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Peut on se passer de sacré ?

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« Le sacré est tout d'abord présent dans le domaine religieux, il y prend racine.

Le sacré définit un ensemble de réalités, que ce soit des êtres, des choses, des lieux, séparées du monde profane ordinaire, et dans lesquelles se manifeste une puissance jugée supérieure.

L'objet sacré est donc ce qui, à la base, permet de mettre l'homme de faire l'expérience d'un "tout autre", d'une transcendance.

Pourtant, notre société ne voit-elle pas le monde, comme un univers dépourvu de toute transcendance, purement matérialiste? La science ne démontre-t-elle pas qu'il n'y a aucune différence entre objet sacré et objet profane? Le sacré en définitive, ne vient-il pas de l'homme? N'est-il pas donation de sens au monde? Le sacré est force obscure et vient de la religion Le sacré donc, de prime abord, est dévolu à la religion.

Durkheim nous dit en effet qu' "une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites." (Les formes élémentaires de la vie religieuse) Toute religion est administration du sacré, elle repose sur une distinction du sacré et du profane. L'étymologie de profane veut dire ce qui est à l'extérieur du temple, du lieu consacré.

Le sacré appartient comme nous l'avons dit à un ordre de choses séparé, réservé et inviolable.

Mais la signification de ce mot est ambiguë.

Pour Caillois, le sacré est l'objet dans lequel une force diffuse et indéterminée vient se loger.

" Tout ce qui est le réceptacle [de cette force] lui apparaît sacré, redoutable et précieux." Il affirme ailleurs que "C'est du sacré que le croyant attend tout secours et toute réussite." (L'homme et le sacré) Le sacré est donc une qualité mystérieuse que les choses ne possèdent pas par elle-même mais qu'une grâce vient leur ajouter.

Dès lors, on peut parler d'un besoin du "sacré".

L'objet sacré est, en effet, celui qui permet de mettre relation avec une transcendance.

On est forcé de constater que la religion est présente dans toutes les sociétés, même les plus primitives et les moins "développées". Il semble, donc, que l'esprit humain ait besoin de croire qu'il existe un réel irréductible qui fonde notre monde naturel et qui se manifeste par le sacré.

Mais, il faut voir aussi que grâce à des rites devant l'objet sacré, l'homme tente de s'approprier cette force mystérieuse et de se la rendre favorable.

L'objet sacré est aussi celui qui peut nous permettre de maîtriser ce que nous ne maîtrisons pas.

Il s'agit en effet d'attribuer une efficacité à certaines pratiques pour se protéger de l'avenir Le matérialisme semble avoir chassé le sacré Dans nos sociétés occidentales, il semble que la religion ne soit plus une valeur fondamentale.

Les églises représentent pour beaucoup, seulement la trace de l'histoire de l'humanité, mais ne sont plus sacrées. Notre monde semble aujourd'hui dépourvu de sacré et tend à devenir entièrement matérialiste.

Le monde n'est plus alors que ce qu'il est pour nous, tel qu'il nous apparaît.

Il n'y a plus d'espoir à aller chercher dans une vie ultérieure puisque notre vie se résume à celle que nous vivons.

C'est pour cela que Nietzsche affirmait que Dieu était mort. Cela signifiait en réalité que plus aucune valeurs transcendantales ne venaient éclairer notre existence et le sens du monde et de la vie. De même, Sartre refuse toute existence divine et tout sacré.

Pour lui l'existence humaine n'est sous-tendue par aucune valeur et ne peut être en relation avec aucune transcendance.

C'est à l'homme à se prendre en charge et de donner du sens à son existence. Une philosophie existentialiste se définit par le fait qu'elle pose l'existence avant l'essence et de la sorte définit la condition humaine.

Les objets matériels dérivent d'un concept, répondent à une finalité — ce à quoi l'objet va servir — et à un ensemble de règles techniques.

Pour tout ustensile, l'essence précède l'existence, et son existence ne vaut que dans la mesure où elle réalise l'essence, c'est-à-dire par rapport à l'idée qui a permis de la concevoir et de la produire.

Dans la théologie traditionnelle, on voit en Dieu une sorte d'artisan supérieur qui a créé le monde et les hommes à partir d'une idée, d'un projet.

Lorsque Dieu crée, il sait au préalable ce qu'il crée.

Chaque individu réalise un certain concept contenu dans l'entendement divin.

Au xviiie siècle, au concept de Dieu a succédé le concept de nature humaine, chaque homme étant un exemplaire particulier d'un concept universel : l'Homme.

Du point de vue de l'idée ou de l'essence, c'est-à-dire dans le fond, tous les hommes sont semblables, quels que soient leur culture, leur époque ou leur statut social.

Pour l'existentialisme athée tel que l'a pensé Sartre, Dieu n'existe pas, il n'y a pas d'origine unique au monde, ni de référent suprême.

Il y a un donné d'origine : la réalité humaine, soit des individus qui d'abord. »

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