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Peut-on démontrer qu'une oeuvre d'art est belle?

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« Résultant du travail ou de l'activité artistique, l'oeuvre d'art doit être distinguée du simple produit.

Déjà Hegel en soulignait la dimension spirituelle, et la façon dont l'esprit s'y révèle à lui-même par le biais de son inscription dans le sensible.

Ainsi, ce qui est vrai de toute invention technique se confirme pleinement dans l'invention de l'oeuvre d'art, qui est par définition « manifestation sensible de l'idée ». La facilité avec laquelle la beauté peut être reconnue, indépendamment des oeuvres d'art, à des choses ou des personnes spontanément qualifiées de « belles » sans même qu'elles présentent forcément un intérêt esthétique laisse présager de la difficulté rencontrée lorsque la philosophie entreprend de définir le beau de façon normative.

On peut, en effet, soit reconnaître un caractère de beauté aux choses de la nature aussi bien qu'à celles produites par l'homme, soit réserver le concept de beau exclusivement à celles-ci.

De part et d'autre, on peut s'accorder pour admettre que le beau correspond à ce qui suscite chez l'homme une satisfaction spécifique mais dans le deuxième cas, il faut se demander si tous le objets artistique produits par l'ensemble des cultures humaines à travers leur histoire peuvent répondre à des normes universelles. L'oeuvre et l'idéal : Dans la Critique de la faculté de juger Kant propose une définition classique de l'oeuvre d'art, à partir de l'activité créatrice qui le manifeste.

L'art est humain et non pas un produit de la Nature.

Si la Nature produit des effets, elle ne crée pas des oeuvres.

L'oeuvre d'art suppose une liberté créatrice qui excède la fécondité naturelle.

L'artiste crée en vertu d'un libre-arbitre, qui n'est pas la nécessité naturelle.

Or, à ce libre-arbitre proprement humain est attaché l'usage de la raison et la capacité de donner une forme rationnelle à une création.

Ainsi, pour Kant, « on se plaît à nommer une oeuvre d'art le produit des abeilles (les gâteaux de cire régulièrement construits) mais ce n'est qu'en raison d'une analogie avec l'art, en effet dès que l'on songe que les abeilles ne fondent leur travail sur aucune réflexion proprement rationnelle, on déclare aussitôt qu'il s'agit d'un produit de leur nature (de l'instinct), et c'est seulement à leur créateur qu'on l'attribue en tant qu'art ».

L'abeille produit une structure très bien faite, mais elle ne fait pas par réflexion, elle fait sans penser ce qu'elle fait et elle ne peut pas faire autre chose, car il est tout simplement dans sa nature de produire les éléments de la ruche.

C'est donc seulement dit Kant par analogie que nous verrons dans les ouvrages naturels de l'animal de l'art, parce que nous ne pouvons pas nous empêcher de les penser à l'image des créations humaines.

Pourtant, nous n'allons pas nommer oeuvre d'art n'importe quelle production humaine.

Il faut distinguer l'invention technique, de la création artistique et réserver le terme d'oeuvre d'art à ce qui ne procède pas seulement d'une visée purement technique. Il en résulte que, dans un monde tel que le nôtre, régit par la techno science, nous avons naturellement tendance à situer l'oeuvre d'art sur des hauteurs éminentes, à donner à l'oeuvre une majesté dont les objets techniques sont dépourvus.

Mettre l'oeuvre d'art sur un piédestal, c'est donc l'idéaliser.

Pour comprendre ce point, se référer à l'Esthétique de Hegel, p.

31.

Nous avons idéalisé l'oeuvre d'art en la situant dans un monde à part, loin des objets quelconques qui nous entourent, en trouvant en elle une manifestation de l'esprit.

C'est exactement ce que veut montrer Hegel dans son Esthétique : « le côté sensible de l'oeuvre d'art n'existe et ne doit exister que pour l'esprit ».

Hegel prolonge l'opposition déjà présente dans le texte de Kant, entre la Nature et l'art.

« L'oeuvre d'art ne peut-être un produit naturel, ne peut-être animée d'une vie naturelle ».

Le monde de l'art, c'est le monde de l'esprit, le monde où l'esprit vient à se manifester en-soi et pour-soi, tandis que le monde naturel n'existe qu'en soi.

Le monde naturel, c'est le monde des objets, or un objet ne sert qu'à une pure et simple consommation. Le Beau est l'idéal dont participe toute oeuvre d'art, et qui la définit comme une oeuvre.

C'est là un langage que nous devons à Platon.

Dans le Banquet¸Platon en effet montre que la Beauté, dans son essence, est ce qui rend toutes choses belles à divers degrés, que ce soit dans la Nature ou dans l'art humain.

Une chose : une belle marmite, un beau couteau, un être vivant, le beau cheval, une belle femme ; est belle pour l'harmonie qui est présente en elle ; et quand cette harmonie atteint une perfection mathématique, alors la beauté semble comme descendre sur terre, descendre dans la chose et la rendre belle.

La Beauté absolue, vient toucher de son aile divine, une réalité mortelle et lui conférer le charme qui fait naître le désir.

Ainsi du coup de foudre qui fait qu'un visage semble rayonner une Beauté surnaturelle, de cet éblouissement, qui fait qu'un être qui était avant quelconque, s'illumine d'une clarté divine.

Ce qui est au début de l'amour est aussi présent à son sommet.

Au sommet de l'Amour réside la compréhension de la Beauté, car la Beauté est ce que l'Amour découvre, quand il s'est dégagé de ses limites sensuelles, quand il s'est purifié de ce qui l'alourdit et la limite. Au sommet de la dialectique ascendante de l'Amour, il y a la révélation de la Beauté dans son essence pure et absolue : « Une réalité qui n'est pas soumise au changement, qui ne naît ni ne périt, qui ne croît ni ne décroît, une réalité qui n'est pas belle par un côté et laide par un autre, belle sous un certain rapport et laide sous un autre, belle ici et laide ailleurs, belle pour certains et laide pour d'autres.

Et cette beauté ne lui apparaîtra pas. »

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