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A force d'observer les allées et venues de certaines personnes de votre quartier, de les rencontrer aux mêmes endroits, de les voir passer devant votre domicile aux mêmes heures, vous finissez par donner à chacune d'elles, sans même la connaître, une per

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CONSEILS    Ce sujet n'est pas un commentaire. Il exige des exemples illustrant la première partie du sujet. On peut donc entrer, dès la première ligne dans le vif du devoir en suivant un ordre chronologique qui donnera de la vie à la composition demandée.  Il faudra ensuite traiter la deuxième partie du sujet dont le mot clé est sympathie signifiant éprouver de l'affection avec.  En conclusion, on montrera les effets sur l'individu de ce phénomène sociologique.    DÉVELOPPEMENT    « 8 h 15. Dépêche-toi Jean. Tu vas être en retard » dit ma mère. Mais je ne déroge pas à mes habitudes. Comme chaque matin je vais à La fenêtre du salon qui donne sur la rue pour me rendre compte du temps qu'il fait car je ne me fie guère aux prévisions de la radio dont j'ai pu constater maintes fois la fantaisie. Un coup d'œil en l'air pour découvrir une étroite traînée de ciel entre les deux remparts de maisons, puis un autre vers l'extrémité de la rue qui débouche sur une large avenue où mon regard peut se perdre dans un horizon plus ouvert. Machinalement, je porte les yeux sur les voitures bien sagement alignées le long de chaque trottoir. Ici et là quelques places récemment libérées et qui ne tarderont pas à être occupées. Je pense à mon père qui, ce soir, tournera plus d'un quart d'heure autour du pâté de maisons avant de pouvoir langer sa voiture.

« A force d'observer les allées et venues de certaines personnes de votre quartier, de les rencontrer aux mêmes endroits, de les voir passer devant votre domicile aux mêmes heures, vous finissez par donner à chacune d'elles, sans même la connaître, une personnalité et une existence particulière ; votre imagination leur prête un caractère, des occupations, des relations.

Ces inconnus vous deviennent, à la longue, aussi familiers que si vous les fréquentiez.

Montrer comment l'ensemble de ces observations, apparemment indifférentes ou insignifiantes, vous permet de vivre « en sympathie » avec votre immeuble, votre rue ou votre quartier. CONSEILS Ce sujet n'est pas un commentaire.

Il exige des exemples illustrant la première partie du sujet.

On peut donc entrer, dès la première ligne dans le vif du devoir en suivant un ordre chronologique qui donnera de la vie à la composition demandée. Il faudra ensuite traiter la deuxième partie du sujet dont le mot clé est sympathie signifiant éprouver de l'affection avec. En conclusion, on montrera les effets sur l'individu de ce phénomène sociologique. DÉVELOPPEMENT « 8 h 15.

Dépêche-toi Jean.

Tu vas être en retard » dit ma mère.

Mais je ne déroge pas à mes habitudes.

Comme chaque matin je vais à La fenêtre du salon qui donne sur la rue pour me rendre compte du temps qu'il fait car je ne me fie guère aux prévisions de la radio dont j'ai pu constater maintes fois la fantaisie.

Un coup d'œil en l'air pour découvrir une étroite traînée de ciel entre les deux remparts de maisons, puis un autre vers l'extrémité de la rue qui débouche sur une large avenue où mon regard peut se perdre dans un horizon plus ouvert.

Machinalement, je porte les yeux sur les voitures bien sagement alignées le long de chaque trottoir.

Ici et là quelques places récemment libérées et qui ne tarderont pas à être occupées.

Je pense à mon père qui, ce soir, tournera plus d'un quart d'heure autour du pâté de maisons avant de pouvoir langer sa voiture. Au milieu de la chaussée de cette rue passante, j'aperçois la locataire du 12 qui vient de lâcher son petit caniche blanc déjà occupé à flairer les voitures.

Cette femme, d'une soixantaine d'années, que je vois toujours seule, est certainement la veuve d'un homme de bonne condition.

Son élégance discrète mais recherchée et la richesse de ses bijoux sont le signe d'une situation aisée.

A son regard doux et résigné, je devine autant sa bonté que sa tristesse.

Je ne l'ai jamais vue rire, à peine un sourire contraint quand elle parle à sa concierge, sur le pas de la porte.

J'imagine la monotonie de sa vie dans un intérieur cossu et je plains sa solitude.

Je comprends ses prévenances pour son chien, compagnon d'infortune, sur lequel elle veille avec un soin jaloux.

N'ayez crainte, il ne mangera rien de suspect et si quelque gros dogue barbare vient rôder autour, elle le chassera avec une énergie insoupçonnée.

Je la reverrai ce soir car aujourd'hui je rentre vers six heures, heure de la dernière sortie de Yack. En route ! Je dégringole l'escalier, n'ayant pas la patience d'attendre l'ascenseur qui est au rez-de-chaussée.

Du hall, dont la porte sur rue est ouverte, l'entends l'habituel ronflement de la «204» du voisin d'en face qui, chaque jour arrête sa voiture en deuxième file et attend impatiemment sa femme.

Tous les jours, c'est le même manège.

Il faut le voir ! Quelle nervosité ! Il tapote sur son volant, regarde sa montre en hochant la tête, puis pousse un gros soupir de désespoir de ne pas avoir vu l'ombre de sa femme dans le vestibule de l'immeuble.

Il se penche, pour lancer, à travers le pare-brise, un regard inquiet vers la fenêtre du quatrième, espérant y trouver, par l'apparition de sa femme, un apaisement à son impatience.

Cet homme d'une trentaine d'années me semble le type parfait du fonctionnaire ou de l'employé de bureau.

Ponctuel, méticuleux, redoutant toujours d'être en faute, il ne peut supporter le moindre contretemps et ses nerfs sont vite à vif.

Pourtant il est stoïque dans sa vie conjugale car c'est quotidiennement que sa patience est mise à l'épreuve par cette petite brune insouciante qui doit s'attarder devant son miroir pour remettre une boucle en place ; ou ajouter un peu de fard à une pommette. Avant de déboucher sur l'avenue, je croise le facteur à qui je dis bonjour car je le connais un peu.

Quand il se présente pour les étrennes, au moment du dîner, naturellement, c'est toujours moi qui lui ouvre la porte, ma mère étant occupée dans la cuisine.

La casquette en arrière, la grosse sacoche sur le ventre, le voilà qui déambule de porte en porte, le paquet de lettres à la main.

Souriant et goguenard, il a toujours le mot qu'il faut pour le moindre incident.

Et bavard avec ça.

Ses parlotes avec les concierges n'en finissent pas.

Je suppose que sa femme tient une loge où la T.S.F.

marche du matin au soir.

Pas de doute qu'il ne soit père de plusieurs enfants, il s'intéresse trop à la marmaille du quartier, complimentant toujours les mamans confuses et flattées, pour la gentillesse de leur progéniture. J'arrive enfin à l'arrêt de l'autobus où attend déjà, i tout près du poteau la «femme de ménage», Perdue 1 dans son manteau marron trop grand, jambes nues dans d'affreuses chaussures noires sans talons, elle semble toujours dans le même rêve qui ne finit jamais. Je suis sûr que son cabas de toile noire contient des chaussons, des gants et un fichu car, pour moi, il n'y a pas de doute, elle vient de faire le ménage dans des bureaux du quartier.

Elle inspire plus la tristesse que la pitié.

Dans quelle misérable maison vit-elle? Avec quel mari? un ivrogne ou un malade? A-t-elle été abandonnée? Elle traîne son secret au milieu de l'indifférence générale.

Mais l'austère et digne quinquagénaire toujours plongé dans son journal, un peu à l'écart, n'est pas là ce matin.

C'est un homme courtois qui s'efface toujours pour laisser monter les dames.

Il doit être chef de service dans une grande entreprise puisqu'il sort quelquefois de sa serviette bourrée des documents qu'il compulse rapidement pendant le trajet.

J'ai tellement l'habitude de le voir, que, ce matin, sa présence me manque. Depuis trois ans que j'habite ce quartier, insensiblement je me suis familiarisé avec les choses et avec les gens.

Je ne ressens plus cette impression de malaise que provoque le manque d'accoutumance.

On éprouve d'ailleurs le même sentiment à chaque changement de «milieu»: classe ou établissement scolaire, atelier ou bureau.

Il faut « se faire » à ses nouveaux camarades ou à ses nouveaux collègues, s'adapter aux nouveaux usages.

Ainsi, progressivement, mon intérêt s'est porté sur les gens du voisinage et, bien que je ne leur aie jamais adressé la parole, il m'est agréable, presque réconfortant de les rencontrer.

On se connaît, on s'est déjà vu, on fait partie d'une petite communauté où se dessine une solidarité tacite qui se manifestera concrètement à la faveur du moindre incident. Pourtant je ne crois pas que ce besoin de confiance suffise à expliquer cette sympathie.

Par quel instinct suis-je content de retrouver le même conducteur d'autobus, de voir à la terrasse du café la même marchande de journaux ou la même vendeuse de billets de loterie? C'est peut-être qu'au-delà des intérêts égoïstes ou des obligations sociales, une inclination naturelle fait qu'on aime son entourage. L'habitude, dit-on, est une seconde nature.

N'est-elle pas plutôt une autre forme de l'unique nature? La table où je travaille, la maison que j'habite, les gens que je rencontre constituent le cadre de ma vie.

Par eux je me façonne et à travers eux je me manifeste, je m'évade du « moi » dans lequel il n'y a pas d'épanouissement véritable.

Voilà pourquoi, sans doute, je suis un peu déçu si je ne retrouve pas tous les habitués à l'arrêt de l'autobus.. »

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