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Peut-on se libérer du passé ?

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« Interrogez-vous sur les rapports entre le passé et le présent et essayez de justifier le sujet à partir de quelques constats révélateurs de la présence parfois trop "envahissante" du passé dans le présent.

Au demeurant, cette présence n'est pas explicite ou tout au moins, n'apparaît que de manière indirecte.

On pourrait même aller jusqu'à considérer que le passé est une dimension temporelle sans épaisseur puisque, par définition, il n'est plus.

Cependant, même si du point de vue de l'instant, le passé est mort, n'est-ce pas lui qui détermine tout présent ? De ce point de vue, ce serait à cause de l'essence même de la temporalité que nous ne pourrions nous libérer du passé car pour ce faire, il faudrait un moment dans le temps qui soit absolument créateur et nouveau, une sorte de seconde originale sans lien avec quoi que ce soit la précédant.

Ensuite, sous un rapport plus individuel, notre mémoire nous ramène constamment au passé dont le poids est ici aussi déterminant.

Se libérer du passé serait alors comme se couper de soi...

Dans ces conditions, il faut peut-être essayer de penser cette libération non comme une rupture temporelle mais comme la marque de notre volonté et de notre créativité. 1.

Le passé possède une irrésistible force contraignante. A.

Il est encore actif dans le présent, car il détermine la situation actuelle.

Notre temps présent est un legs du passé et nous n'en sommes que les héritiers. B.

Il possède un poids immense grâce aux traditions, aux coutumes ou à la mémoire.

Nous percevons le présent au travers des opinions, des préjugés ou des habitudes que nous a transmis le passé.

Il exerce une contrainte durable sur notre esprit. C.

Il pèse sur la réalité et sur notre esprit, mais doit-on pour autant estimer qu'il est absolument indépassable? 2.

Les techniques de libération du passé. A.

La cure psychanalytique ou l'étude historique critique permettent d'ôter au passé son caractère aliénant.

Elles le mettent à distance, l'objectivisent et réduisent sa force. B.

L'homme est capable de procéder à des inventions techniques, à des progrès dans les sciences, à des réformes ou à des révolutions dans les domaines politique et éthique.

Introduire de la nouveauté est toujours possible grâce aux efforts de l'imagination ou du savoir, et c'est ainsi que l'emprise du passé peut être dépassée. C.

Toutefois, cette discussion laisse indiscuté le présupposé majeur de la question.

Si l'on s'interroge sur la possibilité de s'affranchir du passé, c'est qu'implicitement on le considère comme un obstacle ou comme une limite à la liberté. Si l'animal jouit d'un bonheur que l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas de mémoire supérieure.

Seul l'homme dit « je me souviens » et pour cela il lui est impossible de vivre heureux et pleinement.

En effet : 1) C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert la conscience du temps et donc celle de la fugitivité et de l'inconsistance de toutes choses, y compris de son être propre.

Il sait que ce qui a été n'est plus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus.

Cette présence du passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vrai bonheur. 2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable.

Il marque la limite de sa volonté de puissance.

L'instant présent, ouvert sur l'avenir, est le lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance.

Le passé, au contraire, change et fige la contingence du présent en la nécessité du « cela a été ».

Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification du passé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté.

C'est pourquoi « l'homme s'arc-boute contre le poids de plus en plus lourd du passé qui l'écrase ou le dévie, qui alourdit sa démarche comme un invisible fardeau de ténèbres ». 3) Sans l'oubli l'homme ne peut pleinement vouloir ni agir : il est un être malade, il est l'homme du ressentiment.

La « santé » psychique dépend de la faculté de l'oubli, faculté active et positive dont le rôle est d'empêcher l'envahissement de la conscience par les traces mnésiques (les souvenirs). Car alors l'homme réagit à ces traces et cette réaction entrave l'action.

Par elles l'homme re-sent, et tant qu'elles sont présentes à la conscience, l'homme n'en finit pas de ressentir, « il n'en finit avec rien ».

Englué dans sa mémoire, l'homme s'en prend à l'objet de ces traces dont il subit l'effet avec un retard infini et veut en tirer vengeance: « On n'arrive à se débarrasser de rien, on n'arrive à rien rejeter.

Tout blesse.

Les hommes et les choses s'approchent indiscrètement de trop près, tous les événements laissent des traces; le souvenir est une plaie purulente.

» Le désir de vengeance et le ressentiment Cette tension de la vie pour se surmonter elle-même sous la forme de la volonté de puissance peut-elle aller à l'infini ? Une ascension infinie n'est pas possible parce que la volonté vient se heurter au temps : la volonté de puissance. »

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