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Platon: l'anneau de Gygès

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« Thème 107 Platon: l'anneau de Gygès Dans la République, II, Platon relate un mythe qui illustre l'idée qu"'on ne pratique la justice que malgré soi et par impuissance de commettre l'injustice.

Gygès était berger.

Lors d'un tremblement de terre accompagné d'un orage, la terre se fendit pour laisser apparaître une crevasse.

Il y descendit et trouva un cheval d'airain, creux à l'intérieur, qui recélait le cadavre d'un géant.

Au doigt de ce cadavre était une bague en or que Gygès déroba pour la passer à son doigt.

Puis il remonta et assista au soir à une assemblée de bergers qui faisait au roi un rapport sur l'état des troupeaux, et machinalement tourna la bague autour de son doigt.

Lorsque le chaton de celle-ci était à l'intérieur de sa main, il devenait invisible.

S'il le retournait à l'extérieur, il redevenait visible.

Conscient de son pouvoir, il s'introduisit dans le palais du roi, séduisit la reine, tua le roi, et s'empara du royaume.

Tout homme doté d'un tel pouvoir miraculeux, qu'il soit d'un naturel juste ou injuste, n'aura pas le tempérament assez fort pour résister à la tentation d'en user, pour voler le bien d'autrui, tuer, séduire, "faire comme un dieu parmi les hommes".

Ce récit montre que nul n'est juste par choix mais par contrainte, que l'on ne tient pas la justice pour un bien individuel, et que chaque fois qu'il est possible de commettre l'injustice, on le fait. « ...

Gygès le Lydien était un berger au service du prince qui régnait jadis en Lydie.

Un jour, à la suite d'un violent orage, la terre se fendit et un gouffre se creusa sur les lieux de son pacage.

Stupéfait, Gygès y descendit et entre autres merveilles, que les mythes racontent, il vit un cheval de bronze, creux, avec des fenêtres par lesquelles il aperçut un cadavre d'une taille plus grande qu'un homme, qui ne portait sur lui qu'une bague d'or.

Gygès s'en empara et remonta à la surface.

Chaque mois les bergers tenaient une assemblée pour faire un rapport au roi sur l'état de ses troupeaux.

Gygès se rendit à cette réunion portant cette bague au doigt.

S'étant assis au milieu des autres il lui arriva par hasard de tourner le chaton de la bague à l'intérieur de sa main.

Aussitôt il devint invisible pour ses voisins qui parlèrent de lui comme s'il était parti.

Surpris il recommença de manier la bague avec précaution, tourna le chaton en dehors, et l'ayant fait, redevint visible.

Ayant pris conscience de ce prodige, il répéta l'expérience pour vérifier si la bague avait bien ce pouvoir; le même effet se reproduisit : en tournant le chaton à l'intérieur il devenait invisible, en le tournant à l'extérieur visible.

Dès qu'il fut assuré que l'effet était infaillible il s'arrangea pour faire partie de la délégation qui se rendait auprès du roi.

Arrivé au palais il séduisit la reine, s'assura de sa complicité, tua le roi et prit le pouvoir. Si donc il existait deux bagues de ce genre, que le juste se passe l'une au doigt, l'injuste l'autre, personne peut on penser, n'aurait une âme de diamant assez pur pour persévérer dans la justice, pour avoir le courage de ne pas toucher au bien d'autrui alors qu'il pourrait voler comme il voudrait au marché, entrer dans les maisons pour s'unir à qui lui plairait, tuer ou libérer n'importe qui bref tout faire, devenu l'égal d'un dieu parmi les hommes...» PLATON (Introduction) Le mythe de Gygès, pour être bien compris, doit être situé dans le contexte du Livre II de la République de Platon.

On pourrait dire, en des termes modernes mais parfaitement fidèles, nous semble-t-il au texte platonicien, que pour Socrate la vertu de justice est une valeur, qu'elle « doit être aimée comme un bien en soi ».

Thrasymaque — dont les propos immoralistes ont retenti tout au long du Premier Livre — nie cette valeur de la justice.

Pour lui, les chefs d'Etats en imposant des lois au peuple ne cherchent qu'à assurer leur domination ; quant aux hommes prétendus « justes » ce sont des moutons peureux et dociles qui n'obéissent aux lois que parce qu'ils n'ont pas le pouvoir de s'y soustraire. Glaucon (c'est le propre frère de Platon) qui apparaît en scène dans le Livre II ne partage pas le point de vue de Thrasymaque; mais pour provoquer de la part de Socrate une réfutation décisive il se fait l'avocat du diable et commence par proposer une réduction psychologique de la valeur de justice.

La justice dit-il « tient le milieu entre le plus grand bien — commettre impunément l'injustice — et le plus grand mal — la subir quand on est incapable de se venger ».

La justice est aimée non comme un bien en soi mais comme un moindre mal : obéir aux lois pour être en retour protégé contre l'agression des plus puissants: par peur du loup le mouton obéit à la loi du berger.

La vertu de justice est appréciée non pour elle-même, mais à cause des avantages que sa pratique confère (bonne réputation, protection des lois, etc.).

La soi-disant valeur de la vertu de justice est ainsi réduite à des motivations psychologiques, à des calculs d'intérêts.

C'est déjà une réduction psychologique dans le style de La Rochefoucauld : « Les vertus se perdent dans l'intérêt comme les fleuves dans la mer.

» D'où l'idée que le mythe de Gygès va illustrer : l'homme invisible qui pourrait impunément accomplir les plus délicieux forfaits ne pratiquerait jamais la justice. (Explication et commentaire) Gygès s'empare de l'anneau.

L'aventure de Gygès nous est contée sous la forme d'un mythe avec tous les accessoires habituels des contes : climat d'épouvante : un violent orage, la terre se fend, Gygès descend dans le gouffre; succession de prodiges : Gygès trouve un cheval de bronze, percé de fenêtres ; à l'intérieur le cadavre d'un être plus. »

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