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Peut-on se comprendre sans parler ?

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« Sujet : Peut-on se comprendre sans parler ? Discussion : La compréhension entre les hommes n'intervient pas qu'à travers la médiation du langage : d'autres véhicules permettent d'échanger des messages, et toute une forme de communication d'ordre sensible et corporel existe, qui autorise l'échange.

Mais pourra-t-on considérer pour autant qu'il y a « compréhension » ? Suggestion de plan : Première partie : Le langage corporel S'il fallait la parole pour se faire comprendre, le petit enfant hurlerait toute la journée de privation et de souffrance.

Justement, l'expérience extraordinaire de la communication avec le nourrisson est qu'il transmet une quantité importante d'informations par d'autres biais que par celui du langage formalisé.

Il crie, il sourit, gesticule, et l'adulte oublie qu'il fait de même.

Il appuie son discours avec les mains, lance des oeillades significatives, s'éloigne ou se rapproche, touche le corps de l'autre ou l'évite.

D'ailleurs, les sourds et muets ne sont pas définitivement emmurés, ils ont la ressource des signes, et peuvent donc entrer dans l'échange avec autrui.

En outre, le corps parle sans que le sujet en ait l'intention ni la conscience : les genoux serrés, les bras repliés sur la poitrine, les doigts martelant le bureau, il y a mille manières de dire, la défensive, l'agressivité, l'agacement, le désir. « Il faut affirmer si nous voulons comprendre, et nous donner si nous voulons sentir.

» Situations (1947) Sartre.

Cette dernière citation permet de saisir la nuance qui sépare les deux modes de communication ; de fait, le langage des sens fait « sentir » et ne suppose pas une opération de l'intelligence. Deuxième partie : La supériorité de la parole « Les pies et les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'est-à-dire en témoignant qu'ils pensent ce qu'ils disent.

» Descartes, Discours de la méthode. Même si nous disposons d'une variété de signaux, et d'une grande richesse d'expression, il n'empêche que seul le langage permet de s'assurer que chacun comprend la même chose.

L'essentiel du langage c'est la forme de la réponse.

Comme les pies nous pouvons émettre des sons, mais si nous sommes véritablement entendus cela ne signifie pas que le son a été perçu mais que son contenu profond a été compris. « Dire quelque chose n'est jamais simplement dire quelque chose, mais : 1.

Dire quelque chose à quelqu'un ; 2.

Lui faire comprendre ce qu'on veut lui dire.

» Habermas, Théorie de l'agir communicationnel, 1981.

L'opération de la compréhension passe par ce mouvement d'aller et de retour. Troisième partie : L'insuffisance du langage "Le langage travestit la pensée.

Et notamment de telle sorte que d'après la forme extérieure du vêtement l'on ne peut conclure à la forme de la pensée travestie ; pour la raison que la forme extérieure du vêtement vise à tout autre chose qu'à permettre de reconnaître la forme du corps." Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus. Tout ce que je veux signifier est prisonnier d'un lexique, d'une syntaxe, d'une grammaire : n'y a-t-il pas faiblesse à se cantonner dans un système nécessairement lacunaire ou imparfait ? Cette lacune, Montaigne la consigne partout, et il montre comment toute forme d'adresse à l'autre s'appuie justement sur l'autre pour tenter d'atteindre à une certaine vérité : « Car je fais dire aux autres ce que je ne puis si bien dire tantôt par faiblesse de mon langage, tantôt par faiblesse de mes sens.

Je ne compte pas mes emprunts, je les pèse.

» Essais Montaigne. Il faudrait donc tendre vers une expression universelle, plus complexe que le corps, plus complexe que le langage formalisé, quelque chose qui franchirait l'espace et le temps et participerait quant à son interprétation aussi bien des sens que de la raison. « Le langage absolu se retrouve en tous les arts, qui, en ce sens, sont comme des énigmes, signifiant impérieusement et beaucoup sans qu'on puisse dire quoi.

» Vingt Leçons sur les beaux-arts, Alain. Conclusion : On comprend donc sans parler des messages simples : attraction, répulsion, émotivité, mais on ne peut, sans le recours au langage accéder à l'abstraction.

La parole c'est la capacité à la réflexion, à la pensée, donc à un haut degré d'élaboration de l'intelligence.

La parole c'est aussi, le retour, la vérification, le dialogue, donc la capacité à affiner progressivement la qualité de l'échange.

Cependant, le langage trouve lui-même sa faille, et semble conduire à l'idée d'un universel à la fois sensible et réflexif.. »

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