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Peut-on faire la guerre au nom des droits de l'homme ?

Extrait du document

« Problématique: La question a la forme d'un paradoxe.

La guerre est un déchaînement de violence entre deux camps ennemis.

Or, les droits de l'homme désignent les droits fondamentaux des individus, au premier rang desquels le « droit à la vie ». C'est la notion de droit en général qui semble incompatible avec la guerre, le droit offrant la perspective d'une résolution pacifique des conflits.

Parce que le conflit est réglé par le rapport de force, la cause la plus juste n'est pas sûre de l'emporter.

Le droit tente au contraire de faire prévaloir la justice sur la « raison du plus fort » dont parle une fable de La Fontaine. Enfin, les droits de l'homme concernent les individus.

Au contraire, la guerre obéit à la logique collective: ce ne sont pas deux individus qui se font la guerre, mais deux États et deux armées.

On ne voit pas comment une guerre peut être menée au nom des droits de l'homme. Le sujet cesse en revanche d'être paradoxal si l'on quitte le terrain du concept pour celui de l'histoire.

L'évolution des conflits et des armes a changé les données de la réflexion sur la guerre: elle fait plus de ravages parmi les populations civiles que parmi les armées ennemies.

À supposer qu'un État soit reconnu coupable d'exactions à leur encontre, une question se pose: peut-on le laisser continuer? Qu'est-ce qui peut alors motiver une intervention ? Non pas le droit des États souverains, mais seulement celui des hommes en tant qu'hommes.

Les droits de l'homme font en effet valoir les droits des simples individus contre ceux de l'État. Ils ont d'abord été définis dans le cadre national, au XVIIIe siècle: ils définissaient des prérogatives et des libertés que les individus pouvaient opposer à l'État, limitant ainsi l'arbitraire de son pouvoir.

Voilà pourquoi les droits de l'homme apparaissent liés à ceux du citoyen, comme dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (août 1789).

Mais leur portée est universelle: la liberté d'opinion, par exemple, est déclarée valable pour tous et pas seulement pour les citoyens de tel ou tel État. Les droits de l'homme sont ensuite, au XXe siècle, les principes universels sur lesquels on fonde un droit international.

La Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) ne fait plus mention du citoyen.

Elle est proclamée par l'Assemblée générale de l'ONU, et non plus par un État.

Cette organisation est censée représenter la communauté internationale et tente de faire valoir un droit supérieur à celui des États, ce qui va à l'encontre du principe de la souveraineté nationale. Le contexte de la question est constitué par l'édification au XXe siècle d'un droit international contraignant pour les États, et par le conflit de légitimité qui en découle: entre le principe politique qui veut que l'État soit la seule source du droit, et le principe juridique qui le soumet à une loi supérieure.

C'est là qu'on demande si on a le droit de déclarer la guerre à un État qui viole les droits de l'homme, mais aussi: qui en a le droit et à quelles conditions? INTRODUCTION: D'après les diverses « déclarations » qui les proclament, les droits de l'homme sont des droits fondamentaux et inaliénables qui appartiennent à tout homme du fait même qu'il est un homme.

Parmi ces « droits », nous trouvons l'égalité devant la loi, la liberté de conscience, la liberté d'expression, le droit à la propriété ou encore le principe de séparation des pouvoirs. Faire la guerre consiste à employer des moyens militaires afin de disputer et conquérir sur un autre peuple une domination politique.

Comme le disait Clausewitz « la guerre est une continuation de la politique par d'autres moyens ». A première vue, ce sujet pose un problème considérable et se fonde sur un paradoxe évident : lorsque nous faisons la guerre, nous faisons usage de la force et causons des maux à autrui, deux actions qui sont entièrement contraires aux principes édictés par les droits de l'homme.

Cependant, est-ce à dire que les droits de l'homme sont incompatibles avec une action concrète visant à faire appliquer ces mêmes droits dans les états pour lesquels ils sont lettre morte ? Si le faire que justifie les droits de l'homme n'est peut-être pas celui de la guerre, nous pouvons penser que les droits de l'homme justifient et engagent à une action pratique visant à provoquer leur application. I. Faire la guerre au nom des droits de l'homme : une démarche paradoxale Le paradoxe de la valeur de l'homme et de la guerre Entamer une action militaire à l'encontre d'un état qui méconnait les droits de l'homme au nom de ces derniers est une démarche entièrement paradoxale.

En effet, les droits de l'homme sont bâtis sur l'idée d'une valeur intrinsèque de l'humain, sur l'idée d'une valeur de la personne humaine.

La guerre, elle, implique pratiquement une totale suspension de la valeur de l'humain : elle vise à détruire l'armée adverse, elle conduit au sacrifice des hommes (pensons aux Kamikazes japonais) elle ne fait pas le tri entre adversaires capables de se défendre et innocents (ce que l'on appelle tristement les « dommages collatéraux »).

Il est donc paradoxal de faire la guerre au nom des droits de l'homme, car ces derniers sont fondés sur la valeur de l'humain. Le paradoxe des valeurs fondamentales de l'homme et de la guerre Mais plus largement, la guerre entraîne une suspension, sinon une annulation, des droits qui sont compris dans les droits de l'homme.

Elle est une situation d'exception où la propriété va cesser d'être protégée, où l'égalité devant la loi va cesser de s'appliquer car la guerre est privation de droits, suspension des lois, à l'exception de la loi du plus fort ….

La guerre est cette situation exceptionnelle où les droits de l'homme ne peuvent plus exister : il serait donc paradoxal de faire la guerre au nom des droits de l'homme alors que la guerre entraîne leur destruction…. »

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