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Peut-on opposer créer et produire ?

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« LIRE LE SUJET Au sens large et courant, «produire», c'est «faire exister (ce qui n'existe pas encore» (Petit Robert). «Produire» est donc très souvent, dans nombre d' expressions, à peu près synonyme de «créer».

Toutefois on oppose également fréquemment ces deux termes.

Par exemple, on oppose la «production», entendue comme quelque chose de mécanique, à la «création» entendue comme invention artistique.

Mais d'autres oppositions sont possibles.

La réflexion pourra se borner à creuser seulement l' une d' elles ou en examiner plusieurs, successivement ou simultanément.

Et puisque l'on demande simplement si on peut opposer produire et créer, il n' est pas interdit de chercher des oppositions originales, que l'on définira soi-même. Introduction Nous employons souvent «créer» et «produire» comme des synonymes.

Nous dirons ainsi qu'un événement historique a créé ou produit une situation nouvelle, qu'un auteur a produit ou créé une oeuvre, que le travail produit ou crée des richesses, etc.

Cependant, nous ne dirons jamais qu'un arbre a créé un fruit, mais qu'il l'a produit.

Il semble donc que l'on puisse introduire quelques différences entre produire et créer.

Essayons de déterminer lesquelles 1.

Dieu, la nature, l'homme a) Dieu seul crée, la nature et l'homme produisent On parlera plutôt de «la création du monde» par Dieu que de sa «production».

On peut ainsi opposer «produire» et «créer» en réservant la «création» à Dieu seul, la nature et les hommes ne pouvant véritablement «créer» mais simplement «produire». Qu'est-ce alors que créer quelque chose ? C'est la «tirer du néant».

Or, seul, Dieu (s'il existe) est effectivement capable de produire quelque chose ex nihilo, c'est-à-dire à partir du néant, à partir d'absolument rien.

Selon la tradition judéo-chrétienne, en effet, Dieu n'a pas créé le monde à partir d'une matière quelconque, d'un chaos préexistant, ni à partir de lui-même, de sa substance, mais à partir d'absolument rien. Mais si du non être absolu Dieu peut faire sortir l'être, tel n'est pas le cas de la nature, ni celui de l'homme.

De fait, lorsqu'ils «créent» quelque chose la nature et l'homme le font toujours à partir de quelque chose d'autre : de matériaux, de substances ; mêmes les idées nouvelles que l'hommes «crée» sont produites à partir d'idées antérieures.

Ainsi les «créations» de la nature et de l'homme ne sont-elles jamais des commencements absolus : c'est pourquoi.

ont peut, en ce sens, leur réserver le terme de «production». b) La nature produit, l'homme crée Mais si l'on ne considère plus le cas particulier et problématique de Dieu, on peut opposer produire et créer pour distinguer la spécificité des productions de «l'art humain» par rapport à celle de la nature. Dans sa Critique du jugement, Kant fait en effet observer que les productions de l'art (entendu au sens large, c'està-dire englobant aussi bien la technique que les beaux-arts) se distinguent de celle de la nature, dans la mesure où l'art est le «produit de la liberté, c'està-dire d'un vouloir qui fonde ses actes sur la raison».

En ce sens, on pourrait donc dire que seul l'homme «crée»,tandis que la nature «produit».

Nous dirons, par exemple, qu'un arbre produit un fruit, que les abeilles produisent du miel, et l'on devrait dire que l'oiseau produit son nid ou le castor sa hutte, puisqu'aucune de ces productions ne procèdent d'une volonté autonome et raisonnable ; l'homme, en revanche, crée des outils, du pain, une maison, un tableau, etc. 2.

Productions et créations humaines a) Création du travail réel, production du travail aliéné En creusant cette idée de l'autonomie de la volonté, de la liberté, à l'oeuvre dans la création humaine par opposition à la production naturelle, on peut être conduit à opposer à nouveau «créer» et «produire», mais cette fois-ci à l'intérieur de la sphère même du monde humain. • Le travail comme activité créatrice On peut en effet considérer que le fruit du travail humain est une création dans la mesure où, comme l'a souligné Hegel, en transformant la nature, l'homme transforme sa nature, que donc en un sens il se crée lui-même : il accède à la liberté.

Travailler éveille les ressources, l'intelligence du travailleur.

Dans le résultat de son travail, le travailleur contemple finalement les pouvoirs d'une conscience qui a transformé la réalité selon sa volonté, qui a fait oeuvre de création.

Une telle oeuvre manifeste la vérité de la conscience, son objectivation, sa réalisation, le mouvement par lequel elle s'est formée comme conscience libérée. »

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