Politique et Société chez Locke

« Thème 514 Politique et Société chez Locke La conséquence logique de cet empirisme se révèle dans la conception de l'état social et du pouvoir politique. Le fondement du pouvoir politique n'est à rechercher ni dans le droit divin ni dans la volonté absolue d'un souverain tout puissant.

Or lorsqu'en 1690 paraissent les deux traités du gouvernement civil, l'oeuvre de Filmer « Patriarcha ou le pouvoir naturel des rois » et celle de Hobbes « Léviathan » entendent fonder le pouvoir politique sur ces principes. Locke consacre à la réfutation du droit divin et à celui de l'absolutisme une grande part de son oeuvre politique — Il s'agit là encore de revenir aux choses mêmes et de renoncer aux spéculations.

Les hommes se réunissent en société pour « sauvegarder leurs vies, leurs libertés et leurs fortunes, en un mot leur propriété » — le but de la société est donc la conservation de ce qui est propre à chacun : nous pouvons en effet trouver dans l'histoire de nombreux exemples de sociétés politiques, nées d'une réunion volontaire et du consentement mutuel des hommes, et du reste l'homme reste toujours libre de quitter telle société politique qu'il juge déraisonnable.

Là encore Locke tire la conclusion de son expérience : il choisit de quitter l'Angleterre lorsque liberté et sécurité étaient menacées. Le pouvoir est légitime lorsqu'il est l'émanation de la volonté populaire, la souveraineté appartient donc au peuple qui la délègue à une assemblée ou à un monarque mais il reste libre de la reprendre lorsque les représentants utilisent un pouvoir qui leur est délégué pour supprimer la liberté. Avant Marx, Locke établit que le fondement de la propriété est le travail (second essai, chapitre 5), « toutes les fois qu'un homme fait sortir un objet de l'état où la nature l'a mis et l'a laissé, il y mêle son travail, il y joint quelque chose qui lui appartient et de ce fait il se l'approprie.

Cet objet, soustrait par lui à l'état commun dans lequel la nature l'avait placé, se voit adjoindre par ce travail quelque chose qui exclut le droit commun des autres hommes » — C'est le travail qui fait la propriété et donc la propriété ne peut être que privée ; mais la loi de nature en fixe les limites : tout homme a droit à ce que lui procure son travail, mais son travail seul.

Du reste la propriété privée accroît la richesse commune « un acre de terre enclose et cultivée a un rendement au moins égal à celui de dix acres d'une terre aussi riche mais restée en friche ».

L'invention de la monnaie va rendre cependant nécessaire l'instauration de lois positives pour régler le droit de propriété.. »