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Peut-on obliger quelqu'un d'être libre?

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« Discussion : L'énoncé présente une contradiction curieuse, il rapproche deux notions hétérogènes, l'obligation et la liberté.

L'obligation présuppose contrainte, voire force, semble donc incompatible avec la liberté qui s'éprouve dans un besoin, un élan solitaire et spontané.

D'un côté la coercition, d'un autre côté le mouvement indépendant et délié. Suggestion de plan : Première partie : La liberté comme « désobligation » La liberté est le pouvoir de faire ou de ne pas faire.

C'est aussi l'absence de contraintes, dans la coïncidence avec ce que l'on désire.

La liberté s'éprouve dans différents domaines : l'expression et l'agir.

Cela se traduit par les libertés politiques, les libertés religieuses, les libertés d'opinion, de création ; de manière plus concrète, les libertés à l'école, au travail, dans la famille...

Il y a des libertés potentielles, des libertés conditionnelles et des libertés réelles.

Un prisonnier a peu de libertés, mais il en a quand même ; Jean-Paul Sartre a écrit sous forme de boutade que jamais les Français n'avaient été aussi libres que sous l'occupation.

La liberté s'exerce par opposition à la contrainte.

« Le plus libre de tous les hommes est celui qui peut-être libre dans l'esclavage même.

», Fénelon, Aventures de Télémaque. Le philosophe indien Krishnamurti a fait de la liberté le thème de tout son enseignement.

Il écrit : « La liberté ne peut se produire que d'une façon naturelle, non en la souhaitant, en la voulant, en aspirant à elle.

Elle ne se laisse pas atteindre non plus à travers l'image que l'on s'en fait.

Pour la rencontrer, on doit apprendre à considérer la vie -qui est un vaste mouvement- sans la servitude du temps, car la liberté demeure au-delà du champ de la conscience.

» Deuxième partie : Les cadres de la liberté Dans le cadre de la vie sociale, il y a des libertés irresponsables (boire et prendre le volant) et des libertés responsables : faire ce que l'on veut dans la mesure où l'on respecte la liberté des autres (écouter de la musique sans obliger les voisins à l'écouter).

La liberté n'est pas un droit égoïste, c'est un droit collectif.

L'exercice de la liberté doit s'inscrire dans ce cadre, comme cela a été écrit dans la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.

» En ce sens, tout individu pris dans le tissu des relations sociales voit sa liberté prise en compte par un système d'obligations et d e lois qui en conditionne fortement l'épanouissement.

On ne force peut-être pas quelqu'un à être libre, mais il est sûr que l'on force quelqu'un à l'assujettissement et à la liberté, l'une découlant de l'autre. Par ailleurs, comment un esprit, qui est le résultat du temps, peut-il être instantanément libre de cet arrière-plan si complexe ? La liberté de penser est conditionnée par toute une réflexion antérieure qui empêche de se dire jamais seul et neuf.

Notre environnement sociologique, historique, nous porte à penser ce que nous pensons dans une illusion de nouveauté et d'exclusivité. « Il n'y a qu'une chose que les hommes préfèrent à la liberté, c'est l'esclavage.

» écrit Dostoïevski rappelant une vieille idée selon laquelle les hommes consentiraient à leur asservissement et redouteraient d'assumer l'angoisse que serait pour eux le fait de se prendre en charge.

Dans la dialectique du maître et de l'esclave : les consciences s'affrontent, chacun veut asservir l'autre pour être reconnu par lui. Chacun des deux adversaires engage une lutte à mort.

Or, dit Hegel, l'un va accepter de risquer sa vie pour être reconnu.

Il va préférer la mort à l'éventualité de n'être pas reconnu.

L'autre, au contraire, va ressentir la peur et va préférer vivre soumis que mourir.

Le premier sera le maître, le second sera l'esclave.

Le premier ne sera plus soumis au travail, le second va travailler pour le premier. Troisième partie : Le refuge de l'aliénation Rousseau dans Le contrat social : « Ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu'il peut atteindre ; ce qu'il gagne, c'est la liberté civile et la propriété de tout ce qu'il possède.

Ce sont les autres qui nous rendent propriétaires.

» On comprend alors que la question peut trouver sa solution en faisant varier l'acception du mot « liberté », il ne s'agirait donc pas du rapport spontané au besoin et au désir mais de la conception organisée et socialement acceptable de la notion.

« L'impulsion du seul appétit est esclavage, l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté.

», Le contrat social. L'obéissance au seul appétit est esclavage et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. (Du Contrat Social) La liberté ne consiste pas à suivre nos désirs. Elle n'est pas dans l'absence de contraintes mais dans le libre choix des contraintes que l'on se donne à soi-même.

On peut appliquer cette idée au peuple.

Un peuple libre est celui qui se donne à lui-même ses propres lois, ce qui définit la démocratie. « [...] au lieu de détruire l'égalité naturelle hommes à l'état de nature, le pacte fondamental substitue au contraire une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d'inégalité physique entre les hommes, et que, pouvant être inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par convention et de droit.

» L'idée de force ne serait donc pas à admettre comme l'expression d'une violence immédiate mais comme la résultante d'un pacte collectif auquel nous sommes tous soumis, mais dont nous serions tous les garants.. »

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