Philosopher nous rend-il malheureux ?
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«
INTRODUCTION
Définition des termes et problématisation : La philosophie, comme amour de la sagesse, pourrait être
comprise comme étant une activité propice à la quiétude et donc à une certaine forme de bonheur.
Cependant la
philosophie ne doit pas être comprise comme un moyen au service d'une fin.
D'autre part bien loin de faire le
bonheur de l'homme, elle produit en l'homme un sentiment de profonde ignorance pouvant occasionner tristesse et
désespoir.
Le fait de philosopher coïncide avec une prise de conscience douloureuse de notre finitude et de notre
imperfection.
Pour autant peut-on résumer la philosophie à une épreuve ? Peut-on par elle trouver un moyen de
régler sa vie et ainsi acquérir une forme de plénitude ? Afin de répondre à ces différentes questions nous allons
procéder en trois étapes.
La première consiste à présenter l'hypothèse selon laquelle la philosophie serait la
condition du bonheur.
La deuxième pose le problème d'une autre acception de la philosophie qui tend à en faire une
épreuve douloureuse.
Enfin la troisième la présente comme une règle de vie.
Première partie : Philosopher est-ce la condition du bonheur ?
1.1 L'âme et le corps.
Platon dans le Phédon nous explique pourquoi philosopher c'est
apprendre à mourir.
L'âme étant immortelle ne doit pas craindre la mort.
Au
contraire celle-ci lui permet de se délivrer du corps et ainsi d'accéder à la
réalité de Idées éternelles et immuables.
Le corps est un obstacle à la
pensée, et par là même à la stabilité de l'âme.
Le bonheur correspond à un
état paisible affranchi de toutes agitation.
La philosophie permet d'atteindre
cet état.
1.2 L'ataraxie.
L'ataraxie signifie l'absence de troubles.
Selon Epicure le bonheur
réside dans l'ataraxie.
Or c'est la philosophie qui nous permet d'y accéder.
« Quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, il ne s'agit des plaisirs
déréglés ni des jouissances luxurieuses ainsi que le prétendent ceux qui ne
nous connaissent pas, nous comprennent mal ou s'opposent à nous.
Par
plaisir, c'est bien l'absence de douleur dans le corps et de trouble dans l'âme
qu'il faut entendre.
Car la vie de plaisir ne se trouve point dans d'incessants
banquets et fêtes, ni dans la fréquentation de jeunes garçons et de femmes,
ni dans la saveur des poissons et des autres plats qui ornent les tables
magnifiques, elle est dans la tempérance, lorsqu'on poursuit avec vigilance un
raisonnement, cherchant les causes pour le choix et le refus, délaissant
l'opinion, qui avant tout fait le désordre de l'âme.
» Lettre à Ménécée.
Épicure constate que le plaisir, recherché par tous, est l'élément
essentiel de la vie heureuse.
Conforme à la nature humaine, il procure un
critère parfait de tous les choix que nous avons à faire.
Il réside dans la
sensation qui, nous mettant en rapport avec le monde, est la règle qui nous
fait choisir ou exclure.
Ce bien est inné et personnel, puisque chacun est juge
de ce qui lui convient : c'est de notre propre point de vue sensible que nous
jugeons de ce qui est pour nous un plaisir ou une douleur.
Ainsi, nous ne
recherchons pas les plaisirs qui engendrent de l'ennui, et l'on peut préférer
endurer certaines douleurs si elles sont le moyen d'accéder à un plus grand
plaisir.
L'épicurisme n'est pas une philosophie simpliste qui recherche le plaisir
à tout prix et fuit la douleur ; elle repose sur un principe de détermination, qui
est la sensation, critère complexe d'estimation des valeurs, puisqu'il aboutit à
un paradoxe : "Nous en usons parfois avec le bien comme s'il était le mal, et
avec le mal comme s'il était le bien", (Épicure).
1.3 Peut-on vivre sans philosopher ?
Le fait de philosopher loin de nous rendre malheureux semble être une
condition nécessaire à notre bonheur, entendu comme réalisation de soi.
« Or
c'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que
de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre
vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la
connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos
mœurs et nous conduire en cette vie, que n'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas.
» DESCARTES, Les
principes de la philosophie.
Transition : De prime abord il semble y avoir contradiction à vouloir faire de la philosophie une cause de.
»
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