Peut-on parler de vérités métaphysiques ?
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«
PROBLÉMATIQUE: Vous devez mettre en rapport deux notions, la vérité et la métaphysique.
Il existe des vérités
mathématiques et des vérités empiriques singulières, c'est-à-dire des vérités qui portent sur les objets existant dans
le monde, et des vérités empiriques générales dans les sciences empiriques.
Les preuves mathématiques établissent
les premières; les sens, les deuxièmes, et les expériences scientifiques, les troisièmes.
Or, rien de tel ne semble
exister en métaphysique : les thèses métaphysiques se succèdent les unes aux autres sans que règne le moindre
consensus.
Le désaccord en métaphysique ne suggère-t-il pas qu'il n'y a pas de vérité en métaphysique, mais
seulement des opinions ? Les énoncés métaphysiques ne sont pas empiriques : ils ne dépendent pas des sens.
Ils
sont donc a priori.
Vous devez donc déterminer dans quelles conditions un énoncé est vrai a priori : les énoncés
mathématiques sont-ils les seuls énoncés vrais a priori ? Pourtant, la notion de vérité doit peut-être être prise en un
autre sens : un énoncé métaphysique serait vrai parce qu'il exprime la sensibilité des individus.
Ce mot grec, « méta ta phusika », désigna tout d'abord dans l'édition des oeuvres d'Aristote d'Andronikos de Rhodes
la série des quatorze livres qui viennent « après » (méta) les livres de Physique.
Or ces ouvrages sont consacrés
aux problèmes de la philosophie première : problème de l'être en tant qu'existant, des divers genres de causes, de
Dieu moteur immobile du monde.
Il se trouve que le mot métaphysique, qui voulait désigner la place de ces
ouvrages, convient aussi pour exprimer leur nature ; car méta veut dire non seulement « à la suite de u mais encore
"au-dessus de".
L'objet de la métaphysique serait donc la connaissance de ce qui ne tombe pas sous les sens, de ce
qui est au-dessus de la nature sensible (physis) explorée par les sciences expérimentales.
Le domaine
métaphysique, si nous suivons les suggestions de cette étymologie lumineuse — quoique fortuitement signifiante !
serait littéralement le domaine sur-naturel.
Toutefois la métaphysique n'est pas la religion, encore qu'elles portent
sur les mêmes questions (Dieu,
l'âme, la destinée humaine).
Car la méthode diffère.
La religion repose sur la Révélation, sur la Parole de Dieu
transmise dans les textes sacrés ; la métaphysique se donne en revanche pour un système de connaissances
rationnelles.
Descartes, dans l'Épître dédicatoire des Méditations, donne pour objet à la métaphysique, la
connaissance de Dieu et de l'âme par « raison naturelle ».
Le problème est de savoir si la raison est capable d'une connaissance suprasensible.
A cette question les grands philosophes classiques répondent par l'affirmative.
Pour eux la raison humaine peut
connaître la réalité absolue.
C'est l'expérience sensible qui est mensongère, qui constitue un monde d'apparences
trompeuses que la raison doit dépasser pour découvrir l'Être, tel qu'il est en soi.
Leur métaphysique est une
ontologie, une connaissance de l'Être.
Le mythe de la caverne, chez Platon, symbolise la conversion de l'âme à la métaphysique.
Les hommes sont d'abord
semblables à des prisonniers, enchaînés dans une caverne, le dos tourné vers
l'ouverture, les yeux fixés sur la paroi.
Ils ne voient rien de ce qui se passe au
dehors, ils ont pour tout spectacle les ombres mouvantes sur la muraille, qu'ils
prennent pour des choses réelles.
Mais supposons qu'un de ces prisonniers
soit brusquement arraché à la caverne et transporté à l'extérieur, en pleine
lumière.
D'abord ébloui, il s'accoutume petit à petit au monde ensoleillé qui
symbolise les idées éternelles, patrie du philosophe...
Avant de tomber dans la
prison du corps l'esprit pouvait contempler les Idées sans effort ; après la
chute, les Idées lumineuses, antérieures à notre expérience terrestre,
demeurent intérieures à notre esprit comme un souvenir nostalgique et un peu
confus, mais que nous sommes capables d'évoquer grâce à l'initiation
philosophique, au progrès dialectique qui arrache « l'oeil de l'âme u au bourbier
des sens.
Socrate invitait ses disciples à définir la vertu, le courage, la science, c'està-dire à chercher des concepts abstraits et généraux.
Pour Platon ces
concepts de notre esprit ne sont que le reflet d'Idées éternelles existant en
soi.
L'Idée est la substance même de l'Être.
La posséder c'est connaître
l'absolu.
Les philosophes du XVIIe siècle adoptent ce rationalisme ontologique.
Pour
Descartes, les « idées innées » qui sont de véritables intuitions intellectuelles
ont été déposées en notre esprit par Dieu même.
Et c'est Dieu qui garantit la
valeur de ces « semences de vérité » que tout le processus de la
connaissance ne fait que développer.
De même, si Spinoza accorde à l'évidence intellectuelle la valeur d'une connaissance absolue, c'est parce que toute
pensée claire et distincte est coïncidence avec la Pensée divine à l'oeuvre dans l'univers.
Dans ce système, comme
on l'a souvent dit, «toute vraie pensée est une pensée vraie ».
Autrement dit, lorsque je pense c'est Dieu qui pense
en moi ; et cette connaissance divine est une connaissance absolue car l'opération par laquelle Dieu pense ne fait
qu'un avec l'opération par laquelle les choses réelles sont produites : « L'ordre et la connexion des idées sont les
mêmes que l'ordre et la connexion des choses ».
« Notre âme étant une partie de l'entendement de Dieu, il est
nécessaire que les idées claires et distinctes de notre âme soient vraies comme celles de Dieu ».
Toutefois ces ambitions ontologiques se révèlent à l'épreuve décevantes, car il y a autant de métaphysiques que de.
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