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Peut-on exercer sa liberté sans prendre de risques ?

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« Il peut arriver que la liberté se fonde sur l'ignorance, faisant ainsi l'économie du savoir.

À travers le risque qu'elle implique, l'épreuve du doute et la notion de responsabilité qui en semblent indissociables, la liberté peut aussi représenter un fardeau dans l'existence.

Le jeu est un bon exemple de la liberté qui s'exprime au travers de la prise de risque. [Introduction] « La liberté est un de ces mots détestables qui font plus chanter que penser », se désolait Paul Valéry.

Il est vrai que cette notion philosophique essentielle n'est pas facile à définir.

Afin de mieux répondre à la question qui nous est posée, nous examinerons la liberté sous deux aspects: d'abord en tant que pouvoir de se déterminer, ensuite comme liberté au sein de la cité.

Pour chacune de ces définitions, nous nous demanderons si, en exerçant sa liberté, l'homme ne s'expose pas à certains périls.

Pourquoi y aurait-il du danger à exercer sa liberté? [I.

Si l'on définit la liberté comme la puissance qu'a l'homme de se fixer consciemment des fins, quels risques l'homme peut-il encourir à exercer sa liberté?] La condition de l'homme diffère de celle de tous les autres animaux vivants sur la Terre par le fait qu'il est dépourvu de tout instinct.

Tandis que l'animal possède dès sa naissance son plan d'action tout tracé à l'avance, l'homme, parce qu'il vient au monde privé de tout bagage instinctif, a la possibilité de se fixer librement des fins.

Ainsi toute action, parce qu'elle est consciente, participe d'un certain exercice de la liberté.

Cela ne veut pas dire que l'homme est totalement libre, mais qu'il a par rapport à l'animal une marge d'action qui constitue précisément l'exercice de sa liberté. Mais en quoi celui-ci serait-il risqué? Si l'on suit l'analyse de Sartre dans L'Être et le Néant, on remarque qu'il existe un véritable paradoxe à propos de la liberté.

On aurait tendance, en effet, à considérer que la liberté est synonyme d'absence de contrainte, mais, observe Sartre, paradoxalement la liberté est, elle-même, une contrainte: « Nous sommes condamnés à être libres », écrit-il. Dans « L'existentialisme est un humanisme », tirant les conséquences « morales » du principe existentialiste : « L'existence précède l'essence », Sartre en conclut que nous sommes radicalement libres, et par suite radicalement responsables.

Si « nous sommes condamnés à être libres », c'est que nous devons assumer une liberté que nous n'avons pas choisie, mais qui nous définit. La philosophie de Sartre est un philosophie de la liberté, dont les prémisses reposent sur la fameuse formule : « L'existence précède l'essence ». La conséquence la plus immédiate de ce principe est que « l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait ».

Nous sommes tout entier liberté, libres –dans les limites de notre condition, de notre situation- de nous faire.

Aucune nature humaine, aucun destin ne dicte notre conduite.

La liberté est ici l'absence de norme qui préexisterait à notre action. Or, cette conscience de notre liberté ou de notre totale responsabilité peut provoquer soit l'angoisse qui s'empare de nous face à cette responsabilité, soit toutes les conduites de « mauvaise foi » qui visent à nous dissimuler cette liberté, à nous démettre de nos responsabilités en accusant le destin, les circonstances, ou la pression d'autrui.

C'est pourquoi « nous sommes condamnés à être libres.

» Bien saisir la conception sartrienne de la liberté, de l'angoisse et de la mauvaise foi, présuppose que l'on ait saisi ce que signifiait : « L'existence précède l'essence ». Tout objet fabriqué a d'abord été conçu.

Pour reprendre l'exemple de Sartre, un coupe-papier est un objet fabriqué par un artisan, selon une idée préalable dont il déduit la façon de fabriquer l'objet.

Aucun objet technique n'est produit sans que son utilité n'ait d'abord été définie, sans que sa nature ou son essence (« c'est-à-dire l'ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir ») ne soit posée. Autrement dit, ici, l'essence précède l'existence.

Chaque coupe-papier existant n'est qu'un exemplaire du concept ou de l'essence de coupe-papier. Dans la conception traditionnelle, l'homme est créé par Dieu, il est produit selon une définition de la nature humaine.

Ainsi chaque homme existant n'est qu'une réplique ou une version d'une nature humaine, d'une essence unique, présente dans l'esprit divin.

Sartre conclut que dans cette vision traditionnelle, à laquelle il s'oppose avec vigueur, puisque l'essence précède l'existence : « L'homme des bois, l'homme de la nature, comme le bourgeois sont astreints à la même définition et possèdent les mêmes qualités de base.

». »

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