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« Nous n'avons pas besoin de connaître l'auteur pour comprendre et aimer son oeuvre. On peut légitimement se passer de tout recours à ce que l'on sait de l'auteur en dehors de l'oeuvre pour examiner celle-ci. » Françoise Van Rossum-Guyon, Critique du Rom

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Toute réflexion sur la littérature s'efforce de prendre en compte deux réalités : le texte écrit, et celui qui est à son origine, l'écrivain.  Pourtant, dans sa critique du roman, F. van Rossum-Guyon écrit : « Nous n'avons pas besoin de connaître l'auteur pour comprendre et aimer son œuvre. On peut légitimement se passer de tout recours à ce que l'on sait de l'auteur en dehors de l'œuvre pour examiner celle-ci. »  Cette réflexion n'établit-elle pas une synonymie abusive entre « comprendre-aimer » d'une part et « examiner » de l'autre ? S'agit-il du même projet ? Dans quelles perspectives peut-on envisager de ne point recourir à « ce que l'on sait de l'auteur » ?

« « Nous n\'avons pas besoin de connaître l\'auteur pour comprendre et aimer son œuvre.

On peut légitimement se passer de tout recours à ce que l\'on sait de l\'auteur en dehors de l\'oeuvre pour examiner celle-ci.

» Françoise Van Rossum-Guyon, Critique du Roman.

En prenant appui sur des oeuvres ou des textes que vous connaissez bien, vous direz si vous approuvez ces remarques. Introduction. Toute réflexion sur la littérature s'efforce de prendre en compte deux réalités : le texte écrit, et celui qui est à son origine, l'écrivain. Pourtant, dans sa critique du roman, F.

van Rossum-Guyon écrit : « Nous n'avons pas besoin de connaître l'auteur pour comprendre et aimer son œuvre.

On peut légitimement se passer de tout recours à ce que l'on sait de l'auteur en dehors de l'œuvre pour examiner celle-ci.

» Cette réflexion n'établit-elle pas une synonymie abusive entre « comprendre-aimer » d'une part et « examiner » de l'autre ? S'agit-il du même projet ? Dans quelles perspectives peut-on envisager de ne point recourir à « ce que l'on sait de l'auteur » ? I.

Examiner un texte. C'est le considérer comme une structure autonome, comme un objet clos.

Issue des mathématiques et de la physique, cette notion de structure s'est imposée dans le domaine littéraire : essentiellement marquée par son unité, une structure se suffit à elle-même et ne requiert pas, pour être appréhendée, le recours à toutes sortes d'éléments étrangers à sa nature (les pionniers : Ferdinand de Saussure et Lévi-Strauss, à leur suite, Gérard Genette et Roland Barthes). a) L'étude des différents éléments. Les mots et la syntaxe constituent l'objet de la linguistique, science de la langue comprenant l'étude des sons (phonétique), de la grammaire (syntaxe), du sens des mots (sémantique) et de leur histoire (étymologie). Exemple : étude phonétique d'un poème de Verlaine, recours à l'étymologie pour l'étude du poème en prose de Francis Ponge, L'Huître. b) Le texte perçu comme un ensemble. • L'étude porte alors sur les thèmes (exemples pris au hasard et très différents) : — J.-P.

Richard, (né en 1922), envisage le thème de la descente dans Voyage au bout de la nuit de Céline (Nausée de Céline, 1974). — G.

Bachelard (dans Poétique de l'espace, 1957) exploite les virtualités poétiques de la maison, de ses murs, de ses orifices dans La Vigne et la maison de Lamartine et L'Assommoir de Zola. — Charles Mauron (dans Psychocritique du genre comique, 1964) étudie les personnages du blondin et du barbon dans les pièces de Molière en particulier. — Les études thématiques faites en classe sur une « œuvre complète ». • L'étude porte sur les procédés propres à une forme : — Vladimir Propp (1895-1970) répartit, dans le conte, les fonctions narratives entre les personnages : l'agresseur, le donateur...

(Morphologie du conte, 1928). S'il fallait suivre à la lettre la proposition de F.

van Rossum-Guyon, il conviendrait de s'en tenir là, laissant de côté l'étude des déterminations biographiques et historiques de l'œuvre.

Serait-ce suffisant pour la « comprendre et aimer », actes qui supposent une sympathie, une affinité, un contact plus subjectif? II.

Comprendre et aimer. Le texte doit être aussi perçu comme une structure culturelle et mis en relation avec des éléments extérieurs à lui (Péguy nommait cette critique « la grande ceinture »). a) Le texte est mis en rapport avec son propre présent. • C'est l'étude des règles d'écriture en vigueur à l'époque de sa conception. Exemple : la rhétorique classique, sorte de guide des règles « qui font réussir » une tragédie ou une comédie et « qui donnent les moyens d'ajuster les incidents d'une histoire de telle sorte que sans choquer la vraisemblance des temps, des lieux et des autres circonstances d'une action ils puissent paraître, non pas à la vérité tels qu'ils ont été dans les faits, mais tels qu'ils doivent être pour n'avoir rien que d'agréable.

» (Abbé d'Aubignac, Pratique du théâtre, 1657.) • Il faut ajouter l'étude du rapport entre les signes et leurs usagers. Exemple : le langage des Précieux. b) Le texte est mis en rapport avec le passé dont il dépend. • On prend alors en compte les sources et les influences.

Exemple : l'influence de la comédie d'intrigue à l'italienne, de la tradition de la farce, de la tragi-comédie à l'espagnole, du burlesque de Scarron dans la conception du Dom Juan de Molière. • On étudie l'histoire des genres littéraires. Exemple : la prose romanesque, genre secondaire aux xviie et XVIIIe siècles, genre dominant au xixe siècle. c) Le texte est mis en rapport avec l'auteur. • La vie extérieure : la biographie tient compte des événements de son existence, de leur chronologie, de leur rapport avec l'œuvre.. »

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