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Peut-on ne pas craindre la mort ?

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« Introduction « La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort », affirmait le médecin français Bichat.

Selon cette conception, la vie et la mort sont deux forces qui s'opposent et sont en lutte jusqu'au moment où la seconde prend le dessus sur la première, c'est-à-dire, jusqu'au moment de la mort.

Peut-on ne pas penser à ce moment et surtout peut-on ne pas le craindre ? La mort est une question existentielle très présente dans la pensée philosophique ainsi que dans la pensée populaire.

Elle est tantôt objet de terreur et d'effroi, tantôt vénérée et même fêtée, personnifiée.

Dans les deux cas, on peut affirmer qu'elle suscite une certaine crainte, si l'on se réfère à l'étymologie du terme.

En effet, la crainte peut être traduite par deux mots connotés différemment en latin : timeo et vereor.

L'un signifie plutôt la peur et l'autre le respect, la crainte respectueuse.

Nous nous demanderons si nous pouvons faire abstraction de cette crainte quelle qu'elle soit. Peut-on ne pas craindre la mort ? Cette question nous engage sur une double problématique : est-on capable de ne pas craindre la mort et est-ce possible ? L'homme a une tendance naturelle à se poser des questions métaphysiques auxquelles il ne peut pas répondre et à craindre l'inconnu.

Cette crainte est d'une part résolue par l'explication matérialiste d'Épicure.

Selon lui, nous n'avons pas à craindre la mort car là où est la mort, nous ne sommes plus.

Or, notre imagination nous conduit à des craintes infondées.

D'autre part, le sentiment de crainte envers la mort est transformé en espoir par Socrate.

Pour lui, la mort est un moyen d'approcher le monde des Idées, tout comme « philosopher c'est apprendre à mourir ». I- Penser et craindre la mort, une tendance naturelle chez l'homme L'homme a une tendance naturelle à se poser des questions métaphysiques, et surtout à vouloir y répondre.

Ceci le conduit inéluctablement à se tromper et à imaginer toutes sortes de réponses, notamment à propos de la mort.

C'est ce problème qui préoccupe Kant dans la Critique de la raison pure : comment maîtriser la raison, cette faculté qui ne cesse de vouloir outrepasser les limites de ce qu'elle peut connaître ? Kant veut empêcher l'homme de tomber dans ce qu'il nomme « l'illusion métaphysique », c'est-à-dire l'illusion d'avoir trouver une réponse à quelque chose auquel, pourtant, la raison n'est pas en mesure de répondre.

La mort fait partie de ces questions métaphysiques pour lesquelles nous ne pouvons avoir de réponses.

Elle nous est inconnue, nous ne pouvons rendre compte d'une telle expérience.

Nous ne pouvons que l'imaginer.

Ce qui est inconnu à l'homme est souvent objet de crainte pour lui.

Il semble donc difficile pour l'homme d'être capable et qu'il lui soit possible de ne pas craindre la mort. Epicure met en cause cette imagination trompeuse. II- On peut ne pas craindre la mort : le matérialisme d'Épicure Pour Épicure, il est évident que l'on peut ne pas craindre la mort, il n'y a même aucune raison de la craindre.

Il l'explique dans sa Lettre à Ménécée.

Sa conception est atomiste : le corps est un agrégat d'atomes qui au moment de la mort se décompose. Il affirme que « la mort n'est rien pour nous » car au moment de la mort, nous ne sommes plus, nous ne ne sentons plus rien.

Aussi n'avons-nous pas à craindre de souffrir.

Il n'y a pas d'expérience de la mort.

Le bonheur ne doit pas être compromis par la crainte de la mort. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle du platonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas une évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien, puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière." Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous serons heureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La pensée de la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions à choisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'est jamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

De plus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucient pas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes, mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne faut donc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Une chose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est que déjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sa propre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instant présent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien,. »

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