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Platon

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Il m'est arrivé maintes fois d'accompagner mon frère ou d'autres médecins chez quelque malade qui refusait une drogue ou ne voulait pas se laisser opérer par le fer et le feu, et là où les exhortations du médecin restaient vaines, moi je persuadais le malade, par le seul art de la rhétorique. Qu'un orateur et un médecin aillent ensemble dans la ville que tu voudras : si une discussion doit s'engager à l'assemblée du peuple ou dans une réunion quelconque pour décider lequel des deux sera élu comme médecin, j'affirme que le médecin n'existera pas et que l'orateur sera préféré si cela lui plaît. Il en serait de même en face de tout autre artisan : c'est l'orateur qui se ferait choisir plutôt que n'importe quel compétiteur ; car il n'est point de sujet sur lequel un homme qui sait la rhétorique ne puisse parler devant la foule d'une manière plus persuasive que l'homme de métier, quel qu'il soit. Voilà ce qu'est la rhétorique et ce qu'elle peut. Platon

« L'imposture de la rhétorique Contrairement au dialogue philosophique, la rhétorique n'a pas pour but la recherche en commun de la vérité : son seul but est de conquérir le pouvoir par la parole.

Le rhéteur cherche à manipuler son auditoire grâce à une technique de persuasion basée sur l'imposture et la flatterie.

Par ses belles paroles, il parvient à « paraître, face à un public d'ignorants, plus savant que les savants eux-mêmes » (459c), alors qu'il n'en sait pas plus sur le sujet que ceux à qui il s'adresse.

Pour persuader, il utilise la flatterie : il suffit de dire à l'auditoire ce qui lui fait plaisir.

La seule matière que connaît le rhéteur, ce sont les opinions, les goûts, les désirs et les peurs de la foule.

Son discours ne permet pas à son auditoire de progresser vers le savoir, il ne fait que l'entretenir dans ses croyances.

Il ne l'éclaire pas sur ce qui est bon pour lui, mais le conforte dans l'illusion que l'agréable est le bien. Il m'est arrivé maintes fois d'accompagner mon frère ou d'autres médecins chez quelque malade qui refusait une drogue ou ne voulait pas se laisser opérer par le fer et le feu, et là où les exhortations du médecin restaient vaines, moi je persuadais le malade, par le seul art de la rhétorique.

Qu'un orateur et un médecin aillent ensemble dans la ville que tu voudras : si une discussion doit s'engager à l'assemblée du peuple ou dans une réunion quelconque pour décider lequel des deux sera élu comme médecin, j'affirme que le médecin n'existera pas et que l'orateur sera préféré si cela lui plaît.

Il en serait de même en face de tout autre artisan : c'est l'orateur qui se ferait choisir plutôt que n'importe quel compétiteur ; car il n'est point de sujet sur lequel un homme qui sait la rhétorique ne puisse parler devant la foule d'une manière plus persuasive que l'homme de métier, quel qu'il soit.

Voilà ce qu'est la rhétorique et ce qu'elle peut. Ce texte pose le problème de la rhétorique.

Le mot "rhétorique" provient du grec "techné rhétorikè" (art oratoire), de "rhétôr" (orateur).

La rhétorique est l’art de persuader et de séduire par le discours.

Une même idée, rehaussée par un style scintillant ou laborieusement exposée dans une langue rugueuse et sans apprêts, n'a pas la même force de séduction.

Ce constat, dans sa banalité, est lourd de sens, car, poussé à l'extrême, il subvertit la notion même de vérité : la forme l'emportant sur le fond, la vérité nue, la compétence nue et rude, n'auront que peu de poids en regard de l'illusion plaisante déployée, telle un mirage, par le rhéteur habile, funambule verbal qui vient saper le discours rationnel et le discours politique, en prenant tour à tour le visage du sophiste ou du démagogue.

Qui a raison ? Celui qui trouve la vérité, ou celui qui convainc et qui gagne, même avec du faux ? Cette ligne de partage est exactement celle qui sépare Socrate des sophistes, dont Gorgias, Protagoras ou Calliclès. On trouve donc dans ce dialogue une critique des sophistes et également une critique de la démocratie.

Mais aussi une apologie du sage qui se préoccupe uniquement de la vérité.

On raconte que Thalès, absorbé par l'observation des astres, tomba dans un puit alors qu'il avait les yeux levés au ciel.

Une servante de Thrace se gaussa de lui, qui s'évertuait à savoir ce qui se passait dans le ciel, alors qu'il ne voyait même pas ce qui se passait à ses pieds.

Les philosophes sont semblables à Thalès : ils ne connaissent ni leurs proches, ni leurs voisins; ils ne savent pas ce qu'ils font, et savent à peine ce qu'ils sont et qui ils sont.

En revanche, ils se préoccupent de savoir qu'est-ce que peut être l'homme, qu'est-ce qu'il doit faire et supporter pour se distinguer des autres créatures.

Le philosophe est inexpérimenté des affaires humaines, et s'il lui arrive parfois de tomber dans des puits, il tombe bien plus souvent dans des abîmes de perplexité.

Maladroit, gauche, il passe souvent pour un imbécile.

Ses valeurs ne sont pas courantes; soucieux qu'il est de considérer la terre entière, il tient les richesses matérielles pour peu de choses, et relativise nombre d'admirations et de respects que l'on porte habituellement à la noblesse et aux positions sociales.

Tandis que la vue ordinaire de la vie est étroite, particulière et restreinte, la perspective philosophique recherche la globalité, l'unité et la totalité. PLATON.

Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.

J.-C., mort à Athènes en 347 av.

J.-C. Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.

Il fut l'élève de l'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialement pour la musique et les mathématiques.

Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399, date de la mort du maître.

Platon se rendit alors à Mégare, auprès d'Euclide ; puis, il effectua des voyages en Égypte et en Italie du Sud.

Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta de lui faire accepter ses théories politiques.

Le tyran, outré, fit vendre Platon comme esclave, à Égine.

Là, Annicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.

Rentré à Athènes, Platon commença d'enseigner la philosophie dans les jardins d'Académos ; ce fut l'origine de l'Académie.

Il se rendit encore en Sicile auprès de Denys le jeune, mais aussi sans succès.

Il mourut octogénaire, à Athènes, désignant son neveu Speusippe pour lui succéder à la tête de l'Académie.

Toutes les oeuvres de Platon sont des dialogues.

Ils nous seraient tous parvenus, et certains textes apocryphes s'y sont ajoutés.

— C'est sous l'influence de Socrate que Platon conçut son système philosophique, premier système spiritualiste complet, qui fait du philosophe grec, l'un des plus grands, sinon le plus grand de tous les temps.

Pour les Pythagoriciens, la raison des choses se trouvait dans les nombres ; pour les Ioniens (tel Héraclite) elle était dans les forces et les éléments de la nature ; pour les Eléates, elle était une unité abstraite.

Platon fut le premier à poser un principe intelligent comme raison des choses.

— La méthode qu'il utilise dans ses dialogues est la dialectique.

Platon remonte à l'idée.

Il procède par élimination des dissemblances, et ne considère que les ressemblances, dont l'origine est commune.

Les ressemblances, qui font qu'un groupe d'individus peuvent être trouvés beaux, participent d'une beauté pré-existante, et inconditionnée.

La dialectique opère de même pour les autres notions.

Platon dégage, par ce moyen, l'Idée de la beauté.

Le point le plus important de la philosophie platonicienne est précisément la théorie des Idées.

Les phénomènes, « ombres passagères », ne renferment pas la vérité.

Il faut dégager l'intuition de la beauté de la jouissance des belles choses.

Dégager de chaque groupe d'individus le type éternel et pur, d'après lequel ils sont faits.

Les Idées, ainsi dégagées, forment une hiérarchie, dont le sommet est occupé par l'Idée de Bien.

Celle-ci est le soleil du monde intelligible, elle donne vie et lumière à toutes choses.

L'Idée de Bien est le principe de l'être et de l'intelligence ; elle est assimilée par Platon à Dieu même.

— L'homme connaît les Idées en vertu de la théorie pythagoricienne de la « réminiscence».

Savoir quelque chose, c'est se re-souvenir de ce que l'on a contemplé dans une vie antérieure.

L'amour, le « délire d'amour » s'explique lorsque nous retrouvons devant nous une beauté dont nous nous souvenons, et qui nous trouble.

— Avant la naissance, l'âme humaine parcourt la voûte du ciel, montée sur un char d'où elle contemple le monde des Idées.

Lors de la naissance, elle tombe dans le corps, où elle est emprisonnée.

Elle s'y divise et s'y répartit, dans la tête, dans la poitrine, dans le ventre.

Après la mort, l'âme injuste est châtiée.

L'âme juste, sur les ailes de l'amour, remontera jusqu'au principe de son bien.

La morale platonicienne consiste à ressembler à Dieu.

Il vaut donc mieux subir l'injustice que la commettre, et, si on l'a commise, il vaut mieux expier que ne pas expier.

— Platon a abordé le problème politique.

Il s'élève contre la position inférieure de la femme grecque.

Dans la république qu'il conçoit, la cité est un ensemble humain, où est instituée la communauté des femmes et des enfants ; chaque génération d'adultes considère comme les siens propres les enfants de la génération immédiatement postérieure.

Les arts sont soumis au soldat, qui représente le courage.

Les poètes sont exclus de la cité.

Le gouvernement appartient aux meilleurs, qui reçoivent une éducation musicale et sportive, sont initiés à la théorie des Idées et à la notion du Bien ; en un mot, aux philosophes.

Mais Platon sait bien qu'il est impossible de « faire que ce qui est juste soit fort ».

— L'enseignement de Platon s'arrête véritablement à sa mort.

Ni la nouvelle Académie, ni l'école d'Alexandrie ne le prolongent.

Saint Augustin, la Renaissance, Malebranche, telles sont les étapes du renouveau du platonisme, mais celui-ci est alors modifié par la pensée chrétienne.

Quoi qu'il en soit, l'influence de Platon durera sans doute toujours.. »

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