors le problème de savoir si c'est purement subjectivement que cette misère nous apparaît condamnable ou si cette attitude a un fondement objectif. Le terme de misère est en outre pris ici au sens « matériel » du terme c'est-à-dire au sens de conditions de vie misérables touchant corporellement et psychologiquement le sujet. Est interrogé enfin le statut particulier de l'enfant eu égard à l'ensemble de l'humanité.

En quoi l'enfance possède-t-elle un statut particulier au sein de la vie humaine ? Se pose alors le problème suivant : La misère, en touchant l'enfant, est elle source d'une attitude morale subjective dus à des préjugés moraux, ou estelle source d'une misère objective, se faisant ainsi archétype de la misère humaine en général ? I) L'enfance comme image de l'innocence, gravée en tous les cœurs. L'enfance apparaît à la vision morale commune comme étant l'état même de pure innocence, c'est-à-dire comme un état naturel, non corrompu par le vice qui touche pourtant beaucoup d'hommes.

C'est pourquoi lorsque la misère touche l'enfance, c'est à l'innocence, la pureté voire à l'archétype même de l'humanité qu'elle touche. On peut dire que Rousseau est le penseur naturaliste par excellence, c'est-à-dire le penseur de cet état d'innocence de pureté et d'authenticité qui touche l'enfant dans la vision morale commune.

En effet, l'idée de nature est au centre même de l'œuvre de Rousseau.

C e qui est naturel s'oppose alors chez Rousseau à ce qui est artificiel, c'est-à-dire corrompu, vicié, mauvais.

L'homme.

Dans la nature tout est ordre et c'est cet ordre que reflète l'enfance.

Le mot naturel a alors chez Rousseau deux sens : il désigne ce qui est originel ou primitif à la nature humaine.

C'est là sont sens "historique", par lequel Rousseau veut remonter l'homme primitif, naturel, sauvage, l'homme vivant en dehors de toute société.

Il désigne d'autre part ce qui est essentiel ou authentique à la nature humaine.

Dans son livre Émile ou de l'éducation, Rousseau découvre la nature dans l'enfant.

Chez l'enfant, la nature parle immédiatement : lorsque nous étions enfant, nous étions naturels, puis l'éducation a déformé nos âmes.

Dès lors l'enfance est bien cet archétype de l'innocence, de l'authenticité, de la pureté face à laquelle toute misère venant la toucher apparaît alors inacceptable.

L'enfant misérable représente alors le viol de l'état de pureté qui est à l‘origine de toute l'humanité.

C 'est donc d'abord dans la conscience morale commune que la misère touchant l'enfant apparaît inacceptable en tant qu'elle est la destruction de ce qu'il y a de plus originaire en l'homme. Mais l'attitude face la misère touchant l'enfant est-elle totalement subjective et issue d'une conscience morale commune ? La misère n'est-elle alors que le fruit d'une vision morale ou est-elle néanmoins objective ? N'est-il pas alors nécessaire de penser la misère rationnellement pour dépasser le simple constat moral ? II) La misère objective et le statut de l'enfance : la nécessité de penser la misère. La misère de l'enfant semble néanmoins ne pas tenir à une vision purement subjective issue de la conscience morale commune.

Elle est une misère objective et c'est pourquoi il apparaît de la penser et non seulement d'en avoir une vision moral subjective.

Il faut penser la misère comme étant inacceptable, pour pouvoir en trouver une solution.

C ‘est cette attitude rationnelle face à la misère de l'enfant qui semble avoir donné lieu à la Déclaration des droits de l'enfant, comme tentative raisonné de remédier au problème.

On peut citer par exemple le second principe de cette déclaration : « L'enfant doit bénéficier d'une protection spéciale et se voir accorder des possibilités et des facilités par l'effet de la loi et par d'autres moyens, afin d'être en mesure de se développer d'une façon saine et normale sur le plan physique, intellectuel, moral, spirituel et social, dans des conditions de liberté et de dignité.

Dans l'adoption de lois à cette fin, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être la considération déterminante ». Il est donc nécessaire de penser objectivement la misère de l'enfant afin de tenter d'y remédier.

C'est alors le statut même de l'enfant qui semble devoir être modifié et repensé.

En effet, penser la misère de l'enfant c'est repenser son statut, non pas comme enfant, mais comme personne à part entière.

C'est semble-t-il ce que la bioéthique à tenté de poser ces dernières années.

En effet, la question fondamentale de la bioéthique semble se poser en ces termes : à partir de quand un embryon peut-il être considéré comme personne ? Cette question apparaît fondamentale pour le statut de l'enfance en générale qui se voit attribuer le statut de personne à part entière.

Il est alors nécessaire de fonder ce statut de l'enfance afin de poser objectivement de problème de la misère de l'enfant et d'en trouver une solution. Mais dès lors, ce statut de l'enfance ne fait-il pas de la misère de l'enfant l'archétype de la misère humaine ? Dénoncer la misère de l'enfant, n'est-ce pas dénoncer la misère en général ? III) La misère de l'enfant comme archétype de la misère humaine. La misère de l'enfant semble alors pouvoir se faire l'archétype de la misère en soi, de la misère touchant toute l'humanité.

En effet, la dénonciation de la misère de l'enfant apparaît comme le moyen privilégié pour dénoncer la misère en général.

La misère de l'enfant, pensée alors objectivement devient un moyen de dénonciation, un moyen d'engagement social.

C'est comme telle qu'apparaît la démarche de V ictor Hugo dans son roman Les misérables.

Les personnages principaux de son roman sont en effet des enfants, ce qui apparaît comme un moyen pour insister encore davantage sur le caractère inacceptable de la misère. A ussi cet ouvrage est un témoignage qui, selon Victor Hugo lui- même, visait à dénoncer « la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit.

» Victor Hugo qui, dans la préface des Misérables, affirme d'ailleurs la mission morale, sociale, et politique qu'il s'est fixé en créant cette épopée : « Tant qu'il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers et compliquant d'une fatalité humaine, la destinée qui est divine… tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres comme celui-ci pourront ne pas être inutiles.

».

En dénonçant la misère de l'enfant plus particulièrement, Hugo s'engage alors politiquement et socialement dans la lutte contre la misère en général.

La misère de l'enfant sert donc d'archétype à celle de l'humanité dans son ensemble.

C'est donc la misère comme telle qui est inacceptable et condamnable, misère dénoncée au travers de celle des enfants. CONCLUSION. La misère de l'enfant apparaît dans un premier temps plus inacceptable que toute autre au sens où elle touche une image présente dans la conscience morale collective de l'enfant comme figure de l'innocence, de ma pureté et de la nature non encore corrompue par le vice.

Néanmoins il apparaît nécessaire de dépasser le cadre moral subjectif pour penser rationnellement la misère de l'enfant qui se voit alors doté d'un statut identique à celui d'une personne à part entière.

L'enfance apparaît alors comme étant l'archétype même de l'humanité, au traves de laquelle c'est la misère elle-même, dans son caractère le plus général qui est dénoncée.. »

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