Peut-on dire: A quelque chose malheur est bon ?
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Introduction : Ne paraît-il pas surprenant ici d'unir les deux termes de « malheur » et de bon » en une formule ? La
simple étymologie ou même la logique suffirait à rapprocher le malheur du mal, et à l'inverse, d'unir les termes de
bon, de bien, avec le…bonheur.
Il peut donc paraître assez stupéfiant de dire que le malheur est bon à quelque
chose.
Cela reviendrait à dire que le mal est utile… De plus, il peut également paraître déconcertant que l'on parle ici
de « chose ».
En effet, il se peut qu'une chose soit bien faite ou mal faite, mais que pourrait bien signifier…le
malheur d'une chose ? Pour qu'il y ait malheur, il faut bien qu'il y ait une conscience ou un être qui ait conscience du
mal , qui le reconnaisse, et qui s'en afflige lorsqu'il en est atteint.
Ce serait donc l'homme et sa condition qui
seraient ici implicitement visé par la question posée.
Nous pouvons en effet parler de malheur lorsque nous nous
souvenons de moments désagréables par exemple, ou alors quand nos projets ont été accidentellement bouleversés
par un imprévu.
Pire encore, notre propre recherche d'une chose que nous croyons être ce qui nous conférera le
bonheur peut également nous attirer le malheur.
Nous serions alors illusionné par une image du bonheur que nous
imaginerions atteindre et nous trouver entièrement déçu une fois cette chose obtenue.
Dès lors, en quoi le malheur
pourrait-il bien nous être utile ? Nous devons d'abord établir qu'il réside au sein même de notre existence temporelle,
finie et consciente de sa finitude.
Nous pourrons alors montrer que cette conscience purement théorique de notre
condition ne révèle sa profondeur que dans l'adversité et les difficultés.
Il sera ainsi nécessaire de conclure que
nous ne prenons conscience théoriquement (par la pensée) et pratiquement (par l'existence) de nous-mêmes que
lorsque nous donnons du sens à cette volonté d'échapper au malheur.
I/ La recherche du bonheur témoigne de la fuite devant le malheur
Qui peut bien affirmer rechercher son propre malheur ? Certes, parfois nous recherchons quelque chose et
cela nous rend malheureux.
Mais dans tous les cas, nous cherchons à éviter le malheur, à ne pas en être victimes.
Il
y a bien , par exemple, des personnes qui ont gagné au loto et qui se sont vus abandonnés de leur vrais amis ou ont
commis d'immenses erreurs dans leurs dépenses faute de savoir quoi faire de tout cet argent.
Cependant il ne s'agit
là que d'une erreur, d'une illusion.
Nous ne pouvons pas dire que ces personnes ont recherché leur malheur, mais
bien plutôt qu'elles ont cru qu'un tel pouvoir les rendrait heureuses, même si cela n'a pas été le cas.
Nous pouvons
ainsi dire que tout homme recherche le bonheur, justement pour échapper au malheur.
A quoi ce malheur est-il du ?
Nous pouvons ici suivre ce que Pascal, dans ses Pensées, nous dit de la
condition humaine : « Nous ne nous tenons jamais au temps présent.
Nous
anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou
nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt (…) C'est que le
présent d'ordinaire nous blesse.
Nous le cachons à notre vue, parce qu'il nous
afflige ; et s'il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper.
(…) Le
présent n'est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le
seul avenir est notre fin.
Ainsi, nous ne vivons jamais, mais nous espérons de
vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous
ne le soyons jamais.
» Le fait d'être soumis au temps est en fait ce qui fait
notre malheur.
Le bonheur comme un état de félicité pur et continue, état
auquel nous aspirons d'accéder sous une forme ou sous une autre, est ce qui
nous est nécessaire pour pouvoir fuir un malheur qui nous réduit à néant.
Le
malheur n'est donc bon à rien, d'autant plus que nous y sommes condamnés,
et que nous le fuyons désespérément dans tous les divertissements possibles.
II/ Le malheur nous permet de réaliser que le bonheur n'est
pas un concept universalisable.
Toutefois, ne dit-on pas que c'est dans les situations de détresse,
lorsqu'il est éprouvé, que l'homme révèle sa vraie nature et sa puissance ? Il
est vrai que l'on peut voir à quoi tiennent une amitié ou des liens de parenté
par exemple, lorsque l'on a véritablement besoin de ses amis ou de ses proches.
Les situations difficiles se
présentent ainsi comme des épreuves qui nous permettent de relativiser ce qu'au quotidien nous tenons pour des
certitudes établies.
C'est dans ces moments les plus difficiles, également, que nous pouvons constater les illusions
que nous pouvons nous faire sur la représentation du bonheur.
En effet, la richesse, la connaissance, une longue vie
ou la santé même ne sont jamais que des représentations personnelles du bonheur, dont nous ne savons rien.
Les
illusions, dont nous parlions auparavant sont dissipées lorsque un malheur se produit..
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