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Peut on tout prévoir ?

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« Discussion : Un jugement de connaissance détermine une intuition sensible par un concept : il exige donc une expérience.

Alors que l'avenir c'est l'abréviation de l'allocution le temps à venir (futur signifie qui doit être).

Ainsi, comment se fait-il que cette question ait un sens puisqu'on ne peut avoir d'intuition sensible de ce qui n'est pas et que les concepts actuels seront obsolètes car ils évoluent en fonction des théories qui les construisent ? Suggestion de plan : I.

Première partie : le futur insaisissable Si "le présent était gros de l'avenir" (Leibniz) alors une connaissance de l'avenir serait possible.

Comme des racines prédéterminantes, des processus nécessaires permettraient le calcul, la prévision.

Il y aurait des lois naturelles fixes qui détermineraient rigoureusement l'état futur d'un système d'après l'état actuel.

Seulement l'avenir est l'objet q u e m ê m e le présent ne peut aider à distinguer.

Ainsi la grande difficulté de l'homme est de ne pas avoir cette maîtrise de l'avenir.

C'est cette incapacité qui souligne une part de la finitude des hommes.

Il y a donc une frustration très grande pour l'homme à se trouver face à un objet dont il ignore presque tout.

Sa seule capacité à déterminer le futur c'est une sorte de prévoyance s'appuyant sur des éléments présents qui demeureront dans l'avenir.

Seulement, même ces objets ne sont jamais certains.

Ils sont une tentative par laquelle l'homme essaye d e surmonter s a finitude, s a limite.

Dans la perspective de dépasser ses propres limites, l'homme peut donc faire appel aux sciences occultes, pour se prouver qu'il y a un moyen par lequel il peut cerner son avenir.

Ainsi, il laisse croire à l'existence d'une science qui pourrait interpréter le futur.

Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie : « Il ne faut pas empiéter sur l'avenir en demandant avant le temps ce qui ne peut venir qu'avec le temps.

» II.

Deuxième partie : la prévision Jeannière, Les structures pathogènes du temps dans les sociétés modernes : "La prospective se situe en face de cet avenir incertain, elle a pour objet l'action présente dans s e s conséquences sur l'avenir ; elle aboutit à u n e expérimentation alors q u e la prévision ne peut connaître qu'une vérification." Il y aurait donc deux types de connaissances de l'avenir : la prospective et la prévision.

La première est une projection d'une action présente et ses conséquences sur un futur proche.

Dans ces conditions, il est encore faisable pour l'homme de connaître approximativement la nature d'un avenir rapproché ; dans la mesure où il sait que ce ne sera que la suite logique d'événements actuels.

La seconde connaissance est la prévision.

Cette connaissance semble bien plus incertaine et n'être finalement qu'intuition.

Or, l'intuition n'est n i u n e science, ni un savoir.

Elle peut cependant être fondée sur l'expérience.

C'est-à-dire qu'elle peut prendre comme appui une situation similaire s'étant déjà déroulée dans le passé et induisant un certain avenir.

Wittgenstein, tractatus logico-philosophicus : « Nous ne pouvons inférer les événements d e l'avenir d e s événements présents.

La croyance au rapport d e cause à effet est la superstition ».

Il apparaît donc, ici, que la prévision et la prospective sont toutes deux une forme de la superstition, et surtout une force d e l'imagination.

Ainsi, la notion d e toute prévisibilité est u n e illusion, n o n pas d e la raison m a i s d e l'imaginaire.

Mais, cependant « comment prévoir sans imaginer ? » Bachelard, La poétique de l'espace. III.

Troisième partie : la prévoyance Bergson, L'énergie spirituelle, la conscience et la vie, La faculté de choisir : "Si, la conscience retient le passé et anticipe l'avenir, c'est précisément, sans doute, parce qu'elle est a p p e l é e à effectuer un choix : pour choisir, il faut penser à ce qu'on pourra faire et se remémorer les conséquences, avantageuses ou nuisibles de ce qu'on a déjà fait ; il faut prévoir et il faut se souvenir." Si l'homme n'a pas de certitude absolue sur l'avenir, il lui est possible d'en avoir une maîtrise relative.

La prévoyance, c'est ce que l'on tente de savoir à partir d e ce que l'on sait.

La certitude relative du présent du savoir, annonce le contour d'un savoir probable.

D'où la relation de la prévoyance et de la probabilité.

Cependant une deuxième relativité entre en jeu, il s'agit du hasard.

« Rien n'abolira le hasard » (Mallarmé) aussi précis que puisse être le calcul, la contingence demeure.

Ainsi aucune précaution n'est suffisante voire utile face au hasard.

Car le hasard est l'ensemble des événements n o n liés à des causes, par opposition au destin, qui est l'ensemble d e s événements prédestinés. Cependant, malgré cette volonté apparente des hommes de vouloir maîtriser l'avenir, n'y a-t-il pas bien au contraire un refus catégorique de voir la conséquence d'un événement présent sur un événement à venir ? Souvent on commet des erreurs malgré u n e connaissance a priori d e leurs conséquences.

O n sait par expérience passée ce qui pourra découler de certaines de nos actions et pourtant cela ne nous empêchera pas d e les commettre à nouveau.

Car, malgré tout, on ne pourra p a s nier qu'il existe certaines circonstances dans lesquelles l'homme est presque conscient de ce que lui réserve son futur.

Mais ce même savoir semble être à la fois évident et à la fois refoulé par l'inconscient.

Il existe donc une volonté d'ignorance. CONCLUSION : La connaissance d e l'avenir est donc liée à la probabilité, l'état futur d'un système ne peut être déterminé rigoureusement. L'indéterm inisme est-il provisoire ou définitif ? Tout dépend d e son origine : s'il est u n e conséquence des insuffisances d e l'expérimentation alors il est provisoire.

C'est-à-dire qu'il nécessite une approche plus approfondie et une expérience plus sérieuse.

En revanche, s'il est dû à l'essence d e l a réalité étudiée, l'indétermination est objective, définitive : c'est u n e loi.

Elle est interne à cette m ê m e réalité, par exemple savoir à q u e l â g e on mourra fait partie d'un indéterminisme définitif.

Puisque dans aucun cas il n'y a de réponse possible : c'est un savoir qui ne découle pas de l'expérience et qui ne provient pas de l'intuition.. »

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