Peut-on dire, avec Bachelard, que l'homme est une création du désir ?
Extrait du document
«
Vous pouvez partir ici de l'idée que l'homme est d'abord une créature de besoins : montrez que comme tous les
animaux, il est marqué par la nécessité naturelle au sens les conditions de sa survie ne dépendent pas de lui.
Cependant contrairement aux autres espèces animales, l'homme ne limite pas son existence à la simple satisfaction
des besoins, puisque comme le dit Bachelard il est création du désir.
Demandez-vous d'abord en quoi le désir se
distingue du besoin en remarquant par exemple que si les besoins sont propres à l'espèce (nous avons tous les
mêmes), les désirs eux sont toujours subjectifs.
Montrez alors que l'homme est "création du désir" dans la mesure où
il ne devient pleinement lui- même (à la fois homme et sujet individuel) que dans la poursuite et la satisfaction de
ses désirs.
[Le désir se manifeste à chaque instant de notre vie: dans nos amours, nos rêves, et jusque dans nos
lapsus.
Nous avons des besoins physiologiques - nous nourrir, dormir, etc.
Cependant, ce sont nos désirs
- qui ne sont pourtant pas des besoins physiologiques - qui occupent la première place dans notre vie.]
Bachelard s'interroge sur le moteur de notre existence
Quel est le moteur de notre existence? Qu'est-ce qui nous pousse à
agir? Bachelard répond par cette formule, tirée de La Psychanalyse du
feu: «L'homme est une création du désir, non pas une création du
besoin.» Pour lui, c'est le désir qui fait de nous des êtres agissants.
Le désir est l'essence de
l'homme
Pour Spinoza, « le désir est
l'essence même de l'homme, en
tant qu'elle est conçue comme
déterminée, par une quelconque
affection d'elle-même, à faire
quelque chose ».
Le désir est le
terme générique englobant tous
« les efforts, impulsions, appétits
et volitions de l'homme ».
Il
constitue l'essence de l'homme
parce qu'il est le mouvement
même par lequel ce dernier
s'efforce de persévérer dans son
être.
Chacun désire ce qu'il juge utile à la conservation de son être et
susceptible d'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui lui semble
bon, ce qu'il aime.
En revanche, il désirera éviter ou détruire ce qui lui
paraît faire obstacle au maintien de son être ou entraîner son
amoindrissement.
Ainsi « chacun désire ou tient en aversion
nécessairement par les lois de sa nature ce qu'il juge être bon ou mauvais ».
Le désir est donc une disposition
naturelle, et tout désir est en soi légitime.
Cependant ce que l'homme désire parce qu'il le juge comme lui
étant utile n'est pas nécessairement ce qui lui est vraiment utile.
C'est que communément « chacun juge
selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui est mauvais », non selon sa droite raison.
Or le sentiment,
en tant que passion de l'âme, est une « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée et confuse, et qui est donc
cause d'erreur et de fausseté.
C'est pourquoi les hommes, en croyant observer leur intérêt, désirent souvent
comme utile ce qui leur est en fait nuisible.
Le désir gouverne nos actes les plus anodins comme les rêves
«Le rêve montre que ce qui est réprimé persiste et subsiste chez l'homme normal aussi et reste capable de
rendement psychique.
Le rêve est une manifestation de ce matériel, il l'est théoriquement toujours, il l'est
pratiquement dans un grand nombre de cas, et ceux-ci mettent précisément en pleine lumière son mécanisme
propre.
Tout ce qui est réprimé dans notre esprit, qui n'a pu, pendant la veille, réussir à s'exprimer, parce que
ce qu'il y a de contradictoire en lui s'oppose, ce qui a été coupé de la perception interne, tout cela trouve
pendant la nuit, alors que les compromis règnent, le moyen et le chemin pour pénétrer de force dans la
conscience».
(L'Interprétation des rêves, 1901.)
Les rêves ne sont ni des messages divins, ni des images dénuées de sens.
Ils ont du sens, mais ce sens est
crypté.
Freud distingue ainsi le contenu manifeste (celui dont on se souvient au réveil) et le contenu latent.
Cela tient à leur nature qui est d'exprimer ce qui a été réprimé pendant la veille.
L'exemple classique est celui
de l'enfant privé de dessert, qui rêve pendant la nuit qu'il mange son dessert.
Dans ce cas, le sens est clair,.
»
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