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Peut-on être indifférent à autrui ?

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« Définition des termes du sujet: INDIFFÉRENCE (n.

f.) 1.

— Absence d e préférence o u d'intérêt pour quelqu'un ou quelque chose ; état d e neutralité affective ou intellectuelle.

2.

— Liberté d'indifférence : a) Liberté résidant dans le fait que nous ne possédons aucune raison de choisir ceci plutôt que cela (« Cette indifférence que je s e n s lorsque je suis porté [...] par le poids d'aucune raison, est le plus bas degré d e la liberté », DESCARTES), ou simplement que la raison, quand elle existe, n'est pas nécessitante (LEIBNIZ).

b) Pour DESCARTES, désigne parfois la « faculté positive que nous avons de nous déterminer à l'un ou l'autre de deux contraires », de donner notre consentement ou non quand bon nous semble ; indifférence est alors SYN.

de liberté. AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) c o m m e Nom , toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout h o m m e par rapport à m o i , alter e g o : "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce m o i (ego) qui n'est pas m o i (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Être indifférent, c'est objectiver la subjectivité d'autrui, c'est regarder le regard du regardant pour n'en faire qu'une qualité d'objet.

Être indifférent, c'est finalement rechercher s a propre objectivité, celle qu'on n e peut jamais atteindre avec autrui.

L'indifférence est-elle possible ? Est-ce nécessaire pour une reconnaissance de soi, ou au contraire est-ce néfaste quant à soi et aux autres ? L'indifférence estelle le signe d'une exclusion moralement inacceptable ? Avec Hegel (Phénoménologie de l'esprit), autrui apparaît comme essentiel à la constitution même de la conscience de soi.

Selon Hegel, la conscience de soi passe par une autre conscience.

Sartre fera d'autrui dans L'Être et le Néant le "médiateur indispensable entre m o i e t m o i - m ê m e " et du conflit la forme indépassable d e mon rapport à autrui. L'indifférence n'est donc logiquement pas possible, puisque autrui n'est pensable que comme un rapport.

Pour Lévinas (Éthique et infini), autrui est le signe de l'exigence morale, et ne peut donc donner lieu à une indifférence.

L'indifférence ne semble pouvoir être pensée par rapport à autrui, mais uniquement dans un rapport à soi.

Mais si l'on ne peut être indifférent à autrui, ne doit-on pas chercher à amoindrir le pouvoir d'autrui ? Si l'on ne peut être indifférent, doit-on pour autant être sous le joug d'autrui ? INTRODUCTION Une comédie du poète latin Térence, Le bourreau d e soi-même, s'ouvre sur la rencontre d e d e u x « gentilshommes campagnards » profondément différents.

Alors que M é n é d è m e travaille perpétuellement à son champ, sans se préoccuper d e s e s relations avec le voisinage, Chrémès recherche au contraire la première occasion pour lier connaissance.

Il va vers Ménédème, engage la conversation et lui conseille même de se ménager.

Mais l'autre le rabroue : à chacun ses affaires ! Et Chrémès de répondre, pour justifier sa curiosité : « Je suis homme et j'estime que rien de ce qui est humain ne m'est étranger.

» On se demande, il est vrai, si notre premier mouvement, face aux autres hommes, n'est pas celui de Ménédème, le misanthrope bourru.

Les autres ne sont-ils pas bien souvent des importuns, ou pire, des ennemis ? Vivre avec eux ne va pas de soi.

Et pourtant, ils sont omniprésents ; aussi doit-on chercher pourquoi nous sommes apparemment incapables de nous passer d'eux. 1.

On ne peut être indifférent à l'autre Peut-être l'homme est-il poussé vers les autres h o m m e s par son incapacité à survivre seul.

Les nécessités vitales exigent, en effet, l'instauration de liens avec les autres.

Mais ces relations ont-elles pour seule source le besoin ? La présence des autres n'est-elle qu'un mal nécessaire à ma propre conservation ? A - L'impossible autarcie ¦ À la différence des animaux, l'homme semble incapable d'assurer à lui seul la satisfaction de ses besoins.

Comme le souligne Platon, l'homme est dépourvu de protections naturelles contre le froid ou contre les prédateurs.

Pour vivre, il doit user de techniques.

Seulement, les productions les plus élémentaires de l'artisanat supposent une division des tâches et une coopération entre les hommes.

Robinson Crusoë lui-même ne peut survivre seul sur son île que parce qu'il a retrouvé des outils et des armes dans l'épave de son navire.

Robinson ne survit que grâce à la culture, cad grâce aux autres. ¦ L ' h o m m e est incapable de se suffire à lui-même, il n'est pas autarcique.

D'où la nécessité d'entrer en relation avec les autres.

Dans cette perspective, je n e leur suis lié que par l'intérêt : nous avons des besoins similaires, voilà notre seule ressemblance ; nous ne pouvons les satisfaire qu'ensemble, à cela s e bornent n o s relations.

Ici, les h o m m e s ne forment pas u n e communauté, ils entrent simplement en société.

En l'autre, je ne considère que mes propres affaires.

Mon but n'est pas de vivre avec autrui mais de m'allier à un associé. B - Qui se ressemble s'assemble ¦ Néanmoins, l'autre n'est pas seulement l'être avec lequel je suis contraint de coexister.

C'est aussi celui auquel je m'identifie et pour lequel j'éprouve d e l a sym pathie.

Une certaine proximité s'établit alors entre lui et moi.

Mais, comme le fait remarquer Rousseau, la sympathie ne s'adresse pas nécessairement à un être humain, car je peux me sentir proche d'un animal.

Ce que la sympathie vise ce n'est pas autrui proprement dit, mais un proche, quel qu'il soit. ¦ Pourtant, autrui ne se réduit ni à un associé, ni à un proche : Ménédème et Chrémès ne sont liés ni par l'intérêt, ni par une affection spontanée l'un pour l'autre.

Qu'est-ce donc qui les réunit ? Tous deux sont des hommes, ils ont la même nature.

Ils sont liés par une communauté d'essence.

Autrui c'est donc mon semblable, c'est-à-dire tout représentant de l'espèce humaine et c'est sur cette commune nature que se fonde l'humanisme moderne et les droits de l'homme.

Tout homme est mon semblable et il a les mêmes droits que moi (droit à la liberté, à la sécurité...).

Toutefois, l'adage «qui se ressemble s'assemble» ne suffit pas à expliquer pourquoi mes liens avec autrui semblent nécessaires et indissolubles.

Cette parenté n'est-elle pas bien lointaine et surtout bien abstraite pour établir une véritable communauté entre tous les hommes ? C - Sans altérité, pas d'identité ¦ La notion de « semblable » ne doit pourtant pas exclure toute idée de différence entre autrui et moi-même.

Considérer autrui comme un être entièrement identique à soi-même, c'est abolir toute séparation et donc toute altérité.

En réalité, la relation à autrui implique à la fois entre distance et proximité une proximité et une distance : il ne peut y avoir de lien qu'entre deux êtres à la fois distincts et analogues. ¦ Dans cette ambivalence même réside ce qui nous rend la vie avec autrui absolument indispensable.

Comment pourrais-je acquérir sans l'aide d'autrui une idée de moi-même ? Certes, mes réalisations techniques attestent l'effectivité de mon action.

Mais cela ne suffit pas pour se connaître soi-même : pour savoir ce que je suis, j'ai besoin d'un être semblable à moi et qui me reconnaisse comme semblable à lui.

Par comparaison et par rapprochement j'apprend ce que je suis : u n h o m m e .

Inversement, pour savoir qui je suis, j'ai besoin de connaître ce qui me distingue des autres hommes. ¦ Similitude et différence, proximité et distance, voilà ce qui, en autrui, me révèle à moi-mêm e.

La relation à autrui est donc plus qu'un mal nécessaire, elle est constitutive de notre identité.

N'allons pas chercher plus loin la raison pour laquelle nous ne pouvons pas vivre sans autrui : il est la condition nécessaire à l'instauration d'une existence véritablement humaine.. »

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