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Peut-on faire la guerre au nom des droits de l'homme ?

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« Termes du sujet: PEUT-ON ?: est une question qui peut se poser à deux niveaux: • la possibilité pratique/technique ou la capacité, la faculté. • La possibilité morale, ou le droit ("A -t-on le droit de ?"). GUERRE: C onflit armé entre des nations, des États, des groupes humains.

Par extension, combat, lutte. HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). • T raditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon A ristote, un « animal politique ».

C e serait en effet pour qu'il puis s e s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. DROIT: a° Un droit: liberté d'accomplir une action (droit de vote); possibilité d'y prétendre ou de l'exiger (droit au travail, droit de grève). b° Le droit: ce qui est légitime ou légal, ce qui devrait être, opposé au fait, ce qui est. c° C e qui es t permis par des règles non écrites (droit naturel) ou par des règles dûment c odifiées (droit positif). Le droit positif est l'ensemble des règles qui régissent les rapports entre les hommes dans une société donnée.

Le droit naturel est l'ensemble des prérogatives que tout homme est en droit de revendiquer, du fait même de son appartenance à l'espèce humaine (droit au respect). Problématique: La question a la forme d'un paradoxe.

La guerre est un déchaînement de violence entre deux camps ennemis.

Or, les droits de l'homme désignent les droits fondamentaux des individus, au premier rang des quels le « droit à la vie ». C 'est la notion de droit en général qui s emble incompatible avec la guerre, le droit offrant la perspective d'une résolution pac ifique des conflits.

P arce que le conflit est réglé par le rapport de force, la caus e la plus juste n'est pas sûre de l'emporter.

Le droit tente au contraire de faire prévaloir la justice sur la « raison du plus fort » dont parle une fable de La Fontaine. Enfin, les droits de l'homme concernent les individus.

A u contraire, la guerre obéit à la logique collective: ce ne sont pas deux individus qui se font la guerre, mais deux États et deux armées.

O n ne voit pas comment une guerre peut être menée au nom des droits de l'homme. Le sujet cesse en revanche d'être paradoxal si l'on quitte le terrain du concept pour celui de l'histoire.

L'évolution des conflits et des armes a changé les données de la réflexion sur la guerre: elle fait plus de ravages parmi les populations civiles que parmi les armées ennemies.

À supposer qu'un État soit reconnu coupable d'exactions à leur encontre, une question se pose: peut-on le laisser continuer? Qu'est-ce qui peut alors motiver une intervention ? Non pas le droit des États souverains, mais seulement celui des hommes en tant qu'hommes.

Les droits de l'homme font en effet valoir les droits des simples individus contre ceux de l'État. Ils ont d'abord été définis dans le cadre national, au XV IIIe siècle: ils définissaient des prérogatives et des libertés que les individus pouvaient opposer à l'État, limitant ains i l'arbitraire de son pouvoir.

V oilà pourquoi les droits de l'homme apparaiss ent liés à ceux du citoyen, comme dans la Déc laration des Droits de l'Homme et du C itoyen (août 1789).

Mais leur portée est universelle: la liberté d'opinion, par exemple, est déc larée valable pour tous et pas seulement pour les citoyens de tel ou tel État. Les droits de l'homme sont ensuite, au XXe siècle, les principes universels sur lesquels on fonde un droit international.

La Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) ne fait plus mention du citoyen.

Elle est proclamée par l'A ssemblée générale de l'O NU, et non plus par un État.

C ette organisation est censée représenter la communauté internationale et tente de faire valoir un droit s upérieur à celui des États, c e qui va à l'encontre du principe de la souveraineté nationale. Le contexte de la question est constitué par l'édification au XXe siècle d'un droit international c ontraignant pour les États, et par le conflit de légitimité qui en découle: entre le principe politique qui veut que l'État soit la s eule source du droit, et le principe juridique qui le soumet à une loi supérieure.

C 'est là qu'on demande si on a le droit de déclarer la guerre à un État qui viole les droits de l'homme, mais aussi: qui en a le droit et à quelles conditions? CITATIONS: « Salut à la guerre ! C 'est par elle que l'homme, à peine s orti de la boue qui lui sert de matrice, se pose dans sa majesté et s a vaillance.

C 'est s ur le corps d'un ennemi battu qu'il fait son premier rêve de gloire et d'immortalité.

» Proudhon, La Guerre et la Paix, 1861. « La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l'adversaire à exéc uter notre volonté.

» Clausewitz, De la Guerre, 1833. La guerre « est une continuation de la politique par d'autres moyens.

» Clausewitz, De la Guerre, 1833. C 'est à la diplomatie de régler, en temps de paix, les divers conflits qui peuvent naître entre deux États ; mais quand le dialogue échoue, les militaires prennent le relais des diplomates.

Nous n'avons que trop tendance à l'oublier : les relations politiques entre nations se réduisent la plupart du temps à des rapports de forces, et la guerre n'est qu'un moyen parmi d'autres d'affirmer sa suprématie. « La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante.

» Mao Tsé-toung, De la Guerre prolongée, 1938. « Un État n'est pas [...] un bien; c'est une société d'hommes à laquelle ne peut commander et dont ne peut disposer personne, si ce n'est elle-même.

» Kant, Projet de paix perpétuelle, 1795. La communauté humaine n'est pas une chose (un bien) qu'on peut acquérir ou céder à son gré.

Un État, en tant que personne morale, ne peut être ni vendu ni échangé, ni même possédé.

C elui qui prétendrait se l'approprier, comme on s'approprie un terrain, le ravalerait au rang d'un objet. « Le gouvernement est institué pour garantir à l'homme la jouissanc e de ses droits naturels et imprescriptibles.

C es droits s ont l'égalité, la liberté, la sûreté, la propriété.

» Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 24 juin 1793. « Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son indus trie.

» Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 24 juin 1793. « Le droit de propriété est donc le droit de jouir de sa fortune et d'en dispos er « à son gré », sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société; c 'est le droit de l'égoïsme.

» Marx, La Question juive, 1844. « La sûreté consiste dans la protection accordée par la société à chacun de ses membres pour la conservation de sa personne, de s es droits et de ses propriétés.

» Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 24 juin 1793. « La sûreté est la notion soc iale la plus haute de la société bourgeoise, la notion de la police : toute la société n'existe que pour garantir à chac un de ses membres la conservation de sa personne, de ses droits et de ses propriétés.

» Marx, La Question juive, 1844. « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à s es devoirs.

» Rousseau, Du contrat social, 1762.. »

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