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Peut-on parler de soi avec sincérité ?

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Peut-on parler de soi avec sincérité ?

« Introduction : La sincérité est une qualité des hommes qui accompagne l'exigence de vérité.

La sincérité est fille de la vérité car elle est l'expression honnête, intègre et sans déguisement, de nos sentiments et pensée.

Être sincère, c'est dire ce que l'on pense véritablement, sans considération particulière au circonstances et à la personne à laquelle on s'adresse.

Il semble donc que l'exigence de sincérité soit celle des philosophes qui cherchent le vrai et on font le principe de tout accès au savoir et au bien.

P lus encore, l'exigence de vérité est requise pour assurer la rectitude de nos relations sociales, et pour être assurée de n'être pas trompé par la parole d'autrui.

L'exigence de vérité prend racine dans un enjeu à la fois épistémique, puisqu'il est celui de la cognoscibilité (l'accès à la connaissance), et pratique, puisque la sincérité nous garanti de nos relations, et nous permet d'avoir confiance dans le discours d'autrui et de le prendre en compte pour délibérer dans nos actions.

C ependant, la sincérité est une vertu humaine qui n'est pas toujours naturelle, et qui est le fruit d'un effort humain et d'une disposition volontaire.

La sincérité, dans ce cas, n'est-elle pas une exigence impossible ? 1ère partie : La sincérité est une exigence pour tout aspirant à la vérité. La sincérité est ce qui est nécessaire pour que s'élève en chacun l'âme de philosophe et car elle est la garante du bon déroulement du dialogue entre les interlocuteurs, qui seul permet d'accéder à la vérité.

En effet, la méthode dialectique est celle de Socrate, qui interroge des hommes sur le vrai, et espère, par la confrontation des opinions et la réflexion, accéder à la connaissance du vrai, c'est-à-dire ce qui est tel qu'il est et est immuable.

Socrate fixe donc des règles au bon déroulement de la discussion, qui sont la franchise et la sincérité des interlocuteurs, et devoir de toujours répondre aux questions posées même si celles-ci sont embarrassantes pour que la discussion continue.

En outre, une réponse n'est validée que si elle fait l'unanimité de l'auditoire, c'està-dire que personne ne doit concéder par facilité à admettre une opinion qu'il ne partage pas tout à fait.

La sincérité prime donc sur le discours, qui se donne comme le contraire d'une pensée faible, froide ou cynique.

P laton répond dans La sincérité, écrit Platon dans la République, est une « disposition naturelle à ne point admettre volontairement le mensonge, mais à le haïr et à chérir la vérité… Il est de toute nécessité que celui qui ressent de l'amour pour quelqu'un, chérisse tout ce qui s'apparente et tient à l'objet de son amour… Par suite, celui qui aime réellement la sagesse doit, dès sa jeunesse, aspirer aussi vivement que possible à saisir toute vérité ».

A insi il semble que la sincérité soit une exigence naturelle et donc possible à tenir pour tout aspirant à la sagesse et à la vérité. La sincérité est une vertu qui s'étend et se développe naturellement, si bien que quand on s'y porte, on y est entraîné sans difficulté et on y entraîne les autres.

En effet, on remarque que la confession, ou l'aveu, qui est l'acte de sincérité par excellence, entraîne souvent en retour une confession ou un aveu de la part de l'interlocuteur à qui on s'adresse.

La sincérité est plaisante et appréciée, car elle témoigne de l'estime que l'on a pour autrui et de la capacité qu'on lui suppose à recevoir la vérité telle qu'elle est pour nous.

C 'est une marque de confiance et d'estime qui est recherchée, et qui se réfléchit dans les hommes qui s'y prêtent, de telle sorte qu'un être sincère envers autrui recevra en retour des marques de sincérité de ses personnes, ce qui l'encouragera doublement à continuer à être sincère avec tout le monde.

La sincérité est donc une exigence qui semble se maintenir d'elle-même, et encore plus s'alimenter et entraîner par contagion la sincérité d'autrui. 2ème partie : La sincérité est difficile à pratiquer pour le sujet. C ependant, la sincérité absolue est difficilement réalisable.

D'une part, les sentiments humains sont si complexes et si mélangés, que l'on ne sait bien souvent pas nous même exactement ce que nous ressentons, et qu'il est difficile d'exprimer avec vérité ce que nous sentons et pensons.

Si le désir de sincérité est possible, le réaliser pleinement reste difficilement praticable.

En outre, nous sommes pris dans notre subjectivité et nous ne savons pas toujours être sincères avec nous-mêmes.

David Hume explique dans le troisième livre du Traité de la nature humaine sur « La morale » que nous faisons preuve d'une extrême partialité envers nous-mêmes, si bien que nous sommes bien plus indulgents avec nous-même sur nos propres défauts qu'avec autrui.

Il semble donc qu'il soit difficile de remplir l'exigence de sincérité envers nous-même, car nous nous excusons bien des vices, tout en sachant les reconnaître parfaitement chez autrui.

Nos jugement sur nous même ne sont pas sincères, mais au contraire, toujours déguisées, altérés par notre ego. D'autre part, cette partialité du sujet met aussi à l'épreuve la partialité envers autrui nécessaire au jugement sincère.

A dam Smith, dans la Théorie des sentiments moraux , explique que le jugement moral doit être celui d'un « spectateur impartial », qui ne serait pas influencé ni par sa situation particulière, ses sentiments, ni par sa relation avec autrui.

Il doit considérer la personne qu'il juge comme s'il était indifférent à ses intérêts, tout en ayant cependant de bonnes dispositions à son égard, c'est-à-dire un degré minimum de bienveillance envers le genre humain.

O r ce statut de « spectateur impartial » reste théorique pour Smith, c'est un idéal vers lequel on doit tendre tout en sachant que l'homme a toujours des penchants égoïstes qui le font considérer son intérêt propre et sa situation particulière, dont il ne pourra jamais se défaire tout à fait.

La sincérité absolue semble donc difficilement réalisable, car nous calculons souvent les effets que produira notre discours sur autrui, et nous ne pouvons faire abstraction totale de la personnalité à laquelle on s'adresse. 3ème partie : La sincérité absolue peut être nuisible aux relations humaines - L a sincérité, qui n'est rien d'autre qu'une exigence de vérité, peut bouleverser les opinions et renverser les préjugés des personnes auxquelles on s'adresse.

Nous l'expérimentons dans notre vie quotidienne, nous ne sommes pas toujours prêts à entendre la vérité.

La vérité blesse, la vérité dérange, et la perturbation qu'elle provoque peut entraîner le refus catégorique de cette vérité qu'on ne saurait tolérer.

La sincérité peut alors être nuisible à autrui.

P ar exemple, le médecin qui désire être sincère et déclare au patient qu'il va mourir dans quelques jours risque de le traumatiser alors qu'il ferait mieux de lui mentir et de le réconforter pour qu'il s'en aille en paix, et ne redoute pas ses derniers instants.

L'exigence de vérité n'est donc pas souhaitable en toute circonstance, et pour tout être raisonnable et humain, cette exigence doit rester impossible dans certain cas. En outre, si l'exigence de vérité reste impossible c'est aussi qu'elle est parfois inacceptable de la part de l'interlocuteur.

En effet puisqu'il est parfois douloureux d'admettre la vérité, certains refuse de croire en la sincérité d'autrui, et préfèrent se consoler en se berçant d'illusions.

Dans ce cas la sincérité est inopérante, et son exigence ne peut être dite remplie complètement. O n constate que la vérité dépassant parfois la fiction, il arrive que nous ayons du mal à admettre une chose comme vraie tant elle nous paraît improbable, perturbe notre vision du monde, ou bouleverse nos opinions admises.

David Hume a compris que l'homme était naturellement enclin à croire ce qui le flatte, ce qui l'arrange et le satisfait, et que cette disposition le conduisait à accepter de fausses propositions plutôt que la vérité, lorsqu'elle va à l'encontre de ses vœux.

A insi, alors que C opernic a découvert que la terre tournait autour du soleil et n'était pas au centre de l'univers, les hommes ont continué à prétendre le contraire, et ne se sont pas laissés imposer cette vérité qui contrevenait à leur amour-propre.

La sincérité de C opernic qui était sûr de ce qu'il avançait n'a pas eu d'effet, et son exigence de sincérité n'a fait que lui nuire car il fut condamné par l'Église qui n'admettait pas qu'il rejette la théorie du géocentrisme conforme aux Écritures.

Dans certaines situations l'exigence de sincérité est donc impossible, car elle ne peut être reçue. Conclusion : L'exigence de sincérité semble tout à fait louable, car la sincérité est une vertu morale qui prouve une droiture et une honnêteté de caractère.

La sincérité est requise pour tout homme qui souhaite accéder à la vérité, et être au plus près des choses telles qu'elles sont.

L'exigence de vérité semble donc possible pour tout aspirant à la sagesse, car la sincérité lui procure satisfaction pour lui-même et pour autrui, et s'alimente ainsi d'elle-même.

C ependant, l'homme ne peut jamais être absolument sincère, tant l'expression des sentiments reste complexe, et tel qu'il est pris dans sa subjectivité, l'homme ne peut mettre complètement entre parenthèse son intérêt.

L'homme reste partial, et calcul toujours plus ou moins les effets de s a parole sur autrui.

En fait, cette impossibilité d'être absolument est non seulement naturelle, mais souhaitable, car elle garantie la pacification de nos relations sociales.

Les hommes ne peuvent pas tout se dire, car si c'était le cas « il n'y aurait pas quatre amis sur terre », écrit P ascal dans Les Pensées.

En effet, la conversation se doit d'être déguisée, enjolivée, pour que les hommes vivent en bonne société et en bonne entente.

O n voit que de toute façon la sincérité risque d'être rejetée lorsqu'elle est trop dure à accepter, et cela prouve que la sincérité est une exigence définitivement impossible.. »

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