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Peut-on être juste avec les autres sans les aimer ?

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« Définition des termes du sujet: AMOUR: 1.

Sens courant : sentiment d'affection passionnée d'un être humain pour un autre.

2.

Sentiment de profond attachement (à un idéal moral, philosophique, religieux) impliquant don de soi et renoncement à son propre intérêt (exemple : l'amour de la justice). JUSTE : qui est conforme au droit et à l'égalité des personnes. AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Introduction Nos relations avec les autres hommes sont marquées par différents liens d'affection ou d'amitié.

Nous nous sentons particulièrement engagés à l'égard de ceux que nous aimons le plus.

Mais nous savons aussi qu'une exigence universelle nous est adressée: celle de la justice.

Je n'ai pas le droit de prendre la part d'autrui sous prétexte que je n'ai aucune affection pour lui.

Mais d'où vient une telle exigence ? S'il ne s'agit pas seulement de la contrainte extérieure d'une loi qui me retient de faire du tort à ceux que je n'aime pas, la justice n'implique-t-elle pas une bienveillance fondamentale ? Peut-on être juste avec les autres sans les aimer ? Nous verrons dans un premier temps que l'exigence de justice doit être formulée indépendamment de la question de l'amour ou de l'affection; nous nous demanderons ensuite dans quelle mesure la justice en tant que disposition, vertu, implique une reconnaissance bienveillante d'autrui; et enfin dans quelle mesure la pratique de la justice peut être une pédagogie de l'amour. 1) Nous ne pouvons aimer tout le monde. Hume évoque la justice à travers ses 2 sources: d'une part, nous ne vivons pas dans une situation de surabondance généralisée, la plupart des biens ne sont pas disponibles pour tous, d'où la nécessité de partager et d'élaborer des critères de distribution; d'autre part, notre capacité d'affection pour autrui est limitée.

Nous ne pouvons pas aimer tout le monde et nous n'aimons pas de la même façon tous ceux que nous aimons. 2) c'est pourquoi les lois prescrivent une conduite extérieure indépendante de nos sentiments. Or il est clair que la situation deviendrait rapidement intenable si nous pensions avoir le droit de faire du tort à toute personne que nous n'aimons pas, même s'il s'agit d'une simple indifférence sans hostilité.

Rousseau montre que le contrat social implique un respect inconditionné de la personne et des biens d'autrui; Kant rappelle que l'on ne peut ordonner à quelqu'un d'aimer les autres, et que le droit impose à tous la même conduite en faisant abstraction des sentiments de chacun. 3) C'est ainsi que l'on peut accéder à l'impartialité qui implique l'objectivité. La justice implique en effet l'impartialité et donc une certaine objectivité dans les jugements.

L'amour, l'affection envers autrui supposent au contraire une préférence: si je suis juste, je traite tout le monde de la même façon; si j'aime, je préfère une personne à toutes les autres.

La justice peut conduire à donner plus aux uns qu'aux autres (par exemple en fonction des besoins de chacun) mais toujours d'après des critères rationnels, justifiés.

L'amour en revanche ne se justifie pas, étant en partie passionnel. Conclusion: Pratiquer la justice demeure une obligation, même si nous avons affaire à un individu qui nous est indifférent ou désagréable.

Nous n'avons pas à attendre d'éprouver de la sympathie à son égard pour lui rendre justice. CITATIONS: « L'Amour [...] n'est autre chose qu'une Joie qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) « Je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui, et, à la limite : être, c'est aimer.

» Emmanuel Mounier, Le Personnalisme, 1949. « Celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté l'aime-t-il ? Non, car la petite vérole qui tuera la beauté sans tuer la personne fera qu'il ne l'aimera plus.

Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on moi? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même (...).

On n'aime personne que pour des qualités empruntées.

» Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « Je pourrais posséder toute la connaissance et comprendre tous les secrets, je pourrais avoir toute la foi nécessaire pour déplacer des montagnes, mais si je n'ai pas d'amour, je ne suis rien.

» Saint Paul, Première Épître aux Corinthiens, der s.

apr.

J.-C. La charité : « C'est la foi quand elle a pour objet le semblable.

Et la charité ne se laisse pas défaire par les preuves contraires ; c'est pourquoi elle honore l'humanité dans le fou, l'idiot, le criminel, le malheureux.

» Alain, Définitions, 1953 (posth.) « Qui est appelé à vivre parmi les hommes ne doit repousser d'une manière absolue aucune individualité, du moment qu'elle est déjà déterminée et donnée par la nature, l'individualité fût-elle la plus méchante, la plus pitoyable ou la plus ridicule.

» Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1851.. »

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