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Peut-on parler d'un règne de la technique?

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« Il semble difficile d'imaginer ce que serait la vie de l'homme sans la technique, au sens de technè grecque, c'est-àdire sans la fabrication, la production d'objets matériels.

L'homme se place d'entrée dans le règne du faire, de l'artificialisme qui lui permet tout simplement de subvenir à ses besoins et de survivre.

Aussi, il faut comprendre ce qu'on entend par règne.

Le sujet sous-entend que la technique dominerait toutes les sphères de la vie humaine, qu'elle se serait accaparée des domaines qui ne seraient pas de son ressort, qu'elle outrepasserait certaines limites. Et c'est là que demeure un problème, où se trouve la limite de la technique, quel est le critère qui permet de dire quand la technique prend trop d'importance ? Qu'est-ce qui a changé au cours du temps ? Le passage d'une technique purement servante de la vie à une technique qui structure la vie sociale et économique de l'homme doit être examiné si on veut savoir en quoi consiste ce règne. 1) la technique moderne et son essence. Entre la simple fabrication d'objets et le règne de la technique se trouve la révolution scientifique.

L'homme comme « maître et possesseur de la nature » selon la sixième partie du Discours de la Méthode de Descartes annonce une rupture dans l'utilisation par l'homme de la technique.

Les sciences physiques et mathématiques fournissent une connaissance plus fine de la matière, elle devient plus malléable, elle peut être transformée.

Par exemple, on peut en extraire des substances par la chimie.

Aussi ce qui en soi ne présente pas de danger quand l'homme en fait une pratique responsable, le devient quand cette maîtrise se transforme en domination, en possession.

En partant de l'idée que l'homme ne veut laisser à elle-même aucune partie de la nature, on ne peut parler que de règne de la technique.

Le monde est « arraisonné » par la technique comme le pense Heidegger dans la Question de la technique. Aussi par une disposition d'un ensemble de moyens en vue d'une fin, par une concentration des moyens de production, par la mécanisation la technique entre dans une autre ère. 1.

Le projet cartésien Pour Heidegger, l'ère moderne réalise le projet cartésien de maîtrise et de domination de la nature.

Elle est l'ère où se manifeste dans toute son ampleur la technique, la mobilisation de toutes les forces en vue d'une exploitation. Toute la nature est devenue, non plus objet de contemplation ou de pensée, mais un fonds exploitable et calculable, y compris l'homme lui-même qui n'en est que le gérant.

Ainsi, le Rhin, dont le poète savait dire le mystère, n'est plus qu'une énergie électrique potentielle, qu'une source d'énergie sommée de se livrer (La Question de la technique). 2.

La signification de la technique Cette description du monde technique n'est pas, pour Heidegger, l'occasion de s'inquiéter pour l'homme, au sens où il le croirait menacé par des catastrophes, mais de diagnostiquer un nouveau rapport de l'homme à l'Être qui s'annonce.

D'une part, l'étant, l'ensemble de ce qui est, est sommé de se livrer sous une forme calculable (ainsi, le scientifique questionne tel ou tel phénomène pour en obtenir une maîtrise mathématique) ; d'autre part, l'homme luimême est sommé d'étendre sa main ordonnatrice, de tout planifier et soumettre à ses calculs.

Le danger de la technique est l'illusion qu'elle suscite chez l'homme de pouvoir se rencontrer lui-même dans ce qui est, et donc de ne jamais pouvoir exister authentiquement. 2) Le règne de la technique, le passage par l'industrie. Marx sera celui qui élaborera théoriquement ce passage de la simple technique à l'industrie.

A la science expérimentale du 17e siècle, il faudra ajouter le capitalisme et l'industrie qui émergera véritablement en Angleterre au 18e siècle et s'étendra à tout l'occident au 19e siècle. La notion de travail développée par Marx aura son importance.

Les modes de production, le travail parcellaire et à la chaîne enlèveront à l'homme le sentiment que le résultat du travail lui appartient, il sera aliéné dans le produit de son travail.

En réalité, c'est l'homme qui est produit par son travail.

C'est la création de l'homme par l'homme (voir les Manuscrits de 1844) par le biais du travail.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que la vie spirituelle, l'organisation de la société a pour base la vie matérielle, les modes de productions, en somme la technique.

On ne peut imaginer ce que serait notre société en dehors de ses assises techniques et matérielles.

Existe-t-il des domaines où la technique ne serait pas dominatrice ? 1. La manufacture. La première forme de la division capitaliste du travail est la manufacture.

Celle-ci rassemble dans un même atelier des artisans de métiers. »

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