Peut-on distinguer de vrais et de faux besoin ?
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«
Problématique:
Si les besoins naturels sont dits vrais, et les besoins artificiels faux, c'est que l'on présuppose que l'homme
"vrai" est l'homme naturel.
Tous les artifices qu'il s'ajoute (et d'abord, les produits qu'il fabrique), et tous les
besoins qu'il se crée, seraient en quelque sorte contre nature.
Notre problématique consiste à interroger ce
présupposé.
Qui nous dit en effet que la véritable nature de l'homme n'est pas au contraire sa faculté de
produire un monde d'objets pour sa consommation et son plaisir, et de créer ainsi des besoins nouveaux ?
Peut-on encore distinguer de vrais et de faux besoins, si l'homme se définit avant tout par son travail, et par
conséquent sa capacité de transformer le monde et de transformer lui-même?
La critique de la société de consommation a mis à l'ordre du jour la dénonciation des "faux besoins",
artificiellement créés.
Mais si l'on entend par "faux besoin" le besoin de ce dont on n'a en fait pas besoin, il y a
là un paradoxe.
Un "faux besoin": n'est-ce pas là une contradiction dans les termes ?
La difficulté tient au fait que le "faux besoin" est vécu subjectivement comme une authentique nécessité.
La
première question est donc la suivante: peut-on identifier besoin et désir ? La conscience d'un besoin est-elle
toujours le signe d'un besoin réel ?
Mais il faut aussi prendre la mesure de l'extrême difficulté qu'il y a à définir des besoins pour l'homme, dans
l'absolu.
appliquée à l'homme, la notion de besoin doit être envisagée sous un point de vue historique et social.
[Plus les sociétés humaines se sont développées,
plus elles ont engendré de nouveaux besoins.
Ces besoins,
qui ne possèdent pas le caractère de la nécessité,
peuvent être qualifiés de faux besoins.]
Il existe des besoins fondamentaux
Épicure distingue les vrais besoins des faux.
Pour lui,le plaisir ou la
satisfaction du désir est un bien.
Mais s'il affirme que l'homme doit
s'employer à rechercher le plaisir pour être heureux, il ne doit pas en
faire la visée ultime ou le but de toutes ses actions.
Le plaisir ne doit
pas être recherché pour lui-même, mais seulement pour éviter la
souffrance et avoir la paix de l'âme.
Le bonheur n'est pas le fruit de la
luxure : « Ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles, les
jouissances des jeunes garçons et des femmes, les poissons et autres
mets qu'offrent une table de luxueuse qui engendrent une vie heureuse,
mais la raison vigilante qui recherche minutieusement les motifs de ce
qu'il faut choisir et de ce qu'il faut éviter et qui rejette les vaines
opinions, grâce auxquelles le plus grande trouble s'empare des âmes »
(« Lettre à Ménécée »).
Aussi Épicure distingue-t-il :
• Les désirs naturels et nécessaires au bien-être du corps et de l'âme,
qui s'appliquent aux objets susceptibles de supprimer la douleur, tels la
boisson qui étanche la soif ou la pain qui calme la faim.
• Les désirs naturels et non nécessaires.
Les objets de ces derniers
sont, par exemple, les mets délicats qui permettent de varier le plaisir.
Ces désirs ne sont naturels que pour autant qu'ils ne se transforment
pas en débauche.
Ainsi, le désir sexuel est naturel à condition qu'il ne devienne pas « un appétit violent des
plaisirs sexuels assorti de fureur et de tourment ».
• Les désirs ni naturels ni nécessaires qu'il faut refouler si l'on veut connaître la sérénité (désirs de gloire, de
richesse, d'immortalité, ambition...).
Ces désirs sont de « vaines opinions » qui trouvent leur origine dans la
crainte de la mort, notamment.
Épicure nous invite donc à mettre fin à tous les plaisirs non naturels et non nécessaires qui occasionnent le
plus souvent des désagréments, des frustrations, qui freinent l'accès à l'ataraxie (absence de trouble ou de
douleur).
Le développement de la société a engendré de nouveaux besoins
Dans son célèbre Discours sur les sciences et les arts, Rousseau soutient la thèse suivante: le développement
de la société, auquel s'attache le développement des connaissances et des techniques, a contribué à la.
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