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Peut-on dire: "La vie n'est pas belle, les images de la vie sont belles" ?

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« [La vie est une continuelle souffrance.

Seule la contemplation esthétique nous soulage de la misère du monde.

L'homme qui a pris pleinement conscience de son existence s'aperçoit qu'il est né pour combattre, souffrir et mourir.

L'art, parce qu'il est totalement désintéressé, est une source d'apaisement.] Schopenhauer, ce philosophe du milieu du XIX ième est rigoureusement athée.

Il en tire les conséquences radicales : si Dieu n'existe pas, la vie est absurde ; en effet, nous vivons, nous souffrons, nous faisons des efforts, tout cela pour finir par mourir, cad pour rien.

Aucun paradis, aucune récompense ne nous attend.

De plus, la vie est essentiellement faite de souffrance.

Si nous examinons lucidement notre expérience de la vie, sans la brouiller de faux espoirs, et que nous faisons le compte des biens et des maux, nous découvrons que la somme totale des souffrances est très supérieure à la somme des plaisirs éprouvés dans une vie.

Donc la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.

Tout ce qu'il nous reste à faire, c'est échapper à la souffrance en tuant en nous le désir de vivre... Les illusions de la conscience réalisent la volonté de la nature (pessimisme et nihilisme de Schopenhauer). Notre nature est animée d'une tendance et d'une prétention à connaître et à vouloir plus que nous ne pouvons.

Chacun selon son « naturel », mélancolique et sanguin, produit les illusions dont il a besoin. Mais ce besoin, nous n'en avons pas conscience.

Nous voulons ce à quoi nous croyons, mais nous ne croyons pas ce que nous voulons ; nous ne commandons pas à nos illusions.

Qui donc veut l'illusion ? Quelle est cette nature qui me fait obéir aux passions et me fait vivre en dupe ? C'est que l'illusion seule fait vivre, et « la connaissance de soi se paie toujours trop cher » (Cioran).

L'homme a besoin de raisons de vivre, et la raison seule ne nous en donne pas.

Or la Nature n'a d'autre sens que sa perpétuation, ce qui se traduit chez les espèces animales par le mécanisme de la reproduction.

Belle raison de vivre pour la belle âme humaine ! Si l'on savait la vérité, l'espèce humaine s'éteindrait en peu de temps.

La volonté de la Nature est donc que l'individu soit la due de l'espèce.

D'où les illusions : le noble sentiment amoureux n'est qu'une ruse de l'instinct de reproduction, selon Schopenhauer : « Ainsi chaque amant se trouve-t-il leurré après l'achèvement du grand-oeuvre, car le mirage a disparu, qui faisait de l'individu la dupe de l'espèce.

» La recherche du bonheur est l'illusion suprême qui résume toutes les autres : l'individu s'imagine être une fin en soi, alors qu'il n'est qu'un moyen de l'espèce.

Et le même auteur d'ajouter : « Il n'y a qu'une erreur innée : celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux.

» Toute notre activité est soumise à cette illusion et, à travers elle, à cette volonté rusée qui anime souterrainement notre vie consciente.

Connaître la vérité condamne à se retirer de la vie et à s'installer en spectateur de la vie.

Si je connais, je cesse d'agir et regarde impassiblement le train du monde continuer à rouler sous mes yeux vides d'intérêt : c'est la pure représentation, l'attitude du philosophe ou de l'artiste, de celui qui a vidé la vie de son contenu pour n'en conserver que la belle forme. L'art ne vise que le beau.

C'est en ce sens qu'il échappe aux misères qu'endurent les individus soumis au «vouloir-vivre».

Deux attitude fondamentales qui transparaissent dans le titre du maître livre de Schopenhauer : « Le monde comme volonté et comme représentation » : l'illusion et la vie d'une part, la vérité et la contemplation de l'autre ; l'acteur (volonté) ou le spectateur (représentation). Seules les images de la vie sont sublimes L'amour vécu au quotidien est terni par mille soucis familiaux ou professionnels, mille contingences matérielles. L'image qu'en donnent le poète, le tragédien, en revanche, est pure, c'est-à-dire qu'elle échappe à tout ce qui rend notre existence si médiocre et douloureuse.

On ne peut pas imaginer Roméo et Juliette se demandant comment faire pour payer une facture, régler un loyer, ou encore, au cinéma, les acteurs n'attendent jamais le taxi ! Aristote dira que l'art offre une forme épurée de l'existence. la poésie ne s'en tient pas à la réalité, mais en produit, grâce à la fiction, une intelligence.

Elle ne traite pas du particulier, du contingent, mais du général.

« Le général, c'est le type de chose qu'un certain type d'homme fait ou dit vraisemblablement.

» L'intrigue proposée par le poète n'est pas un pur caprice imaginatif, ni un simple récit des faits : c'est une. »

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