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Peut-on être esclave de soi-même ?

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« Que veut-on dire quand on dit qu'on est "l'esclave de soi-même", ou encore qu'il faut "être soi-même" ? Peut-on penser l'homme, ou la conscience, divisé en deux, entre ce qu'il est, esclave, et ce qu'il doit être (le "soi-même" étant alors une exigence ou une norme) ? Autrement dit, une partie de soi peutelle être maîtresse d'une autre dite "esclave" ? Il s'agit là du même problème que celui du mensonge à soi-même.

N'est-il pas, en effet, contradictoire de penser une conscience dupe d'elle-même ? Comment se masquer à soi-même la vérité ? Si je suis mon propre esclave, c'est que je ne suis pas complètement, pas unitairement, "moi".

Si je peux m'aliéner moi-même, si mon "moi" est fissuré de l'intérieur, c'est donc que j'ai un être, une essence, qui définit ce que j'ai à être, que mon existence doit atteindre et remplir.

L'unité et l'unicité de mon être est donc une tâche à effectuer, bien plus un devoir à remplir.

J'aurais ainsi un être que je ne serais pas d'emblée, et l'essence précèderait l'existence.

Référence utile : L'existentialisme est un humanisme de Sartre, le "Deviens ce que tu es" de Nietzsche. • Premier niveau : On cherchera d'abord une situation dans lequel il peut arriver qu'on soit esclave de soi-même: la passion est sans doute l'exemple le plus classique et le plus paradigmatique.

On se demandera alors si cette «éventualité» correspond à une possibilité réelle : si l'homme est libre, comment peut-il s'aliéner lui-même? On verra bien vite que l'esclavage-aliénation de la passion est dépendance à l'égard de l'objet de la passion, donc d'autre chose que soi.

Mais on verra aussi que, si l'on cède à la passion, alors qu'on est en principe libre de disposer de soi, c'est qu'on est en quelque sorte capable de s'aliéner soi-même.

Mais s'agit-il d'un esclavage? Etre son propre esclave signifie qu'on reste, au moins virtuellement, son propre maître, qu'on a pourvoir sur ce soi-esclave de sa passion.

Etc.

La question posée est d'abord une question ou un problème de possibilité. • Deuxième niveau : la possibilité morale, ou le droit.

En d'autres termes : «Peut-on ?» = « A-t-on le droit de ?». En effet, ce que je fais n'engage pas que moi mais engage aussi l'homme, donc tout homme possible ou, comme le dit Sartre, «l'humanité tout entière» : ce que je fais, je le fais conscient de le faire, donc, si je le fais, c'est que je le (sup-)pose bien ou bon à faire; que je le veuille ou non, mon acte se propose comme exemple, comme modèle d'être.

Être esclave de soi-même, c'est alors présenter l'auto-aliénation (l'abandon de soi aux passions, par exemple) comme modèle de conduite, comme exemple à suivre.

D'ailleurs, le passionné ne se fait pas faute de se justifier aux yeux des autres («je n'y peux rien», «c'est plus fort que moi», «je ne l'ai pas fais exprès» etc.) : s'il se justifie, c'est qu'il se pense comme coupable.

Si l'auto-aliénation du sujet dans la passion est une conduite coupable, alors je n'ai pas le droit de présenter de moi-même l'image d'un être-esclave-de-soi.

A supposer que je puisse (1er niveau) être esclave de moi-même, il reste que je n'ai pas le droit de l'être.

La morale le défend.

Car, si je n'ai pas le droit de l'être, c'est que j'ai ou que j'avais la possibilité de ne pas l'être, qu'il ne dépend ou ne dépendait que de moi de ne pas céder à ce qui m'aliène ou me tyrannise. Un esclave est une personne placée sous la dépendance absolue d'un maître.

Cette dépendance implique l'abdication de son libre arbitre au profit d'autrui, c'est-à-dire, le renoncement à sa faculté de se déterminer librement et d'agir sous la conduite de sa seule volonté. A première vue, la question « peut-on être l'esclave de soi même ? » ne saurait être que surprenante.

Il semble en effet qu'elle implique une contradiction dans les termes : si être esclave, c'est être sous la dépendance absolue d'un maître comme nous venons de le préciser, alors on ne saurait être l'esclave que d'autrui, d'un autre que soi même. Pourtant, des exemples littéraires ou empruntés à la réalité peuvent nous fournir des exemples d'hommes esclaves d'eux-mêmes, c'est-à-dire, choisissant de s'asservir eux-mêmes à la toute puissance prétendue de leurs passions ou de leur volonté. Enfin, une fois que nous aurons déterminé si l'homme est capable d'être l'esclave de lui-même, nous pourrons nous demander s'il a également le pouvoir de se libérer de sa propre emprise, et de choisir la liberté contre l'asservissement qu'il s'impose à lui-même. I. Etre l'esclave de soi même : un paradoxe parfait L'esclavage : une soumission à autrui ?. »

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