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PEUT-ON ÉCHAPPER AUX ILLUSIONS DE LA PERCEPTION ?

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« Discussion : Le sujet se présente comme une aporie : en effet, notre rapport au monde n'est constitué que par ce que nos sens nous transmettent comme informations, si nous ne pouvons nous fier au rapport de nos sens nous sommes enfermés dans une subjectivité indépassable.

Par ailleurs, l'illusion n'est-elle même qu'une perception, en quoi ne serait-elle pas plus conforme au réel que ce que nous apprenons par la perception ordinaire ? Première partie : la subjectivité de la perception. Tout d'abord il faudrait faire référence à Platon qui dénigre ce sens qu'est la perception.

Il le présente comme étant le sens le plus futile et surtout le moins fiable.

Il s'emploie à montrer que la perception est facilement trompée par un élément extérieur.

Pour illustrer son explication, il donne l'exemple très connu d'un peintre qui a reproduit une grappe de raisin et qui s'aperçoit que les oiseaux viennent picorer sa toile croyant que ce sont de véritables fruits.

Ainsi, souligne t-il le fait que la perception n'est pas une science exacte, c'est-à-dire qu'elle laisse une part à l'interprétation de chacun. La perception nous permet de préciser le débat entre objectivisme et subjectivisme : on a longtemps considéré que les organes des sens étaient comme des ouvertures vers le monde extérieur ; autrement dit, que l'oeil enregistre comme s' était une caméra, l'oreille un micro, etc. Dans cette conception, la perception de deux individus supposés situés de la même façon dans un même lieu, est identique.

Or, la recherche contemporaine disqualifie très largement cet énoncé.

Le même événement physique peut donner des sensations différentes, voire très divergentes ; ceci pour la vue, mais aussi pour le goût et de manière extrême pour l'ouïe.

Bien sûr et depuis longtemps on admet que la perception comporte déjà une interprétation dans laquelle le langage a sa part.

Nous savons en outre que la sensation elle-même est un processus actif : qu'elle cherche ce qui peut intéresser le sujet.

"Nous avons une infinité de petites perceptions et que nous ne saurions distinguer : un grand bruit étourdissant, comme par exemple le murmure de tout un peuple assemblé, est composé de tous les petits murmures de personnes particulières qu'on ne remarquerait pas à part mais dont on a pourtant un sentiment, autremen on ne sentirait point le tout." Leibniz, Considérations sur la doctrine d'un esprit universel, 1702 . Leibniz dans l'Essai sur l'entendement humain lorsqu'il évoque les petites perceptions.

Il montre ainsi que notre perception consciente est composée d'une infinité de petites perceptions.

Notre appétit conscient est composé d'une infinité de petits appétits.

Qu'est-ce qu'il veut dire quand il dit que notre perception consciente est composée d'une infinité de petites perceptions, exactement comme la perception du bruit de la mer est composée de la perception de toutes les gouttes d'eau ? Les passages du conscient à l'inconscient et de l'inconscient au conscient renvoient à un inconscient différentiel et pas à un inconscient d'opposition.

Or, c'est complètement différent de concevoir un inconscient qui exprime des différentiels de la conscience ou de concevoir un inconscient qui exprime une force qui s'oppose à la conscience et qui entre en conflit avec elle.

En d'autres termes, chez Leibniz, il y a un rapport entre la conscience et l'inconscient, un rapport de différence à différences évanouissantes, chez Freud il y a un rapport d'opposition de forces. "D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parc que les impressions sont ou trop petites ou en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage.

C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d'un moulin ou à une chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.

Ce n'est pas que ce mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme qui y réponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme et dans le corps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notre mémoire, attachées à des objets plus occupants.

Car toute attention demande de la mémoire, et souvent quand nous ne sommes plus admonesté pour ainsi dire et avertis de prendre garde, à quelques-unes de nos propres perceptions présentes, nous les laissons passer sans réflexion et même sans être remarquées ; mais si quelqu'un nous en avertit incontinent après et nous fait remarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nous nous en souvenons et nous nous apercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).

Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frapp. »

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